Régulièrement accusé de dérive autoritaire, le président turc Recep Tayyip Erdogan a dévoilé ce mardi 2 mars les grandes lignes d’un « plan d’action » censé élargir les droits humains en Turquie.
Les autorités turques assurent avoir consulté depuis 2019 plus de 1 500 personnes – dont des ONG de défense des droits humains – pour préparer le plan d’action présenté ce mardi par Recep Tayyip Erdogan. Mais après une heure de discours et des dizaines d’annonces parfois très vagues ou au contraire très techniques, les avancées sont loin d’être à la hauteur des attentes des défenseurs des droits de l’homme.
Le chef de l’État a notamment affirmé vouloir renforcer la liberté d’expression, assurant que « personne ne pouvait être privé de liberté pour avoir exprimé une critique ». Tout en ajoutant aussitôt : « dans la mesure où ils respectent les droits personnels des autres ». Une telle limitation n’empêchera donc pas l’ouverture, chaque année, de milliers de procès pour « insulte au chef de l’État », observe notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer.
Sur un autre point très attendu, Recep Tayyip Erdogan a certes fixé comme objectif la limitation des mesures de détention préventive, mais il n’a rien annoncé ni pour renforcer l’indépendance des tribunaux, ni pour garantir l’application des décisions de la Cour européenne des droits de l’homme, ni pour restreindre la définition légale du crime de « terrorisme », comme l’UE le réclame.
Le président a pourtant affirmé que ce plan d’action devrait permettre à son pays de remplir tous les critères définis par l’Union européenne pour exempter les citoyens turcs de visas Schengen.
Les annonces de ce mardi interviennent en effet avant un sommet à Bruxelles le 25 mars lors duquel les dirigeants européens doivent examiner une « feuille de route » sur l’avenir des relations avec la Turquie. Les rapports entre Ankara et les pays occidentaux se sont dégradés depuis 2016, notamment à cause des purges lancées par Recep Tayyip Erdogan contre des opposants, des médias critiques et la société civile après un putsch manqué.