Tennis: un Open d’Australie décrié alors que le pays brûle

Maria Sharapova lors du tournoi d’exhibition à Kooyong, en banlieue de Melbourne, le 14 janvier 2020.
William WEST / AFP
Le premier tour des qualifications de l’Open d’Australie a débuté mardi 14 janvier malgré une qualité de l’air considérée comme dangereuse ou très mauvaise à Melbourne. Plusieurs participants ont fait part de leur indignation alors que l’Australie est touché par des incendies gigantesques qui ravagent une grande partie du pays.

« On ne sait pas quelles conséquences ça peut avoir sur un joueur de jouer pendant trois heures dans cette espèce de brouillard de pollution. Peut-être que dans deux mois, certains vont se mettre à tousser. On n’en sait rien ! Ça peut avoir des répercussions à long terme. On doit espérer qu’ils prennent les bonnes décisions, que la santé des joueurs reste leur priorité, mais on ne peut pas en être certains », explique pour L’Equipe l’Américain Noah Rubin (23 ans, 250e mondial), vainqueur de Wimbledon juniors en 2014.

« Ce n’est pas sain pour nous de jouer dans ces conditions »

Les qualifications pour l’Open d’Australie, un des quatre tournois du grand chelem, ont débuté à Melbourne en pleine crise des feux de forêt. La pollution de l’air est la principale menace pesant sur le premier rendez-vous majeur de la saison. La fumée dégagée par les incendies monstres, couplée aux très fortes températures de l’été australien, pourraient avoir un impact sur la santé des joueurs et des spectateurs.

Mardi 14 janvier, la Slovène Dalila Jakupovic a dû abandonner au premier tour des qualifications, souffrant de quintes de toux sur le court. « J’ai vraiment eu peur de m’évanouir (…) Ce n’est pas sain pour nousde jouer dans ces conditions », a déclaré la 180e joueuse mondiale. Un ramasseur de balles a même fait un malaise.

La pollution atmosphérique toxique a assombri la ville, interrompant les séances d’entraînement et retardant légèrement les qualifications. Et les autorités de Melbourne ont qualifié le niveau de pollution de l’air de « dangereux » demandant aux habitants de rester cloitrés chez eux, vitres fermées, avec leurs animaux domestiques. Les contrôleurs de la qualité de l’air ont enregistré une pollution 20 fois supérieure aux niveaux de sécurité dans certaines parties de la ville.

« Je suis choquée de voir que les matches de qualification ont commencé à l’Open d’Australie. Qu’en-est-t-il de la santé des personnes qui travaillent ici, notamment les enfants qui ramassent les balles ? », a tweeté la Luxembourgeoise Mandy Minella. « Quand on trouve des médecins qui affirment que jouer par 45 degrés n’est pas dangereux à l’AO (l’Open d’Australie) et des juges arbitres qui affirment que l’herbe mouillée n’est pas glissante à Wimbledon, on doit bien pouvoir trouver un expert qui certifie que la qualité de l’air est suffisante non », a ironisé quant à lui le Français Gilles Simon sur les réseaux sociaux.

Maria Sharapova évoque des conditions de jeu « extrêmes »

L’ancienne numéro 1 mondiale Maria Sharapova, qui participait à un tournoi exhibition à Kooyong, en banlieue de Melbourne, a préféré elle aussi abandonner mardi, évoquant des conditions de jeu « extrêmes », lors de son duel avec l’Allemande Laura Siegemund.

Les organisateurs devront-ils se résoudre à annuler l’un des principaux événements sportifs de l’année en Australie ? L’Open d’Australie est un des quatre tournois majeurs de la saison avec l’US Open, Roland Garros et Wimbledon.

Le patron du tournoi, Craig Tiley, a balayé les critiques affirmant que « tout le monde a reçu un mail », expliquant que toute décision était prise après consultations d’experts. Tiley avait indiqué la semaine dernière qu’une annulation de l’Open d’Australie, ce qui serait une première depuis la Seconde guerre mondiale, était peu probable, alors que Novak Djokovic, président du Conseil des joueurs au sein de l’ATP, avait estimé que cette question devait être posée.

En décembre, la pollution de l’air a empêché la tenue de deux compétitions sportives. Une course à la voile dans la baie de Sydney et un match de cricket à Canberra ont été annulés. Les incendies ont fait au moins 27 morts à ce jour.

RFI