Twitter suspend les comptes de plusieurs journalistes couvrant Elon Musk

Twitter a suspendu jeudi les comptes de plusieurs journalistes ayant évoqué la suspension par la plateforme de microblogging d’un compte rendant publics les trajets du jet privé d’Elon Musk. Le milliardaire, nouveau propriétaire du réseau social, a justifié la décision en affirmant que les règles interdisant la divulgation de données personnelles s’appliquaient à tous, y compris aux journalistes.

Des journalistes du Washington Post, du New York Times ou encore de CNN ont vu, jeudi 16 décembre, leurs comptes suspendus par Twitter. Ces journalistes, qui couvraient le réseau social ainsi que son nouveau propriétaire Elon Musk, avaient tweeté à propos de la décision prise mercredi par Twitter de suspendre un compte qui rendait publics les trajets du jet privé d’Elon Musk.

Le nouveau patron de Twitter, qui se présente comme un chantre de la liberté d’expression, a défendu la décision dans un tweet : « Les règles relatives au doxxing (divulgation d’informations personnelles sur Internet, NDLR) s’appliquent autant aux ‘journalistes’ qu’aux autres. » La plateforme de microblogging interdit en effet de rendre publiques des informations privées sur le Net.

Twitter avait suspendu mercredi le compte @ElonJet, qui suivait les déplacements du jet privé d’Elon Musk en temps réel.
« Suspension impulsive et injustifiée »
« La suspension impulsive et injustifiée d’un certain nombre de reporters comme celui (du journaliste) de CNN Donie O’Sullivan est inquiétante mais pas surprenante », a réagi CNN dans un communiqué.

« L’instabilité et la volatilité croissante de Twitter est particulièrement préoccupante pour quiconque utilise la plateforme. Nous avons demandé une explication à Twitter, et nous réévaluerons notre relation en fonction de cette réponse », ajoute CNN.

— Elon Musk (@elonmusk) December 16, 2022
Elon Musk avait tweeté mercredi que la voiture qui transportait son enfant avait été suivie à Los Angeles par un « harceleur cinglé ». Le patron de Twitter, pointant du doigt le compte @ElonJet, qui suivait la localisation de son jet privé, annonçait qu’il allait poursuivre en justice la personne derrière ce compte.

Créé par un étudiant et suivi par environ 500 000 personnes, @ElonJet utilisait les données publiques pour indiquer, de façon automatique, quand et où l’appareil d’Elon Musk décollait et atterrissait.

Twitter avait communiqué par la suite pour annoncer que son règlement interdisait désormais la plupart des tweets indiquant la position de quelqu’un en temps réel. « Poster la position géographique de quelqu’un en temps réel viole le règlement sur le ‘doxing’, mais le mettre en ligne en différé est autorisé », avait tweeté, mercredi, Elon Musk.

À son arrivée à la tête de Twitter, Elon Musk avait promis de ne pas toucher au compte @ElonJet. Mais depuis son rachat de la plateforme pour 44 milliards de dollars, le milliardaire a envoyé des messages contradictoires sur ce qui y est autorisé ou non.

Fervent défenseur d’une grande liberté d’expression – tant que les propos respectent la loi –, il a rétabli des comptes auparavant bannis par le réseau social, dont celui de Donald Trump.

Mais il a aussi suspendu celui de Kanye West après la publication de plusieurs messages jugés antisémites et refusé le retour sur la plateforme du complotiste d’extrême droite, Alex Jones.

Inquiétude de Berlin
Après la suspension des comptes de journalistes, le ministère allemand des Affaires étrangères a manifesté vendredi son inquiétude pour la liberté de la presse. « La liberté de la presse ne doit pas être activée et désactivée à convenance », écrit le ministère sur son compte Twitter. « Pour cette raison, nous avons un problème avec Twitter », ajoute la diplomatie allemande.

Avec AFP et Reuters