Les médecins de Juan Orlando Hernandez, dont la femme est également contaminée, assurent que « son état de santé général est bon ». Un spécialiste craint une augmentation exponentielle des cas d’infection dans le pays.
Alors que le nombre de nouveaux cas a atteint un record au Honduras mercredi 17 juin – avec 643 de plus en vingt-quatre heures –, le président du pays, Juan Orlando Hernandez, a été admis dans un hôpital militaire de Tegucigalpa après avoir annoncé que lui-même et son épouse avaient été testés positifs au coronavirus.
Selon les médecins qui ont examiné le chef de l’Etat, M. Hernandez souffre d’une pneumonie. Il « a quelques infiltrations pulmonaires [mais] son état de santé général est bon », a fait savoir le porte-parole du gouvernement, Francis Contreras. « Durant le week-end, j’ai commencé à ressentir des douleurs et aujourd’hui j’ai été diagnostiqué comme contaminé par la maladie Covid-19 », avait déclaré mardi à la presse le président, âgé de 51 ans. Son épouse, Ana Garcia, a également été contaminée, mais elle est pour l’heure « asymptomatique ».
M. Hernandez a déploré l’« effondrement » du système hospitalier face au grand nombre de malades et annoncé mardi l’envoi de brigades à San Pedro Sula (au nord-ouest du pays) et dans la capitale, Tegucigalpa, principaux foyers de contagion, pour soigner à domicile les personnes atteintes du coronavirus.
Juan Orlando Hernandez, surnommé « JOH », est à la tête du Honduras depuis 2014. Il a été soupçonné par le parquet de New York – qui a jugé coupable son frère Tony, en octobre 2019, de trafic de drogue – d’avoir touché des millions de dollars de pots-de-vin de narcotrafiquants, y compris de l’ex-chef de cartel mexicain « El Chapo » Guzman. Sa réélection en novembre 2017 avait été contestée par l’opposition lors de manifestations durement réprimées. En 2019, de nouvelles manifestations avaient éclaté pour réclamer son départ, après la promulgation de deux décrets accusés de privatiser la santé et l’éducation.
Des hôpitaux déjà saturés
Selon un décompte officiel, au 17 juin, le Honduras a enregistré plus de 10 000 cas déclarés dus au coronavirus, un chiffre à prendre avec prudence, le pays réalisant peu de tests. L’augmentation du nombre de nouveaux cas s’est accélérée à partir du 9 juin. A cette date, il est passé d’une moyenne de 200 nouveaux cas par jour, à presque 500. Jusqu’à atteindre, donc, 643 nouveaux cas le 17 juin, un record.
Les hôpitaux, dans un pays qui a très peu investi dans son système public de santé, sont, de fait, déjà saturés. Et si le confinement a été décrété très tôt, le 16 mars, alors que le pays ne comptait que six cas, il n’est que très partiellement respecté par une population appauvrie et qui n’a d’autre choix que de sortir pour trouver des ressources au jour le jour.
Le nombre de morts, lui, ne suit pas une courbe ascendante aussi prononcée : 336 décès avaient été enregistrés au 17 juin, pour une population de 9,3 millions d’habitants. D’aucun attribuent cette situation à l’application, dans les hôpitaux, d’un traitement mis au point au Texas par un médecin hondurien spécialiste des maladies infectieuses, Miguel Sierra-Hoffman.
Un traitement non validé par l’OMS
La méthode, connue sous le nom de « catracho » et non validée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), est administrée dès l’arrivée du patient à l’hôpital. Elle allie plusieurs médicaments (dont la colchicine, des anti-inflammatoires, des anticoagulants et la fameuse hydroxychloroquine) et des techniques d’administration d’oxygène non invasives. Elle permettrait, assure son concepteur, de réduire fortement la charge virale et, partant, la mortalité des patients hospitalisés.
« Cette méthode réduit très fortement le besoin d’intuber les patients », assure Carlos Umaña, anesthésiste et président de l’Association de médecins de l’Institut hondurien de sécurité sociale à San Pedro Sula.
Ce médecin, connu pour ses critiques acerbes du gouvernement, ses dénonciations du manque d’investissement dans la santé et devenu un héros dans son pays pour avoir, avant tout le monde, alerté sur la dangerosité du virus et la nécessité de rester chez soi, craint une augmentation exponentielle des cas de contamination. « Je m’attends à ce qu’il y ait au Honduras une Guayaquil [du nom de la ville équatorienne dont les services funèbres ont été, début avril, débordés par le nombre de morts], il y a beaucoup trop de monde dans les rues de San Pedro Sula et Tegucigalpa », s’inquiète-t-il.