La situation dans la Ghouta orientale en Syrie fait toujours la Une ce mardi. La résolution de l’ONU exigeant une trêve humanitaire de 30 jours votée le 24 février reste lettre morte et l’offensive terrestre et aérienne des troupes de Bachar al-Assad sur l’enclave rebelle se poursuit. Au moins neuf civils ont été tués et une quarantaine d’autres blessés indique ce mardi l’OSDH. L’offensive a d’ailleurs obligé le premier convoi d’aide qui a pu se rendre sur place à écourter ses livraisons de nourriture et de médicaments. Face aux bombardements syriens, il a été contraint de rapidement rebrousser chemin lundi soir. Alors comment soulager les 400 000 habitants de la Ghouta qui vivent sous les bombes ? La Russie a fait une nouvelle proposition ce lundi matin : une évacuation de tous les rebelles syriens retranchés dans l’enclave.
Dans un communiqué, le ministère russe de la Défense se dit prêt à garantir l’évacuation des rebelles de la Ghouta et de leurs familles, en leur accordant « l’immunité » et en permettant aux combattants de conserver leurs armes.
De telles évacuations ont déjà eu lieu ces dernières années en Syrie. A Homs ou à Alep, des rebelles assiégés ont pu bénéficier de « portes de sortie » ouvertes par le régime et ses alliés. C’est la province d’Idleb, dans le nord du pays, qui accueilli la plupart des combattants et des civils évacués lors de ces opérations.
Cette proposition a été rejetée en bloc par les habitants et les rebelles de l’enclave. Ils disent non à l’exode forcé. D’autant que des négociations entre les différents acteurs du conflit syrien prévoyaient un tout autre scénario.
Pendant plusieurs mois, Damas et Moscou d’un côté, l’opposition syrienne et les groupes rebelles de la Ghouta de l’autre, ont en effet mené des tractations secrètes. Jaïch al-Islam, principale faction combattante de mouvance islamiste, s’engageait alors à éradiquer toute présence jihadiste dans la Ghouta et au final à déposer les armes. En contrepartie, le régime de Bachar al-Assad décrétait une amnistie générale dans la Ghouta.
Selon, le porte-parole de Jaïch al-Islam, les rebelles ont respecté leur part du marché et ont quasiment éliminé tous les membres de l’ex-Front al-Nosra, affilié à Al Qaïda, présents sur leur territoire. Selon les rebelles de la Ghouta, Damas et Moscou, n’ont jamais respecté leur engagement et ont finalement lancé une vaste offensive.
L’aide humanitaire n’a pas pu être livrée
Rappelons que la Russie a voté il y a dix jours en faveur d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. Adopté à l’unanimité ce texte prévoit un cessez-le-feu -qui n’est pas respecté-, un accès humanitaire -toujours très difficile comme on l’a vu hier avec le convoi de l’ONU: les camions ont finalement dû abréger leur livraison, face aux bombardements incessants du régime. « Neuf camions des Nations unies ont dû repartir sans avoir déchargé leur cargaison. Ils sont repartis à cause des bombardements russes, témoigne Oussama Al Omari, militant de l’opposition syrienne qui habite la Ghouta. Et alors que la délégation des Nations unies, se trouvait encore dans la Ghouta Orientale il y eu 90 morts. C’est honteux ! De plus le régime a refusé l’accès aux camions qui transportaient de l’aide médicale, ils ont dû abandonner leur cargaison à l’entrée de la Ghouta. Seul le passage de l’aide alimentaire a été autorisé ».
40% du territoire de la Ghouta orientale sous contrôle du régime
La résolution 2401 exige aussi des évacuations sanitaires pour les malades et les blessés qui en ont besoin mais le document ne mentionne nulle part l’évacuation des combattants et de leurs familles…
« Par ailleurs la situation est inchangée, poursuit Oussama Al Omari, il y a toujours des bombardements sur les différentes villes de la Ghouta. Les rebelles tentent de se réorganiser sur le terrain. Ils tentent de reprendre toutes les positions qu’ils ont perdues durant ces derniers jours. »
Selon l’OSDH, l’Observatoire syrien des droits de l’homme, le régime syrien a repris le contrôle de 40% de l’enclave.
rfi