Trois quotidiens russes publient ce 10 juin une Une commune en soutien à Ivan Golounov. Ce journaliste russe d’investigation est accusé de trafic de drogue, une affaire qu’il dénonce comme montée de toutes pièces.
« Je suis, nous sommes Ivan Golounov », proclame la Une publiée par les influents Kommersant, Vedomosti et RBK. Ce nom, c’est celui d’un reporter du média indépendant en ligne Meduzaréputé pour ses enquêtes sur la corruption à la mairie de Moscou ou les malversations entourant des secteurs opaques comme les microcrédits ou les pompes funèbres. Il a été arrêté jeudi 6 juin et assigné à résidence deux jours plus tard par un juge
Selon la police, il a tenté de vendre « une quantité importante » de cocaïne et de méphédrone, une drogue de synthèse. Des accusations que le journaliste – sur les mains duquel des tests n’ont pas permis de trouver trace de drogues – rejette, il affirme qu’elles sont liées à ses enquêtes, notamment sur le partage mafieux du « business des cimetières » à Moscou.
Des preuves « pas convaincantes »
Estimant dans une déclaration commune « que les preuves de culpabilité d’Ivan Golounov, fournies par les enquêteurs, ne sont pas convaincantes et que les circonstances de son arrestation font beaucoup douter qu’elle ne se soit déroulée avec violation de la loi », Kommersant, Vedomosti et RBK lui apportent donc leur soutien. N’excluant pas « que l’interpellation et l’arrestation de M. Golounov soient liées à ses activités professionnelles », ils exigent « une vérification détaillée des actes des policiers impliqués dans l’arrestation d’Ivan Golounov […] et une transparence maximale lors du déroulement de l’enquête ».
Journalistes – y compris de médias officiels – mais aussi artistes et personnalités politiques ont déjà affiché leur support à Ivan Golounov depuis son arrestation. Ce samedi, des centaines de personnes se sont ainsi réunies devant le tribunal qui l’a assigné à résidence, alors que l’accusation demandait son incarcération.
L’arrestation d’Ivan Golounov, qui encourt jusqu’à 15 ans de prison, constitue pour les soutiens du journaliste une nouvelle étape dans les pressions dont font l’objet les médias en Russie. Un soupçon renforcé par les errements de la police russe : elle a publié plusieurs photos présentées comme venant de la scène du supposé crime et montrant un véritable atelier de fabrication de drogue…. puis a reconnu qu’elles n’avaient pas été prises chez le journaliste.
Rfi