Trajectoire : Qui est Cheikh Issa Sall ?

Trajectoire : Qui est Cheikh Issa Sall ?
Trajectoire : Qui est Cheikh Issa Sall ?

Sous le halo des projecteurs depuis l’éclatement de l’affaire Mansour Faye-Ousmane Sonko, dont il est le témoin-clé, Cheikh Issa Sall est dans toutes les discussions. L’Observateur retrace le parcours de cet énarque pris dans le tourbillon médiatique de la politique.

Il a quelque chose de naturel ou de surjoué qui ne laisse pas indifférent. Un débit de voix monotone, presque sans expression, qui fait penser que l’homme doit être assez strict, vigilant sur les principes. «Il est comme ça. Il est très pondéré. C’est un homme correct, calme, posé et très discipliné, mais qui ne se laisse pas piétiner», témoigne Caro Gassama, présidente des femmes du mouvement Agir avec Macky pour le développement de Mbour (Amdem) de Cheikh Issa Sall. Même quand la chronique l’envoie brûler dans le tourbillon de feu que vomit la fournaise politique sénégalaise embrasée par l’affaire Mansour Faye-Ousmane Sonko, Cheikh Issa Sall rit presque des pronostics sur son avenir politique et convoque sa force d’âme. Lui trouve dans son geste de «balance», teinté d’égoïsme et de déloyauté, selon ses pourfendeurs, beaucoup d’élévation et de fierté. «L’essentiel pour moi, c’est d’être quitte avec ma conscience, sert-il. En politique, il faut être prêt à recevoir des coups et en donner aussi, mais il faut le faire de manière républicaine, élégante. Je ne nourris aucun regret. Je ne considère pas avoir fauté. Je n’ai trahi personne. J’étais le seul témoin dans cette affaire et l’opinion publique avait besoin de savoir ce qu’il en était par rapport à cette rencontre. Il me fallait dire la vérité.»

Quitte à se faire insulter, à passer pour la marionnette de Mansour Faye, de boy de la famille présidentielle ou un vulgaire traître qui ne sait pas faire le distinguo entre le privé et le public ? «Il n’y a aucun problème par rapport à ça, insiste Cheikh Issa Sall. Dans l’audio, il n’y a rien de grave, rien de confidentiel. C’est tout simplement la confirmation de l’existence de l’audience par Ousmane Sonko qui démentait ça. Si c’était à refaire, je l’aurai refait sans hésiter. Personne ne m’a vu divulguer l’audio au niveau de l’opinion publique. J’étais présent lors de l’audience et personne ne m’a entendu parler du contenu de l’audience. Je sais là où je dois m’arrêter. Je suis magistrat de la Cour des comptes. Je suis formé pour garder des secrets. Je sais comment gérer la confidentialité. Je n’ai jamais été radié pour défaut à mes obligations de réserve.» Une grosse pierre dans le jardin de son «ami» et camarade de promotion de l’École nationale d’administration (Ena), Ousmane Sonko, exclu de la fonction publique en août 2016. Décidément, Cheikh Issa ne sait pas purger le «Sall» temps. Une obsession incoercible au combat qu’il semble choper dans son fief natal, un cantonnement en bord de mer, sur la Petite Côte sénégalaise, où les frères ne se développent pas pour chercher à bien manger, mais pour se battre.

Un «grand» ami à Ousmane Sonko

C’est à Mbour, au quartier Mbour Tefess que Cheikh Issa Sall voit le jour en 1973. Il débute ses humanités à l’école annexe de Mbour, après il rejoint le Collège d’enseignement secondaire (Ces 3), puis le Lycée Demba Diop. Après son baccalauréat en série A, obtenu en 1994, il débarque à Dakar et s’inscrit à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar à la faculté des sciences juridiques et politiques. Quatre années plus tard, en 1998, il décroche une maîtrise en droit public (option Administration publique). L’année suivante, il passe avec brio le concours de l’Ena option administration générale. Il y fera deux ans. Dans le groupe d’amis qu’il s’est constitué, figure Ousmane Sonko qui sort comme Inspecteur des impôts et domaines. Entre les deux amis, tout va bien. A l’Ena, ils ont de bonnes relations empreintes de cordialité et de respect. A leur sortie de cette prestigieuse école, ils maintiennent cette amitié, jusqu’à ce que la politique s’en mêle outrageusement.

«Ousmane Sonko, explique Cheikh Issa Sall, c’est mon ami, mon promotionnaire, mais depuis qu’on a choisi des chemins différents en politique, on ne se fréquente plus, on ne se voit plus. Nous nous fréquentions. Nous partageons un cercle d’amis et il venait aux cérémonies familiales chez moi, comme j’allais chez lui. Je ne dirai pas qu’il n’est plus un ami, mais j’ai été choqué de l’entendre démentir son audience avec Mansour Faye.» Un acte répréhensible, aux yeux de ses détracteurs qui l’accusent d’être un lâche doublé d’un couard qui a voulu dévorer «le dernier juste», «le dernier courageux» de l’opposition sénégalaise pour sauver «l’un des plus irresponsables du gouvernement.» «Dans cette affaire, réplique Caro Gassama, Cheikh Issa n’a rien fait de mal. Il a montré que c’est quelqu’un de véridique. Il était le témoin, c’était à lui de rétablir la vérité, en plus Mansour Faye est presque comme son frère. Il lui devait bien ça. C’est un homme digne de confiance, un ami sur qui on peut compter. Il n’avait pas le droit de laisser Sonko continuer à raconter des contrevérités.»

Avant de travailler avec Mansour Faye, beau-frère du président de la République, Cheikh Issa Sall a servi au cœur de l’Etat. Il a travaillé, en 2001, aux côtés du Général Mamadou Niang, alors ministre de l’Intérieur, comme chef division administration territoriale avec rang de Préfet. Entre 2007 et 2012, il est tour à tour, directeur de Cabinet du ministère de la Santé et de l’action sociale, du ministère des Sénégalais de l’Extérieur, du ministère du Travail et des Organisations Professionnelles. Entre-temps, Cheikh Issa Sall a réussi au concours de recrutement de magistrats de la Cour des comptes en 2003 et y reste jusqu’en 2007, avec rang de conseiller. Il évolue à la chambre des collectivités locales. «Lorsque le concours de recrutement des magistrats de la Cour des comptes s’est ouvert, j’ai déposé ma candidature. J’ai eu la chance de faire partie des trois candidats retenus. J’étais classé deuxième et j’ai intégré la Cour des comptes en 2003», se rappelle-t-il, un brin fier. De son passage dans l’administration, ses proches gardent le souvenir d’un fonctionnaire rompu à la tâche. Modou Diop est son ami d’enfance. Il a cheminé avec Cheikh Issa Sall plus de 30 ans.

Il témoigne : «C’est un homme intègre, sérieux, travailleur et très ambitieux. C’est un homme qui est très véridique. C’est quelqu’un qui n’est pas dans des positions partisanes. Il est surtout animé par l’intérêt général. Quand il s’agit d’aller au front pour au moins rétablir la vérité, il se donne à fond. C’est quelqu’un qui est prêt à se sacrifier pour mettre son pays sur les rails de l’émergence. Depuis son enfance, il s’est distingué dans des activités d’intérêt général. Il est très généreux en termes de partage de ses idées, de son expérience, de ses biens. C’est quelqu’un de très disponible.» «Un lèche-botte plutôt qui sait ménager ses intérêts et pas sa dignité», accuse un militant de Pastef de Mbour qui a eu à cheminer avec Cheikh Issa Sall, avant de le laisser poursuivre son engagement à l’Apr de Macky Sall.

2010, la rencontre avec Macky Sall

En poste au ministère du Travail et des organisations professionnelles, il rencontre par le plus grand hasard, Macky Sall, qui vit des heures sombres en politique. Chassé du perchoir de l’Assemblée nationale comme un malpropre, maudit par son mentor politique, Me Abdoulaye Wade, Macky Sall qui vient de créer l’Alliance pour la république (Apr), cherche à massifier son parti. Une matinée de 2010, il rencontre Cheikh Issa Sall à Dakar, lors d’un baptême. «Macky Sall, nous avions des amis en commun. Ce jour-là, nous avons passé beaucoup de temps ensemble. Nous avons beaucoup discuté et après, je lui ai fait part de ma volonté de le soutenir. J’avais constaté qu’il y avait beaucoup de problèmes dans notre pays. Et j’avais suivi de très près les brimades dont Macky faisait l’objet parce que tout simplement, il avait affiché ses ambitions. Il a subi beaucoup d’injustices.» Au point d’aller à l’encontre des textes qui régissent le statut de magistrat de la Cour des comptes ?

«En 2010, j’ai commencé à soutenir l’opposant Macky Sall d’une manière officieuse, précise-t-il. Je le considère comme un ami, un grand-frère. Je l’ai soutenu jusqu’à sa victoire en 2012, comme je ne pouvais pas le faire publiquement à cause de mon statut de magistrat. Quand j’ai eu une disponibilité en 2015, j’ai créé l’année suivante, le mouvement ’’Agir avec Macky pour le développement de Mbour’’ (Amdem) qui se trouve être un cadre d’animation politique, de massification au sein de l’Alliance pour la république (Apr). C’est un mouvement qui évolue dans le département de Mbour, mais plus précisément dans la commune.»

«Aliou Sall l’ami, Mansour Faye le frère»

Dans la famille présidentielle, Cheikh Issa Sall ne semble pas avoir de sens interdit. Aussi bien dans la famille Sall que dans la famille Faye, Cheikh a des entrées. «Aliou Sall et Mansour Faye sont des amis proches. Nous sommes des frères. Au début, j’avais juste une relation de travail avec Mansour Faye, au fil du temps, il est devenu un frère.» Sa relation avec Mansour Faye se solidifie en 2012, quand Cheikh Issa Sall est nommé secrétaire Général de la Délégation Générale à la Protection sociale et à la Solidarité nationale, dirigée par Mansour Faye. Quand le beau-frère du Président est nommé ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, il fait de Cheikh Issa Sall son directeur de cabinet. C’était en juin 2014. Cheikh Issa Sall y reste jusqu’en juillet 2015. «J’ai postulé à un appel à candidatures pour être le directeur général de l’Agence de développement municipal (Adm) pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Mon mandat a été renouvelé en juin 2020.»

Des relations privilégiées avec la famille Faye-Sall qui ont donc justifié cette perche tendue à Mansour Faye. Cheikh Issa Sall : «L’audio concerne deux personnes : Mansour Faye et moi, j’ai écouté et j’ai fait écouter à Mansour Faye. Ce n’est pas moi qui ai mis l’audio sur la place publique. Maintenant, il faut demander à celui qui a fait fuiter l’audio, comment il a fait pour l’avoir. Je savais que tôt ou tard, j’allais intervenir dans ce débat parce que j’étais le seul témoin, quand Sonko avait besoin de rencontrer le Président. Cela fait plusieurs années, qu’il n’y a pas eu d’échanges entre nous. Il n’a pas été demandeur : C’est enfantin ce que Sonko dit. Son objectif n’était pas de me piéger, il ne voulait juste pas que j’intervienne dans le débat. Il essayait de m’amadouer pour me demander de rester à l’écart de l’affaire.»

Son ami Modou Diop est aussi le premier vice-président de l’Amdem. Il ajoute : «C’est un homme qui est trop sincère. Quand il s’agit de dire la vérité, il la dit comme elle est. Il n’a pas divulgué une conversation privée. Ce n’est même pas dans ses habitudes. Au contraire, il a la réputation de quelqu’un qui sait gérer des informations confidentielles parce que c’est un haut fonctionnaire de l’administration sénégalaise. Il a partagé l’audio avec Mansour Faye qui est aussi concerné par cette affaire, il n’y a pas de confidentialité à ce niveau. Cheikh Issa Sall avait normalement le droit de partager cette information avec Mansour Faye qui est son ami.»

Relations heurtées avec Oumar Youm

Tout le contraire de ses relations avec le ministre des Infrastructures et des transports terrestres et du désenclavement, Oumar Youm. Avec son mouvement politique ‘’Amdem’’, Cheikh Issa Sall veut bousculer la hiérarchie politique de Mbour. Dans les rangs de l’Apr, le coordonnateur départemental s’appelle Oumar Youm. Il ne compte pas se laisser ravir la vedette. La première fissure est opérée quand Cheikh Issa Sall organise un meeting pour célébrer le premier anniversaire de son mouvement. Oumar Youm est aux abonnés absents, parce que selon lui, n’ayant pas été invité. Ce que Cheikh Issa Sall bat en brèche. «En tant que coordonnateur départemental de l’Apr, ce n’est pas son rôle de minimiser le travail que nous faisons. Il est temps pour lui ou certains qui pensent comme lui, de se ressaisir pour comprendre que nous sommes incontournables.

Par rapport à ce qu‘il a dit, il est facile de le démentir, il a été bel et bien invité et pour preuve, nous lui avons envoyé la même correspondance que celle envoyée au président de la République, au président de l’Assemblée nationale et au président du Haut conseil des collectivités territoriales. En plus de ça, nous lui avons envoyé une note de 3 pages pour lui expliquer toutes les activités que nous allons faire et lui avons remis les cartons d’invitation. Mieux, je me suis rendu, en compagnie de Mbaye Diouf Dia de Mbour Petite Côte, à son bureau au Palais, et là-bas, vous savez que les traces existent, car ce n’est pas facile d’y entrer et son nom et son image figurent sur tous les spots. Autant de faits qui prouvent qu’il a été invité. S’il veut un adversaire, il n’a qu’à aller le chercher dans l’opposition».

Cheikh Issa Sall l’accuse même de lorgner le fauteuil du Président Sall. Leurs relations sont d’autant plus heurtées, puisque Cheikh Issa Sall ne cache pas son intérêt pour la mairie de Mbour. Mais depuis, selon le patron de l’Amdem, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. «Le débat ne se pose plus par rapport à la représentativité de tel ou tel autre responsable. Si on veut gagner, il faut mettre les personnes qu’il faut à la place qu’il faut. Et il n’y aura pas de problème.

Actuellement, il y a un gentlemen agreement entre Oumar Youm et moi. Ce qu’on ne veut pas, c’est qu’on mette certains responsables contre d’autres dans le département. Nous avons toujours voulu que l’on soit une famille dans notre parti et éviter les calculs de politique politicienne. Cela a été le cas en 2014, ce qui a fait qu’on a perdu la commune.» Son appel pour l’union sacrée à Mbour est bien possible, selon sa collaboratrice Caro Gassama : «c’est un homme loyal, bon et généreux. Un homme qui respecte l’humain. C’est un excellent leader. Il ne vit pas de la politique. C’est un homme avenant. Il a le sens de l’écoute. Il a toutes les qualités d’un bon politicien. Il est surtout loyal.» Tout le contraire de ce que pense ses détracteurs qui ont fini de se faire une religion sur l’homme Cheikh Issa Sall qui ne serait qu’un traître à leurs yeux. Un homme qui a sacrifié ses vieilles relations avec un camarade de promo sur l’autel de la politique.

CODOU BADIANE ET OUSSEYNOU MASSERIGNE GUEYE

1 COMMENTAIRE

  1. C’est ce torchon de griot digne de lèche-botte que vous voulez présenter comme un bon article . Pouah ! Vous pouvez rincer cet entonnoir à l’eau de javel et même à l’acide , il en resterai qu’à même qu’il soit un très sale énergumène sans vergogne ni honneur.
    Allez lui confier donc vos plus grands secrets pendant que vous y êtes.

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