Terrorisme, coopération avec l’Union européenne et modernisation des outils militaires de l’Otan font partie de l’ordre du jour du sommet de l’Alliance atlantique ouvert ce mercredi 11 juillet à Bruxelles. Mais ces points ont subitement perdu toute importance face à la question du partage du fardeau, à savoir l’engagement de tous d’atteindre 2% du PIB de dépenses militaires. C’est l’insistance de Donald Trump qui a réussi à nouveau à chambouler les débats des 29 chefs d’Etats et de gouvernements avec une attaque virulente contre l’Allemagne.
Donald Trump a rencontré Angela Merkel et il a assuré à l’issue de ce tête-à-tête avoir une « très bonne relation » avec la chancelière allemande, rapporte notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet. On peut douter de la réalité de cette affirmation tant le président américain a utilisé un langage d’une virulence sans précédent pour un chef d’Etat allié, même s’il est vrai que l’Allemagne ne dépense que 1,24% de son PIB pour sa défense, loin de l’objectif de 2% gravé dans le marbre à l’horizon 2024.
« Nous protégeons l’Allemagne, la France et tout le monde et nous payons beaucoup d’argent pour ça… Ça dure depuis des décennies mais je dois m’en occuper parce que c’est très injuste pour notre pays et pour nos contribuables. Nous sommes censés vous défendre contre la Russie alors pourquoi payez-vous des milliards de dollars à la Russie pour l’énergie ! En fait l’Allemagne est captive de la Russie… »
Le président américain a en effet expressément accusé l’Allemagne d’être entre les mains de Moscou, du fait de sa dépendance aux importations énergétiques russes. Donald Trump a en particulier attaqué le projet de gazoduc germano-russe Nord Stream II et on peut évidemment imaginer les préoccupations commerciales des Etats-Unis qui cherchent à reconquérir des marchés d’hydrocarbures.
Si certains font remarquer ici que les Etats-Unis défendent aussi leurs propres intérêts commerciaux, tous reconnaissent qu’à eux seuls ils représentent 72% du total des dépenses militaires alliées. Les alliés n’ont pas donné suite à la proposition du président américain de porter à 4% l’objectif de dépenses militaires mais ils ont tout de même fait une déclaration commune pour s’engager à tenir leurs objectifs financiers.
La Pologne acquiesce
Malgré tout, la position de Donald Trump n’est pas entièrement faite pour déplaire à une partie des pays membres de l’Otan, en particulier aux voisins de la Russie. Le ministre polonais des Affaires étrangères Jacek Czaputowicz a abondé dans le sens de Donald Trump en estimant que le gazoduc Nord Stream II fournissait des fonds à la Russie et lui donnait donc des moyens financiers qui pouvaient être utilisés contre la sécurité de la Pologne.
Cette prise de position n’est pas sans lien avec le fait que la Pologne partage avec les pays baltes une vision de Donald Trump différente de celle des Européens de l’Ouest. Ils estiment bénéficier actuellement d’un engagement militaire tangible des Etats-Unis qu’ils avaient attendu en vain du temps de Barack Obama.