Les 27 ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne sont réunis à Bruxelles physiquement pour la première fois cette année. Au menu de leurs discussions : la situation à Hong-Kong, en Russie, au Venezuela et en Birmanie. Les Européens débattent depuis plusieurs jours de l’opportunité d’imposer des sanctions à ces divers pays et en particulier à l’encontre de la junte militaire birmane mais ils n’ont apparemment pas réussi à trouver un consensus suffisant ce lundi.
Pas de consensus européen ce lundi sur la Birmanie. Et pourtant, depuis le coup d’État du 1er février, l’Union européenne n’a eu de cesse de condamner l’action de l’armée, explique notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet.
Après la mort de manifestants, samedi, le chef de la diplomatie européenne Joseph Borrell avait de nouveau appelé à mettre fin aux violences à l’encontre des civils. Mais cela n’a pas suffi. Les ministres des Affaires étrangères ont donc fait de la situation en Birmanie le premier sujet de leurs discussions ce lundi. Et en fin de compte, ils ont décidé de laisser ouvertes les voies de communication diplomatiques.
Ils se sont en effet contentés d’appeler à la désescalade, à la libération immédiate et sans condition d’Aung San Suu Kyi et du président Win Myint et à la restauration du gouvernement civil. Ils se disent prêts néanmoins à adopter des mesures restrictives, c’est-à-dire des sanctions à l’encontre des responsables du coup d’État, mais des sanctions « classiques » de l’Union européenne : gel des avoirs détenus en Europe et interdiction de visa Schengen.
Certains, dans l’Union européenne, se posent actuellement la question de l’efficacité de ces sanctions, alors que sur les vingt dernières années, la Birmanie n’a été exempte de sanctions qu’entre 2013 et 2018, sauf pour l’embargo sur les armes, en place depuis au moins vingt-cinq ans.
Sanctions ciblées contre la Russie
Concernant la Russie, Josep Borrell a fait un compte rendu à ses homologues de sa récente visite à Moscou, début février. « Les autorités russes n’ont pas voulu saisir l’occasion d’avoir un dialogue plus constructif », avait regretté le chef de la diplomatie européenne. Les présidents des institutions européennes, à commencer par la présidente de la Commission Ursula Von der Leyen, ont déjà réclamé la libération immédiate de l’opposant russe Alexeï Navalny et dénoncé sa condamnation à près de trois ans de prison juste avant la visite à Moscou de Josep Borrel.
Les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont décidé lundi l’adoption de nouvelles sanctions ciblées contre les responsables des poursuites judiciaires engagées contre l’opposant, selon des sources diplomatiques, rapporte l’Agence France-Presse. Josep Borrell a été chargé de proposer une liste de noms de responsables russes à sanctionner, mais aucun oligarque ne devrait être concerné, ont précisé les diplomates.
Or l’opposant russe Alexeï Navalny avait averti les députés européens en novembre 2020, pendant sa convalescence en Allemagne où il était soigné après avoir été empoisonné en Russie : « L’UE devrait cibler l’argent, les oligarques, pas seulement les anciens oligarques, mais les nouveaux, membres du cercle proche de Poutine ».
Les proches de Navalny se sont dits déçus. « S’il s’agit de sanctionner dix fonctionnaires du Kremlin qui n’aiment pas voyager à l’étranger et n’ont pas de biens à l’étranger, alors ça ne sera pas douloureux et cela ne transmettra pas le message », a averti Leonid Volkov, venu à Bruxelles plaider pour des sanctions européennes contre les oligarques proches du président Poutine.
Les Européens se sont concertés ce lundi en visioconférence avec le nouveau secrétaire d’État américain Antony Binken sur leurs difficiles relations avec la Russie. Ils restent divisés face au Kremlin. « Nous devons chercher des façons de dialoguer avec Moscou, nous avons besoin de l’aide de la Russie dans nombre de conflits internationaux », avait fait valoir le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas en arrivant à Bruxelles.
Un commandant vénézuélien sanctionné
Autre pays dans le collimateur de l’Union européenne, le Venezuela. L’Union européenne a ajouté 19 hauts fonctionnaires à la liste des personnalités du régime de Nicolas Maduro déjà frappées de sanctions. Parmi ces nouveaux entrants, deux députés, un gouverneur, le commandant des forces armées Remigio Ceballos Ichaso, et trois responsables du Conseil électoral, dont sa présidente Indira Maira Alfonzo Izaguirre.
Avec cette décision, l’Union européenne aura sanctionné au total 55 responsables et hauts fonctionnaires chavistes. Ils ont désormais l’interdiction de voyager et leurs avoirs sur le territoire de l’Union sont gelés. Les ministres des Affaires étrangères parlent de mesures ciblées sans conséquences humanitaires pour la population vénézuélienne.
Les 19 personnes sanctionnées ce lundi 22 février sont jugées responsables d’avoir porté atteinte aux droits électoraux de l’opposition et au fonctionnement démocratique de l’Assemblée nationale, a précisé l’Union européenne qui n’a pas reconnu les résultats des élections législatives de décembre dernier.
D’après l’UE, la situation politique au Venezuela s’est encore détériorée avec ce scrutin, ce qui justifie des mesures supplémentaires contre des responsables du pays.
Le président Nicolas Maduro a vivement dénoncé ce lundi les sanctions prises par l’Union européenne et les États-Unis contre son pays, des sanctions jugées arbitraires et contraires à l’esprit de l’ONU comme l’indique le communiqué du ministre des Affaires étrangères.
RFI