Tchad: le président Déby en Israël pour renforcer la coopération sécuritaire

Le président tchadien, Idriss Déby, est en visite en Israël depuis ce 25 novembre. Il s’agit de la première visite d’un chef de l’Etat tchadien depuis la rupture des relations diplomatiques entre N’Djamena et Tel Aviv, il y a quarante ans. Ce déplacement est placé principalement sous le signe de la coopération sécuritaire.

Il n’y a pas de réouverture d’ambassade en perspective. Officiellement, le Tchad et Israël s’en tiennent à un renforcement de leur coopération dans le domaine de la sécurité, qui existe depuis une dizaine d’années. D’après le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, les deux pays ont un objectif commun : la lutte contre le terrorisme.

Le Tchad est actuellement engagé dans la lutte contre les islamistes de Boko Haram et ceux de l’organisation Etat islamique (EI) en Afrique de l’Ouest. N’Djamena mène aussi des opérations militaires sur son propre territoire, dans le Tibesti notamment, région de l’extrême nord du pays en proie à une recrudescence de tensions. Le président Idriss Déby s’est donc félicité de ce rapprochement avec Israël. « Nous entrons dans une nouvelle ère de coopération », a-t-il déclaré.

La reprise des relations diplomatiques, rompues depuis 1972, n’est pas d’actualité mais cette visite pourrait être de bon augure pour la suite. Lors d’une rencontre dimanche avec son homologue Reuven Rivlin, le chef de l’Etat tchadien a dit vouloir aller dans ce sens. Israël est « un partenaire important à nos yeux », a-t-il précisé.

Israël peut envoyer des officiers ou des officiels du service de sécurité qui peuvent préparer justement l’armée tchadienne dans cette lutte qui implique aussi un travail d’information, de renseignement, sur le plan offensif mais aussi sur le plan défensif.

Pour Benyamin Netanyahu, Israël a deux atouts à faire valoir aux pays africains : outre son expertise en matière de sécurité évoqué à l’instant, il avance les technologies israéliennes permettant le développement d’une agriculture en milieu désertique.

Sur le premier aspect, le Premier ministre israélien a simplement assuré que la lutte contre le terrorisme est « un objectif commun » des deux pays mais il n’a rien révélé de l’éventuelle coopération entre le Tchad et Israël dans ce domaine, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Guilhem Delteil.

Après la séquence politique de dimanche, au cours de laquelle il a rencontré le chef du gouvernement et le chef de l’Etat israéliens, L’expertise agricole israélienne, elle, s’est invitée dans le programme officiel du président tchadien. Idriss Déby s’est rendu dans le sud du pays, dans le Neguev, un déplacement axé autour des technologies agricoles en milieu désertique.

Il a rencontré les habitants d’un moshav, une communauté agricole coopérative, de cette région désertique. Puis il s’est rendu dans un kibboutz, une communauté collectiviste, qui a été le berceau de l’entreprise Netafim. Fondée en 1965, cette société se revendique aujourd’hui comme le « leader mondial des solutions efficaces de gestion de l’eau dans l’agriculture ».

Netafim est l’un des faire-valoir de l’expertise israélienne dans le domaine agricole. Et si la visite de ses locaux dans le kibboutz Hatzerim a été mise au programme d’Idriss Déby, c’est qu’Israël fait de ses technologies de goutte-à-goutte et de micro-irrigation un atout majeur pour renforcer sa présence sur le continent africain.

■ A Ndjamena, un rapprochement diversement apprécié par la classe politique

Se rapprocher d’Israël, c’est une façon de chercher des soutiens des Etats qui soutiennent Israël. Mais le contraire est que cela consiste à se mettre à dos tous les Etats qui sont contre Israël
RFI