EN IMAGES – Au moins 290 personnes ont perdu la vie dans une série d’explosions visant des hôtels et des églises dimanche 21 avril. D’après le gouvernement, un groupe islamiste local aurait perpétré ces attentats. L’état d’urgence doit être déclaré ce lundi à minuit. Un nouveau couvre-feu a été instauré pour la nuit de lundi à mardi. Aucune revendication n’est pour l’heure connue mais 24 personnes ont été arrêtées.
• Au moins 35 étrangers font partie des victimes
• Lundi, le gouvernement sri lankais a indiqué qu’un mouvement islamiste local a perpétré ces attaques bien qu’elle n’aient pas été revendiquées
• Les responsables politiques du monde entier ont condamné ces attentats
• Vingt-quatre personnes ont été arrêtées, toutes originaires du Sri Lanka
Au moins 290 personnes ont été tuées et 500 autres blessées dimanche 21 avril dans une série d’explosions dans des hôtels et églises du Sri Lanka où était célébrée la messe de Pâques. D’après le gouvernement sri lankais, le mouvement islamiste local, le National Thowheeth Jama’ath (NTJ), est à l’origine du drame. L’état d’urgence doit être déclaré dans le pays ce lundi à minuit. Le Sri Lanka a déclaré une journée de deuil national mardi.
Dans la matinée, trois hôtels et trois églises ont été attaqués à Colombo la capitale mais aussi à Negombo, plus au nord et à Batticaloa à l’est. Deux nouvelles explosions se sont ensuite produites en début d’après-midi, dont l’une dans un hôtel de la capitale faisant deux morts. Au moins deux des huit attaques ont été menées par des kamikazes, selon la police et d’autres sources.
Vingt-quatre personnes ont été arrêtées, a annoncé une source policière à l’AFP. Les autorités n’ont pas fourni davantage de détails. Mais la source policière a indiqué à l’AFP que les suspects étaient détenus dans deux endroits, dans et près de Colombo. Ils appartiennent tous au même groupe radical, selon la même source. «Jusqu’ici les noms que nous avons sont locaux» mais les enquêteurs cherchent à savoir s’ils ont d’éventuels «liens avec l’étranger», a déclaré dans une allocution télévision le chef de gouvernement, sans donner davantage de précisions.
Interpol a déployé une équipe d’enquêteurs afin de venir en aide au pays. «Dépêchée à la demande des autorités srilankaises, la cellule de crise d’Interpol (IRT) inclut des spécialistes en étude de scène de crime, en explosifs et en contre-terrorisme ainsi que des experts en analyse et en identification de victimes de catastrophes», précise Interpol.
Un premier couvre-feu a été mis en place dimanche. Celui-ci a pris fin lundi matin à 6H00 locales. La police a finalement décrété l’entrée en vigueur d’un nouveau couvre-feu pour la nuit de lundi à mardi. Le gouvernement a également décrété le blocage temporaire des réseaux sociaux pour empêcher «la diffusion d’informations incorrectes et fausses».
Le récit des faits
De puissantes explosions se sont produites en début de matinée, vers 08h30 locales dans trois hôtels de luxe du front de mer de la capitale Colombo. Les établissements affectés, le Shangri-La, le Kingsbury et le Cinnamon, sont situés à quelques centaines de mètres les uns les autres. Au Cinnamon et au Shangri-La, ce sont les restaurants qui ont été visés, sans doute par des kamikazes préalablement enregistrés samedi dans les établissements.
En parallèle, des déflagrations ont frappé trois églises catholiques où les fidèles étaient rassemblés pour célébrer la messe de Pâques, faisant un carnage. Ont été visées la célèbre église Saint-Anthony (Saint-Antoine) à Colombo, l’église Saint-Sébastien à Negombo (au moins 67 morts), localité située à une trentaine de kilomètres au nord de la capitale, et une autre église de la ville de Batticaloa, de l’autre côté du Sri Lanka, sur la côte orientale (25 morts). «Attentat contre notre église, s’il vous plaît, venez nous aider si des membres de votre famille s’y trouvent», peut-on lire dans un message en anglais posté sur le compte Facebook de l’église Saint-Sébastien.
Quelques heures plus tard, deux nouvelles explosions sont survenues. L’une a touché un hôtel de Dehiwala, banlieue sud de Colombo. Une autre s’est produite dans une maison d’Orugodawatta, banlieue nord de la capitale, où un kamikaze s’est fait exploser lors d’une opération policière. Trois policiers seraient morts. Il semblerait qu’il s’agisse là d’une opération de police au cours de laquelle sept individus ont été arrêtés.
Au total 290 personnes ont perdu la vie dont 35 au moins étaient des ressortissants étrangers, dont trois avaient la nationalité britannique et deux autres la double nationalité, britannique et américaine. D’après les informations disponibles, des Danois, des Turcs, des Indiens, des Chinois, des Néerlandais et un Portugais ont également perdu la vie dans ces attaques. On dénombre environ 500 personnes blessées. Toutefois, le bilan ne cesse d’évoluer au fil des heures.
La nature exacte de ces explosions demeurent inconnue et aucune revendication n’était parvenue lundi en matinée. Mais le chef de la police nationale, Pujuth Jayasundara, a alerté ses services il y a dix jours en indiquant qu’un mouvement islamiste appelé NTJ (National Thowheeth Jama’ath) projetait «des attentats suicides contre des églises importantes et la Haute commission indienne».
Toutes les célébrations de Pâques ont été annulées dans le pays, a annoncé l’archevêché. L’armée a été déployée, et la sécurité a été renforcée à l’aéroport international de Colombo, a annoncé un porte-parole de l’armée. L’ensemble des établissements scolaires resteront fermés lundi et mardi, a fait savoir le ministre de l’Education, Akila Viraj Kariyawasam.
Sur Twitter, l’ambassade de France au Sri Lanka a exhorté ses ressortissants à se tenir «éloignés des lieux publics» et à éviter «tout déplacement».
Le président sri-lankais Maithripala Sirisena s’est dit choqué par les explosions. Une réunion du Conseil de sécurité nationale sri-lankais devait se tenir dans la résidence du premier ministre dans la journée. Le premier ministre Ranil Wickremesinghe a fustigé des «attaques lâches». «Je condamne fortement les attaques lâches sur notre peuple aujourd’hui. J’appelle tous les Sri-Lankais à rester unis et forts en ces temps tragique», a-t-il écrit sur son compte Twitter, ajoutant que le gouvernement prenait des «mesures immédiates pour contenir la situation».
Durant la célébration de la messe de Pâques à Rome, le pape François a exprimé sa «tristesse» et s’est déclaré proche de «toutes les victimes d’une si cruelle violence». Le chef de l’Etat Emmanuel Macron a condamné «fermement» des «actes odieux». Le président américain Donald Trump a assuré que son pays était «prêt à aider».
Calme relatif
Le pays connaissait un calme relatif depuis la fin en 2009 du conflit civil avec les séparatistes tamouls. Le Sri Lanka est un pays à majorité bouddhiste, et les catholiques sont estimés à 1,2 million sur une population totale de 21 millions d’habitants. Le pays compte environ 70% de bouddhistes, 12% d’hindouistes, 10% de musulmans et 7% de chrétiens. Les catholiques sont perçus comme une force unificatrice car on en trouve chez les Tamouls comme chez la majorité cinghalaise. Certains chrétiens sont cependant mal vus parce qu’ils soutiennent des enquêtes extérieures sur les crimes de l’armée srilankaise contre les Tamouls pendant la guerre civile qui s’est achevée en 2009. Selon les Nations unies, le conflit de 1972 à 2009 a fait de 80.000 à 100.000 morts.