Une nouvelle poussée de fièvre a agité la ville de Kasserine, dans le centre-ouest de la Tunise, suite à la mort d’un journaliste dans la nuit du 24 au 25 décembre. Plusieurs villes de l’intérieur du pays ont connu des violences ces derniers jours, signe d’une pression sociale étouffante dans les régions reculées du pays.
Kasserine, Foussana, Tebourba et Jebiniana ont connu des heures difficiles après la mort d’Abdel Razzaq Zorgui, journaliste trentenaire qui couvrait depuis plusieurs semaines une protestation de chômeurs.
Malgré le message vidéo dans lequel il annonçait son immolation par le feu pour, disait-il, « déclencher seul une révolution », la police doute désormais que le père de famille ait lui-même allumé l’incendie qui lui a été fatal. Un suspect serait entre les mains des autorités.
Extrême pauvreté et chômage de masse
Les affrontements entre jeunes et forces de l’ordrequi se produisent depuis la mort du cameraman ont donné lieu à une trentaine d’arrestations. Redoutant une manipulation contre le pouvoir en place, le ministre de l’Intérieur a annoncé l’arrestation de personnes qui auraient « distribué de l’argent et des cartes de recharges téléphoniques aux manifestants afin de troubler l’ordre public ».
De leur côté, les avocats exerçant à Kasserine sont entrés dans le mouvement en manifestant. Ils affichent leur solidarité avec les protestataires. Certains annoncent même leur intention de défendre les jeunes récemment arrêtés par la police.
Les manifestants dénoncent l’extrême pauvreté, les humiliations récurrentes, le chômage de masse et la pression sociale qui pèsent sur les jeunes de la région, l’une des plus pauvres du pays. Huit ans après avoir été l’un des lieux déclencheurs de la révolution, cette ville de l’intérieur des terres attend toujours les retombées économiques pour lesquels tant de jeunes s’étaient révoltés.
Rfi