Le nouveau Premier ministre soudanais Abdalla Hamdok, 61 ans, a prêté serment mercredi 21 août. Il va devoir affronter une situation économique très difficile.
Né avec l’indépendance du Soudan en 1956 au Kordofan du Sud, Abdalla Hamdok a commencé ses études universitaires en économie à Khartoum dans les années 1970. À l’époque, c’est encore la radio Omdurman qui annonce les noms des candidats admis à l’université. C’est là qu’il commence ses activités politiques. Il est proche des communistes, très actif et très engagé à gauche sans vouloir pour autant devenir un leader. Il préfère alors se concentrer sur ses études.
En 1987, il intègre le ministère de l’Agriculture. Puis obtient une bourse du centre culturel britannique pour des études à Manchester. Mais avant de finir son doctorat, Khartoum lui signifie en 1990 qu’il perdra ses fonctions au ministère.
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C’est alors le début d’une carrière africaine dans le domaine de l’économie et des finances à l’extérieur du Soudan. Abdalla Hamdok devient au Zimbabwe conseiller pour l’Organisation internationale du travail, une agence de l’ONU. Puis il reste quatre ans, à la Banque africaine de développement en Côte d’Ivoire. Il s’installe ensuite à Addis-Abeba, où il se lie d’amitié avec le Premier ministre de l’époque Meles Zenawi. Il devient conseiller en chef à la Banque de commerce et de développement dans la capitale éthiopienne. Puis il prend en 2016 le poste de secrétaire général du Conseil économique et social de l’ONU.
En 2018, il avait décliné une invitation pour le poste de ministre des Finances au Soudan. Dans sa lettre de refus, il avait promis de se mettre au service de son pays dès que les conditions seraient réunies. Moins d’un an, après le voilà Premier ministre.
Il devient donc le premier responsable issu d’un pouvoir civil depuis l’arrivée au pouvoir d’Omar el-Béchir en 1993. Abdalla Hamdok devra nommer un gouvernement et conduire le pays durant 39 mois. Une mission difficile et complexe attend cette équipe : réformer le pays, redresser l’économie et faire la paix dans les régions qui ont connu des conflits.
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Redresser une économie exsangue
Car si la situation économique au moment de la chute d’Omar el-Béchir n’était pas très bonne, elle ne s’est pas améliorée depuis. L’inflation approche les 50%. Devant les boulangeries et les stations essence, un témoin décrit des files d’attente interminables, conséquence de la pénurie de farine et de carburant.
Pourtant, l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis sont en train de faire livrer du pétrole et 540 000 tonnes de blé. Ces livraisons font partie d’une aide de trois milliards de dollars annoncée par ces deux pays pour aider le Soudan à traverser une passe plus que difficile.
La valeur de la monnaie soudanaise n’a pas arrêté de perdre de la valeur par rapport au dollar. Depuis le mois d’octobre dernier, la livre soudanaise a perdu 70% de son pouvoir d’achat.
Impossible dans ces conditions de faire baisser l’inflation et difficile de se fournir sur les marchés internationaux. Le secteur rural en subit l’impact direct : pas d’engrais, pas d’essence pour les machines agricoles et donc des récoltes très faibles en perspective. Pas de quoi remplir les caisses de l’État, encore moins de quoi rembourser la dette extérieure du pays qui s’élève à 54 milliards de dollars.
rfi