De l’Allemande Angela Merkel au Grec Alexis Tsipras en passant par la Britannique Theresa May, le sommet des dirigeants de l’UE mardi soir à Bruxelles réunira de petits et de grands blessés politiques dans le sillage des élections européennes.
– Theresa May: la Première ministre britannique a jeté l’éponge vendredi au lendemain des élections dans son pays, vaincue par l’interminable saga du Brexit qu’elle a échoué à mettre en oeuvre. Ce sommet sera son dernier puisqu’elle quittera le pouvoir le 7 juin.
– Angela Merkel: le gouvernement de la chancelière sort éreinté des européennes. Les partis de sa coalition ont tous enregistré un plus bas historique. Au point que la question de la survie du gouvernement à moyen terme est posée.
– Alexis Tsipras: le Premier ministre grec, à la tête de l’un des rares gouvernements de gauche en Europe, a subi un revers cuisant aux européennes. Il tente un coup de poker à haut risque en convoquant des législatives anticipées.
– Charles Michel: chef d’un gouvernement démissionnaire depuis décembre, le Premier ministre belge sort affaibli du scrutin. Son parti (MR, libéral francophone), conserve la 2e place en Wallonie derrière le PS mais il est en perte de vitesse. A la Chambre, au niveau fédéral, il perd six sièges et un au Parlement européen.
– Emmanuel Macron: le président français a perdu son pari de battre la cheffe de l’extrême droite Marine Le Pen même si l’écart entre la liste du parti du président et celle du Rassemblement national n’est que de 0,9 point.
– Sebastian Kurz: le chancelier conservateur autrichien a été renversé lundi par le Parlement, dix jours après le scandale de l’Ibizagate qui a fait voler en éclats sa coalition avec l’extrême droite. Ecarté du pouvoir, il sera absent du sommet.
Les partis proeuropéens sont parvenus à contenir la poussée des eurosceptiques lors des Elections européennes, qui se sont terminées dimanche, mais la dispersion des voix augure des négociations délicates entre les groupes pour former des alliances au sein du Parlement.
A qui la victoire, à qui les postes ?
D’après les projections fondées sur les résultats partiels provisoires, aucune des grandes formations europhiles ne peut revendiquer une victoire.
Le bloc de centre droit, constitué du Parti populaire européen (PPE), avec 174 sièges estimés, et des sociaux-démocrates (153), ont perdu leur majorité pour la première fois depuis 1979.
Le processus de désignation du président de la Commission européenne et des principaux postes, qui débute dès aujourd’hui à Bruxelles, devrait en être bouleversé, sans permettre aux Libéraux et aux centristes réunis au sein de l’ALDE (106 sièges) de s’installer aux commandes, ou aux Verts (68) de jouer les faiseurs de roi.
Eurosceptiques et populistes en hausse
Ces forces sortent renforcées du scrutin. Mais leurs divisions profondes risquent d’entraver leur capacité à former une coalition homogène dans le nouvel hémicycle.
En France, le Rassemblement national arrive en tête avec 23,4 % des voix. En Italie, la Ligue de Matteo Salvini devance largement les autres listes avec 33,6 % des voix. Au Royaume-Uni, le Parti du Brexit de Nigel Farage recueille 31,7 % des suffrages. En Hongrie, le parti souverainiste Fidesz du Hongrois Viktor Orban est crédité d’une victoire écrasante avec 56 % des voix.
Une poussée verte
Les Verts allemands ont quasi doublé leur score à 20,7 %, tandis qu’en France, la liste Europe-Ecologie-Les Verts devient la troisième force du pays, rassemblant 13,4 % des voix. En Finlande, les écologistes sont la formation qui a le plus progressé avec près de 15 % des voix.
Une participation en forte hausse
Déjouant les pronostics qui annoncait une hausse de l’abstention, la participation atteindrait 51 % dans l’Union, selon les chiffres du Parlement.
En Allemagne, elle a bondi de 11 points par rapport à 2014 à 59 % et, en France, avec 50,7 %, elle a dépassé de sept à dix points celle du dernier scrutin de 2014 – soit le taux le plus élevé depuis 1994.
Plusieurs autres pays étaient sur la même ligne : autour de 35 % en Espagne contre 24 % en 2014 ; 15 % en Pologne contre un peu plus de 7 % ; ou encore 17 % en Hongrie contre 11,5 % au dernier scrutin européen. Auparavant, la participation, en baisse régulière au fil des consultations, était tombée à 42 % lors de la dernière consultation en 2014.