Une double attaque survenue mercredi soir dans le centre de la Somalie et revendiquée par les Shebab a causé la mort d’au moins 48 personnes. Le pays, et particulièrement sa capitale, ont été ces dernières semaines le théâtre de multiples attaques, alors que le pays attend depuis plus d’un an l’élection d’un nouveau Parlement et d’un nouveau président.
Deux attaques survenues mercredi soir à Beledweyne, une localité du centre de la Somalie, et revendiquées par les Shebab, ont tué au moins 48 personnes, a déclaré, jeudi 24 mars, le gouverneur de l’État de Hirshabelle. Ces attaques sont intervenues quelques heures après une autre attaque menée contre l’aéroport de la capitale Mogadiscio, réputé pour être le site le plus sécurisé de ce pays instable de la Corne de l’Afrique.
« Nous pouvons confirmer pour l’instant que 48 personnes ont été tuées et 108 autres blessées dans les deux explosions », a déclaré Ali Gudlawe Hussein, gouverneur de l’État de Hirshabelle, ajoutant que les secouristes avaient trouvé des corps ensevelis sous des débris.
« Nous exhortons (les citoyens) à être très vigilants, nous ordonnons à toutes les agences sécuritaires de renforcer la sécurité », a-t-il dit. « Les terroristes ont mené la première attaque avec un kamikaze et ont tenu prête une voiture chargée d’explosifs devant l’hôpital afin de faire plus de victimes », a déclaré par téléphone Isak Ali Abdulle, le responsable de la police locale. « Il s’agissait d’attaques simultanées dévastatrices qui ont endommagé des biens et causé des pertes civiles massives. »
La première attaque a tué deux députés sortants, dont Amina Mohamed Abdi, qui faisait campagne pour sa réélection, ainsi que « plusieurs » de ses gardes. La deuxième a eu lieu peu de temps après devant l’hôpital, où des voitures éventrées étaient visibles jeudi. Les Shebab ont revendiqué les attaques, affirmant avoir visé des « hommes politiques concourant pour les élections » en cours.
Attaque contre l’aéroport de Mogadiscio
Mercredi matin, au moins trois personnes ont par ailleurs été tuées lors d’une attaque sur l’aéroport de Mogadiscio, enceinte sous haute protection abritant des bureaux de l’ONU, des ambassades et une base de la force de l’Union africaine (Amisom). L’attaque – durant laquelle une station-service a pris feu, dégageant un épais panache de fumée – a duré environ 45 minutes, ont indiqué plusieurs témoins, avant que les assaillants ne soient abattus. Cette dernière a également été revendiquée par les Shebab.
Les Shebab, qui combattent le fragile gouvernement fédéral somalien, ont été chassés de Mogadiscio en 2011 après une offensive de l’Amisom, mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales de Somalie et continuent de mener des attentats sur des cibles gouvernementales et militaires. La Somalie, et particulièrement sa capitale, ont été ces dernières semaines le théâtre de multiples attaques, alors que le pays attend depuis plus d’un an l’élection d’un nouveau Parlement et d’un nouveau président. Le mandat du président Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, est arrivé à échéance en février 2021 sans qu’il soit parvenu à organiser un scrutin.
Depuis, le processus avance péniblement, retardé par des conflits au sommet de l’exécutif et entre le gouvernement central et certains États fédéraux. Après maints reports, la clôture des élections de la Chambre basse a été fixée au 31 mars. Cette étape doit ouvrir une nouvelle phase devant mener à la désignation d’un nouveau chef de l’État.
« La violence n’est pas une façon d’avancer »
Les retards à répétition inquiètent la communauté internationale, qui estime qu’ils détournent l’attention des autorités de sujets cruciaux pour le pays, comme l’insurrection des Shebab. « La violence n’est pas une façon d’avancer pour la Somalie. L’UE condamne le terrorisme et les massacres politiquement motivés », a écrit jeudi sur Twitter Tiina Intelmann, ambassadrice de l’Union européenne en Somalie.
« Nos pensées vont à tous ceux qui ont été touchés par les attaques à Mogadiscio et à Beledweyne hier. Nous condamnons fermement l’utilisation de la violence pour intimider et perturber les élections. Le Royaume-Uni se tient aux côtés de la Somalie dans sa lutte contre le terrorisme », a également écrit sur Twitter Katie Foster, l’ambassadrice anglaise pour la Somalie.