Une rentrée globalement réussie malgré les réserves des enseignants

Le ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, a affiché partout sa « satisfaction par rapport à la belle reprise de l’école », syndicalistes d’enseignants et enseignants, chefs d’établissements scolaires et élèves, bien qu’ayant répondu à l’appel du gouvernement, notent pourtant des couacs dans l’organisation et la disponibilité de matériels sanitaires, informe « Le Témoin ». Ils pointent aussi l’absence d’eau dans certaines écoles où il n’y a pas d’eau…
Dans le « protocole sanitaire » signé avec le gouvernement, il est écrit noir sur blanc que les écoles devraient être nettoyées et désinfectées, qu’une école sans eau courante ne devrait pas rouvrir ses portes aux apprenants et au personnel enseignant, qu’une école sans toilettes ne doit pas fonctionner.

Il est également dit, rappellent nos confrères de « Témoin », qu’il faut trois masques par élèves, du gel et le respect strict de la distanciation physique au niveau de l’espace scolaire, aussi bien dans les salles de classe, dans la cour de l’école qu’au niveau des entrées et des sorties…

Avec l’annonce de la reprise des enseignements, les syndicalistes ont rappelé aux autorités, la nécessité de se conformer à ce protocole sanitaire. Malheureusement, ce protocole sanitaire n’a pas été respecté dans beaucoup d’établissements scolaires. Que ce soit à Dakar ou au fin fond du pays. Suffisant pour que, dans certaines écoles, les cours n’aient pas démarré.

Des problèmes globaux et locaux ! Au lycée de Ouakam à Dakar, élèves comme enseignants ont affiché leurs inquiétudes malgré le dispositif sanitaire rassurant mise en place. Le professeur de philosophie Daouda Guèye fait état de quelques blocages concernant, entre autres, une rupture brutale par rapport aux habitudes liées aux enseignements-apprentissages. Certains élèves se sont refroidis carrément tandis que d’autres vont désapprendre.

Ils pensaient déjà que l’année était cuite, surtout avec la reprise avortée du 2 juin. Aussi, on note des absences du côté des élèves dont certains ont été retenus à la maison par leurs parents. Ce qui se comprend parce que ce sont des vecteurs de transmission, a expliqué M. Guèye, qui parle de problèmes « globaux » pour ne pas dire des problèmes à la fois globaux et locaux.

Ce que semble confirmer cet élève du lycée Blaise Diagne de Dakar. « On a eu un peu peur avec tout ce dispositif qui n’est pas dans nos habitudes », dit-il, masque sous le menton. Ici, le contrôle est systématique de la préposée à l’accueil jusque dans les salles de classe, avec une bonne orientation des élèves.

Dans cet établissement, on travaille de 9 heures à 13 heures avec un nouveau dispositif sanitaire que beaucoup d’élèves viennent de découvrir. Un travail qui, selon le professeur de sciences physiques, va se poursuivre sur la plateforme Whatsapp, pour les exercices. « D’ailleurs, j’ai pris les contacts de tous mes élèves, et ensemble, on va faire les exercices », a-t-il confié.

A l’école Badara Sarr de Mbour, le personnel enseignant, à part deux absents l’une étant en congé de maternité, l’autre malade, les élèves ont également répondu à l’appel. Mais le protocole sanitaire annoncé par le gouvernement, n’a pas été respecté. « On avait annoncé trois masques par élève. Mais la dotation est insuffisante, on n’aura même pas deux masques par élève sans compter le problème du gel et du savon », se désole la directrice de l’école Badara Sarr de Mbour, Mme Khady Thioye.

Dans ce département de Mbour, presque toutes les écoles sont confrontées aux mêmes difficultés. Déjà, le trio d’écoles Nicolas Sakho, Tafsir Demba Sall et Baytir, est confronté à un problème d’eau. Idem pour les dispositifs de lavage des mains.

La situation serait médiocre dans la capitale de la Petite côte où le coordonnateur adjoint du G7 (Groupe des 7 syndicats les plus représentatifs de l’éducation) dans cette localité, Amadou Thiam, donne une note de 3 sur 10 au gouvernement.

Retour à Dakar où les responsables du lycée Seydou Nourou Tall, qui a un peu plus de 500 candidats au baccalauréat, avaient une grande peur de ne pas pouvoir reprendre. Fort heureusement, il y a eu rapidement des solutions liées au manque d’eau. « C’était le seul obstacle », dixit Annie Coly, proviseur dudit lycée.

Mais l’ambiance dans ce lycée est différente de celle trouvée au lycée Maurice Delafosse, où on a presque 100 candidats au Baccalauréat. Dans ce grand établissement, les cours ont démarré avec quelques couacs; surtout les toilettes mal nettoyées et des déchets qui jonchent le sol. « C’est un début, cela ne peut pas être parfait. Ce n’est pas facile avec ce changement d’emploi du temps, de division des classes par groupe », a tenu à rassurer un agent de ce lycée de Dakar.

La pluie plombe les cours en Casamance

Tout le monde sait que le manque d’eau ne milite pas en faveur d’une bonne hygiène dans un contexte de pandémie. Mais pas n’importe quel manque d’eau !

Le temps des conditions sanitaires mises en place n’est pas celui de la pluviométrie. Les enseignants dans les écoles de la zone de Casamance où il a plu en grande quantité, ne diront pas le contraire. « Nous avons constaté que dans les régions de Sédhiou, Ziguinchor et Kédougou, il y a eu des pluies torrentielles… alors que d’autres lycées et autres abris provisoires flottent dans les eaux pluviales », se désole le secrétaire général du Cadre unitaire des syndicats de l’enseignement moyen et secondaire du Sénégal (cusems), Abdoulaye Ndoye.

En effet, à Ziguinchor, c’est la pluie qui a plombé la reprise des cours de ce jeudi, après trois mois de vacances forcées à cause de la propagation du virus de covid-19. Là-bas, dans le Sud, le ciel a ouvert ses vannes et il n’y a pas eu cours dans plusieurs localités.

C’est le cas à Sédhiou où la reprise a été décalée de deux heures à cause de la pluie. Dans ce département, seuls quelques élèves ont fait le déplacement. Ils ont attendu jusqu’à 11 heures pour démarrer les cours, après avoir migré vers des salles dont les toitures sont étanches…

Avec Le Témoin