UCAD: 34 étudiants blessés, un défiguré par une bombe lacrymogène, le service médical dépassé

UCAD: 34 étudiants blessés, un défiguré par une bombe lacrymogène, le service médical dépassé
UCAD: 34 étudiants blessés, un défiguré par une bombe lacrymogène, le service médical dépassé

Les cas de blessés dans les rangs des étudiants sont énormes. Dans le décompte, on note 34 étudiants blessés et un gravement défiguré par une bombe lacrymogène. Certains d’entre eux ont été évacués à l’hôpital Fann. La direction du COUD (centre des œuvres universitaires de Dakar) n’a pas échappé à la furie des apprenants qui réclamaient leurs bourses.
Une marée estudiantine a battu mercredi le macadam. Et comme d’habitude, la confrontation entre étudiants et policiers était inévitable. Une pluie de pierres a arrosé l’avenue Cheikh Anta Diop. Déterminés, les étudiants tenaient à en découdre avec les policiers. Les raisons de la colère ? Ils sont restés trois mois sans percevoir leur bourse. Et n’en pouvant plus, ils ont envahi la rue pour se faire entendre des autorités. Modou Gningue, vêtu en Lacoste blanc entaché de sang, une grosse pierre à la main droite, est déterminé à affronter les forces de l’ordre.

Entre deux insultes aux policiers, la rage au cœur, il déclare : « Nous voulons nos bourses et les réclamons. Nous sommes restés trois mois sans bourse. Vous pensez que cela est normal. Pourquoi il faut toujours en arriver là pour obtenir satisfaction. Nous ne sommes pas violents, mais c’est l’Etat qui refuse de grandir. Il faut rappeler à qui veut l’entendre que nous venons de loin. Nous n’avons que ces bourses pour subvenir à nos besoins ». Il faut dire que l’atmosphère est gazée avec les bombes lacrymogènes balancées de façon désinvolte par les forces de l’ordre.

Dans cette marée humaine, une demoiselle, yeux larmoyants, se distingue. Mais rien ne peut l’empêcher d’aller au front avec les éléments de la police. Elle n’a pas le temps de répondre, ni de décliner son identité. « Les autorités veulent tout simplement notre échec. Elles savent que sans nos bourses, nous ne pouvons pas étudier comme il faut. Par conséquent, cette situation nous mène directement dans le gouffre. Et avant d’en arriver là, nous allons leur montrer que nous sommes déterminés. Ils veulent gâcher le système universitaire public, car leurs enfants sont dans les universités privées ou à l’extérieur » fustige une interlocutrice du journal Le Témoin, pressée de retrouver ses camarades.

Les échanges de pierres entre étudiants et policiers, faisaient dévier les automobilistes qui cherchaient d’autres voies pour fuir la furie estudiantine. La belle devanture du campus avec l’imposante statue du grand savant Cheikh Anta Diop sur l’avenue du même nom, était méconnaissable. A l’intérieur, le petit jardin public, si verdoyant, accueillait pierres et autres poubelles déversées et qui jonchaient le sol. Subitement, dans cette ambiance, on entend le cri de détresse d’un étudiant.

Le visage ensanglanté, le jeune homme courait dans tous les sens ne pouvant plus voir. Le visage complétement défiguré par une grenade lacrymogène, ses cris de détresse décuplèrent la rage des étudiants qui s’opposèrent rudement aux forces de l’ordre. Dans la mêlée, un étudiant se retrouve entre les mains des policiers.

Le service médical de l’université débordé
Ils sont nombreux au service médical de l’université Cheikh Anta Diop à chercher à panser leurs blessures. Des traces de sang un peu partout dans les couloirs. Les blessés sont dans la salle d’attente, espérant voir le médecin chef. Ce dernier refuse de se prononcer sur la nature des blessés. Dans l’autre service médical, situé au niveau du terrain de football, le constat reste le même avec des étudiants cherchant à être pris en charge. Mais au niveau du corps médical, impossible de leur tirer un seul mot. C’est l’omerta.

La direction du COUD (Centre des Œuvres Universitaire de Dakar) n’a pas échappé à la colère des étudiants. Le bureau qui se trouve au-dessous du pavillon B est totalement caillassé par les étudiants. Une journée noire dans le campus dans une période de crise sanitaire.