Moscou a annoncé jeudi le début du retrait de ses troupes massées près de l’Ukraine et en Crimée annexée, tandis que Vladimir Poutine s’est dit prêt à recevoir le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
La Russie a annoncé, jeudi 22 avril, qu’elle lancerait dès le lendemain le retrait de ses troupes massées près de l’Ukraine et en Crimée annexée, mettant fin à une présence militaire qui inquiétait l’Occident et Kiev.
Dans un autre signe apparent de désescalade, le président russe, Vladimir Poutine, a dit être prêt à recevoir « à n’importe quel moment » son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, à Moscou pour parler des relations bilatérales délétères entre leurs deux pays.
Il l’a toutefois renvoyé vers les séparatistes pour parler du règlement du conflit dans l’Est, qui connaît une flambée de violences depuis le début de l’année.
La présence de ces dizaines de milliers de soldats près de l’Ukraine, qui combat depuis 2014 des séparatistes pro-Russes dans l’est du pays, a grandement alimenté les tensions entre Moscou, Kiev et les Occidentaux et donné lieu à des passes d’armes verbales.
L’Otan a pris note de l’annonce du retrait des soldats russes mais « reste vigilante », a déclaré un responsable de l’Alliance. « Toute mesure de désescalade de la part de la Russie serait importante et aurait dû être prise depuis longtemps. L’Otan reste vigilante (…) et nous continuons d’appeler la Russie à retirer toutes ses forces du territoire ukrainien », a affirmé ce responsable dans un communiqué.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, s’est lui aussi félicité de ce retrait, estimant qu’il conduisait à « une réduction proportionnelle de la tension » tout en assurant que son pays restait « vigilant ». Les autorités ukrainiennes avaient jusque-là accusé la Russie de chercher à « détruire » leur pays et de préparer une invasion.
« Les troupes ont démontré leur capacité à assurer une défense fiable du pays »
Moscou a rétorqué que ses soldats menaient des « exercices » destinés à faire face aux « actes menaçants » de l’Otan à ses frontières orientales et aux « provocations » de Kiev. Et le Kremlin a souligné à plusieurs reprises « ne menacer personne ».
« Les troupes ont démontré leur capacité à assurer une défense fiable du pays. J’ai donc décidé d’achever les activités d’inspection dans les districts militaires du sud et de l’ouest », frontaliers de l’Ukraine, a déclaré le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou. Les soldats déployés rentreront avant le 1er mai, a-t-il ajouté.
Ce dernier était arrivé quelques heures plus tôt dans cette péninsule annexée par la Russie en 2014 pour assister à l’une des phases de ces exercices militaires impliquant 10 000 militaires, l’aviation, une quarantaine de navires de guerre, la défense antiaérienne et des troupes aéroportées.
En recevant à Moscou jeudi son allié, le président biélorusse Alexandre Loukachenko, Vladimir Poutine a lui assuré qu’il se « féliciterait » de toute tentative de Kiev de restaurer de bonnes relations avec la Russie, malgré les « nombreuses mesures [ukrainiennes] visant à les détruire ».
Mardi, Volodymyr Zelensky avait proposé à Vladimir Poutine une rencontre dans la zone de conflit avec les séparatistes pro-Russes dans l’est de l’Ukraine.
Le conflit entre Kiev et les séparatistes pro-Russes se poursuit
Avant les manœuvres de vendredi en Crimée, plusieurs autres exercices avaient eu lieu les jours précédents en mer Noire, tandis que des dizaines de milliers de soldats – jusqu’à 100 000 selon l’Union européenne – étaient massés aux frontières ukrainiennes et en Crimée.
Moscou a aussi limité pour six mois la navigation de navires militaires et officiels étrangers dans trois zones au large de la péninsule annexée, notamment autour de la presqu’île de Kertch.
Cette dernière zone est la plus controversée, car proche du détroit de Kertch, reliant la mer Noire à la mer d’Azov, qui est d’une importance cruciale pour les exportations de céréales ou d’acier produits en Ukraine. Ces restrictions avaient été dénoncées comme une « escalade » par Washington.
Si le retrait des troupes russes devrait faire baisser la tension, le conflit entre Kiev et séparatistes pro-Russes se poursuit dans l’est de l’Ukraine et a fait des dizaines de morts depuis janvier. Un soldat ukrainien a été tué jeudi dans un bombardement sur la ligne de front, selon l’armée ukrainienne.
Peu avant l’annonce de la fin des manœuvres russes, des militaires ukrainiens postés près de la localité de Pisky, en périphérie de Donetsk, l’un des bastions des séparatistes, doutaient encore de la possibilité de résoudre la crise par le dialogue.
« Tout est dans l’impasse, personne ne veut régler le conflit par les moyens diplomatiques, mais personne ne veut la guerre non plus », a relevé Kyrylo, 35 ans, un militaire chargé de la reconnaissance.
Avec AFP