Mercredi 9 janvier 2019, le général Cheikh Sène, à l’époque Haut commandant de la gendarmerie nationale, annonçait le démarrage, « avant la fin du premier trimestre de 2019 », du projet de dématérialisation des amendes forfaitaires sur les routes. Finalement, la phase pilote ne sera officiellement lancée que près de deux ans plus tard, le 31 décembre 2020.
La cérémonie, présidée par le directeur général du Trésor, Cheikh Tidiane Diop, en présence des représentants des structures membres du comité de pilotage, la police, la gendarmerie, la direction des Transports terrestres et la plateforme Diotali en tant que prestataire, donnait le coup d’envoi des opérations. Celles-ci devaient d’abord se dérouler pendant 30 jours à Dakar, la région pilote. Mais depuis lors, le projet, qui va faciliter la vie des automobilistes, est plombé.
Lorsque l’on interroge les parties prenantes, les uns refusent catégoriquement de se prononcer sur le sujet tandis que les autres, qui acceptent de s’exprimer sous anonymat, évoquent du bout des lèvres « les lenteurs d’une administration réfractaire au changement, malgré les directives du président de la République pour une dématérialisation du service public ». Sans plus de précision.
Diotali est une société 100% sénégalaise. Elle a développé la première solution de dématérialisation et de collecte d’amendes forfaitaires jusque-là unique dans la zone CEDEAO.
Le projet fait suite à un arrêté du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan qui prévoit le règlement par voie électronique des dépenses et recettes de l’administration publique. Ce dispositif permet aux usagers de gagner un temps énorme. Interrogé par la RFM, Mor Sakho Thioye du Regroupement des transports modernes du Sénégal, a déclaré que ce système permet de réduire le délai de paiement des contraventions de 3-4 heures à 3 minutes maximum.
Démonstration : dès que la contravention lui est notifiée, le contrevenant remet son permis de conduire au policier ou au gendarme. Ce dernier lui délivre une attestation. Contre paiement de l’amende auprès du verbalisateur, qui est muni d’un TPE (Terminal de paiement électronique), par mobile money, carte bancaire, cash…, au niveau des points de services installés dans les stations d’essence, centres commerciaux, superettes, cafés…, le contrevenant reçoit un reçu de paiement. Il présente celui-ci à l’agent. Lequel enregistre les informations et valide le paiement avec le TPE en sa possession. Cette opération accomplie, il remet son permis au conducteur, qui pourra ainsi poursuivre sa route.
Ce système moderne et unique en Afrique de l’Ouest permet au Trésor public de sécuriser le paiement des contraventions. Il s’agit, pour le général Cheikh Sène, d’un outil d’« optimisation du temps de présence des gendarmes sur la route et d’évaluation de (leurs) performances avec des statistiques plus affinées sur l’activité de police de la circulation ».
Après Dakar, le projet sera étendu à l’intérieur du pays. Il rentre dans le cadre de l’Axe 2 de la Stratégie Sénégal numérique 2016-2025 : la mise en place d’une « administration connectée au service du citoyen et des entreprises », avec notamment « la généralisation de la télé déclaration et le télépaiement des impôts et taxes ».
Ce dispositif figure parmi les objectifs du Plan Sénégal émergent, le nouveau référentiel des politiques publiques pour l’horizon 2035. Mais malgré ses bienfaits et ses enjeux, le projet de dématérialisation des amendes forfaitaires, qui est très attendu par les automobilistes, est aujourd’hui au point mort.
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