Facebook ne se cache pas de copier pour ses différentes applications des fonctionnalités de Snapchat. « Merci » lui répond son PDG Evan Spiegel, qui apprécierait néanmoins que son concurrent copie aussi ses pratiques en matière de vie privée. Il est permis de rêver.
Facebook avait échoué à acquérir Snapchat pour un montant estimé à trois milliards de dollars. Son fondateur Evan Spiegel avait préféré la voie de l’indépendance. Depuis, l’éditeur Snap est donc entré en bourse, avec plus ou moins de réussite.
La concurrence est très frontale entre les deux réseaux sociaux, et Facebook ne se prive pas de copier des fonctions qui font le succès de Snapchat. De quoi agacer furieusement son PDG ? Interrogé lors de la Code Conference, Evan Spiegel relativise.
Nos fonctions, mais vous n’aurez jamais nos valeurs
« Je pense que cela dérange ma femme plus que cela me dérange » répond le dirigeant avant d’ajouter. « Je pense fondamentalement qu’il est important de comprendre que Snapchat n’est pas juste un tas de fonctionnalités. Il a véritablement une philosophie sous-jacente qui va directement à l’encontre des réseaux sociaux traditionnels. »
Et selon lui, c’est cette différence qui explique pourquoi ses concurrents, au premier rang desquels Facebook, « se sentent menacés. » Sur Facebook, les utilisateurs se livrent ainsi à une compétition avec leurs amis pour des ‘J’aime’ et de l’attention.
Pour Evan Spiegel, c’est un problème pour les utilisateurs, qui se tourneront de plus en plus vers des alternatives. Et cela tombe bien puisque Snapchat est justement une de ces alternatives. Si Facebook copie pour évoluer, in fine, la firme de Zuckerberg conserve toujours le même ADN consistant à entretenir la rivalité entre ses membres.
Le PDG estime donc que Facebook peut continuer à le copier, car celui-ci ne pourra pas aussi facilement copier ses « valeurs ». « Je pense qu’il sera plus difficile de vraiment copier l’essence de ce qu’est Snapchat » met-il donc Mark Zuckerberg au défi.
Facebook se moque des utilisateurs sur le RGPD
Mais Spiegel ne pouvait cependant pas faire l’impasse sur quelques piques à l’encontre de son rival américain. Si en tant que designer, il se réjouit d’être copié, une forme de triomphe et de reconnaissance selon lui, il regrette néanmoins que Facebook n’aille pas plus loin encore.
« Nous apprécierions vraiment qu’ils copient également les pratiques de protection des données » ironise le patron. Dans ce secteur, et comme l’a récemment mis en lumière le scandale Cambridge Analytica, la marge de progression de Facebook est en effet très conséquente.
Spiegel ne se prive donc pas de frapper le numéro un des réseaux sociaux en plein dans les données. Le dirigeant regrette ainsi que certaines entreprises (dont Facebook ?) préfèrent esquiver le sujet de la protection des données, y compris dans leur lecture du RGPD.
« Plutôt que de se conformer à l’esprit même du GDPR et aux pratiques de confidentialité des données, certaines entreprises ont simplement pris leurs pratiques de traitement de données et les ont balancées dans leurs conditions d’utilisation », pour revendiquer ensuite respecter le règlement.
Des « alternatives » à ses pratiques et ses acteurs existent, s’empresse de souligner le PDG de Snapchat, qui revendique une approche bien différente basée notamment sur la minimisation de la collecte de données personnelles. Copiez donc cela chez Facebook.