Sénégal-Togo (2-0) : une victoire et des questions

Sénégal-Togo (2-0) : une victoire et des questions

Gêné par un bloc togolais très compact en première période, le Sénégal s’est imposé au forcing, grâce à Sadio Mané et le premier but en sélection de Abdou Diallo. Cette victoire permet aux ‘‘Lions’’ de bien démarrer le deuxième tour des qualifications à la Coupe du monde 2022, avant leur prochain match contre le Congo, mardi, à Brazzaville.

Un pas de plus sur la route du Qatar. Considéré comme le grand favori du Groupe H, le Sénégal a fait honneur à son statut, en s’imposant face au Togo (2-0), hier, au stade Lat Dior de Thiès, pour son premier match dans le deuxième tour des qualifications pour la Coupe du monde 2022. En patron de l’attaque, Sadio Mané a inscrit le premier but de l’Équipe nationale au terme d’une action qu’il avait initiée. Au milieu d’une forêt de jambes togolaises, il a sollicité un une-deux avec Boulaye Dia, avant de marquer d’un extérieur du droit (1-0, 56e). Libérés par cette ouverture du score, les ‘‘Lions’’ ont validé ce succès grâce à Abdou Diallo. Sur un corner exécuté par Moutarou Baldé, le défenseur du Paris Saint-Germain a profité d’une remise de la tête de Habib Diallo et fusillé le portier des Éperviers, Barcola Malcom, d’une reprise puissante dans la lucarne (2-0, 81e).

Sadio en patron, premier but en sélection de Abdou Diallo
Toutefois, en dépit du résultat, le Sénégal n’a pas rendu une copie propre. Sans génie et en manque de créativité, l’équipe de Aliou Cissé a longtemps buté sur le bloc togolais. Perdus dans le système (4-2-3-1), les ‘‘Lions’’ ont réalisé une première période insipide, à l’image du rendement de Pape Matar Sarr (voir ailleurs). Trop esseulé, Boulaye Dia s’est créé la seule véritable occasion du Sénégal sur les quarante-cinq premières minutes. Bien lancé dans la profondeur, l’attaquant de Villarréal a buté sur le gardien togolais. A l’affût, l’ailier de Liverpool a hérité du cuir, mais son tir est passé légèrement au-dessus du cadre des Éperviers. Avec plus d’efficacité, le score aurait pu être plus flatteur pour les ‘‘Lions’’, mais Ismaïla Sarr (64e) et Habib Diallo (85e) se sont heurtés au gardien. Dans la foulée de l’action de l’attaquant de Strasbourg, Abdallah Sima a aussi manqué le cadre. Mais sans conséquence.

Avec cette victoire, le Sénégal assure l’essentiel et prend la tête du groupe, en attendant le match Namibie – Congo de ce jeudi. L’Équipe nationale se déplace samedi à Brazzaville pour affronter mardi (7 septembre) les Diables Rouges lors de la deuxième journée de ces qualifications pour le Mondial 2022.

CHEIKH TIDIANE BITEYE, ANCIEN COACH DE LA JEANNE D’ARC : «Il y a des failles qui méritent d’être corrigées»

L’ancien entraîneur de la Jeanne d’arc de Dakar, Cheikh Tidiane Biteye, décèle des «failles» que le Sénégal doit «corriger», s’il veut remporter la CAN.

LE MATCH : «Nous avons vu une équipe du Sénégal à deux visages. Nous pensons être sur la continuité des deux matches précédents contre la Zambie et le Cap-Vert, où il y avait eu une bonne production. Malheureusement, en première période, nous avons vu une équipe du Sénégal qui n’était pas à la hauteur de nos attentes. Heureusement que le discours est bien passé à la mi-temps. Nous avons vu un petit changement dans la seconde période avec des buts. L’enjeu était de gagner et les joueurs ont fait l’essentiel. Mais il va falloir tirer tous les enseignements. On peut concéder cela par rapport aux difficultés liées à la programmation des matches, parce que jouer en Europe le samedi et le dimanche, voyager le lundi avec un groupe dispersé qui n’a pas eu la chance de s’entraîner de manière collective, cela peut se comprendre. Néanmoins, ce n’est pas une excuse par rapport à la production. Dans l’ensemble, tout le monde sait que c’était difficile, mais on peut voir comment faire pour augmenter le volume au prochain match contre le Congo. Ce ne sera pas facile. Mais quand on est leader dans un groupe et que tout le monde dit que vous êtes favori, il faut le prouver sur le terrain. J’ai toujours dit que la qualité sur le papier ne suffit pas. Il faut que dans la pratique, sur le terrain, on puisse justifier ce statut de favori. C’est ce qui reste à l’équipe nationale du Sénégal. Même si tout le monde sait que le Sénégal est une grande équipe, il y a toujours des failles qui méritent d’être corrigées. Si nous voulons être champions d’Afrique, il va falloir corriger cela.»

CE QU’IL FAUT AMELIORER : «Dans les couloirs, il n’y a pas une garantie, une stabilité totale. Nous avons d’énormes problèmes dans ce sens. Par rapport au milieu également, il n’y a pas une fluidité, ce jeu qui permet des transmissions rapides pour créer des balles de but. La troisième faille, c’est par rapport au jeu d’attaque. C’est vrai que nous avons des individualités avec de grands attaquants, mais le jeu n’est pas équilibré. Nous devons beaucoup travailler cela, si nous voulons être champions d’Afrique. Aujourd’hui, nous avons vu des difficultés au niveau du positionnement des uns et des autres. Par exemple, celui de Pape Matar Sarr qui a joué à droite et Sadio Mané au milieu. Ce n’est pas bon pour un début de match. Il y avait des possibilités de réversibilité en faisant des mutations pour que les joueurs puissent présenter des volumes. Par exemple, si Matar débute à droite, Ismaila à gauche et Sadio au milieu, il va falloir mettre des stratégies qui permettent des mouvements rapides en postant les uns et les autres vers d’autres positions.

PAPA MATAR SARR : «Je suis un peu déçu de sa prestation. Même s’il y a l’effet du voyage, son âge et le fait de jouer à Thiès, son terroir, compte tenu de ses qualités, c’est vraiment une déception.»

MOUTAROU BALDÉ : «Il a fait une belle prestation. Je pense qu’il faut se féliciter d’avoir des latéraux qui peuvent garantir un bon jeu par rapport au milieu et à l’attaque, mais aussi garantir la stabilité défensive. Depuis que Aliou est là, cela fait partie de ses faiblesses, même s’il fait des résultats.
LES INDIVIDUALITES : «Aujourd’hui, c’est la qualité individuelle qui a fait la différence. Il y a une chose sur laquelle j’insiste depuis quatre ans : quand on est favori, qu’on est sûr d’être meilleur, il faut élever le niveau de l’intensité. Je pense qu’à ce niveau, il va falloir corriger certaines choses, faire des situations pédagogiques d’apprentissage et discuter avec les joueurs pour qu’ils soient bien sur tous les plans. Si nous le faisons, nous aurons une équipe collective, capable de gagner une Can.»
OUSMANE DIOP et SERIGNE SALIOU YADE (STAGIAIRE)