Usa/Sénégal : L’énergie nucléaire à l’origine de l’éradication de la mouche Tsé-Tsé

Le nucléaire assimilé généralement à une arme de destruction massive peut être utilisé pour mettre l’homme et les animaux dans de belles situations. Initiateur d’une rencontre ce jeudi, l’Ambassadeur des Usa au Sénégal, Tulinabo S. Mushingi a magnifié la possibilité donnée à l’humanité d’utiliser de manière pacifique le nucléaire. ‘’Généralement, quand on parle de nucléaire, les gens pensent directement aux bombes donc à la guerre (…). On veut montrer aux peuples comment on peut utiliser le nucléaire de manière pacifique. Si partout dans le monde, on pouvait s’entendre et se mettre d’accord pour que le nucléaire soit utilisé de manière pacifique, je crois que les gens changeraient la façon de voir cette énergie’’, a-t-il déclaré ce jeudi lors d’un point de presse.

Une rencontre pour magnifier le récent succès de la technique des insectes stériles de l’Agence internationale de l’énergie atomique (Aiea) utilisée au Sénégal dans le cadre du projet ‘’Contribution au développement agricole de l’Afrique de l’Ouest grâce au contrôle des mouches tsé-tsé et de la trypanosomose’’. Projet d’un coût de 3 milliards de francs (5 millions de dollars) financé par les Usa qui a permis l’éradication des mouches tsé-tsé dans la zone des Niayes. Mais projet qui, également, a eu des avantages socio-économiques positifs significatifs pour les agriculteurs de la région avec l’augmentation de la productivité agricole et des revenus’’, informe l’ambassade des Usa. D’où la fierté exprimé par T. Mushingide voir le choix fait sur ‘’le pays de la Téranga’’ pour exécuter ce programme.

A cette rencontre, le Dr Marc J. B. Vreysen, responsable du Laboratoire de contrôle des insectes ravageurs, a rappelé que les Usa ont répondu à l’État sénégalais qui avait fait appel à eux du fait d’un énorme problème dans les Niayes. Quelques missions d’expert envoyées avaient confirmé l’existence de la maladie causée par ladite mouche. ‘’Une demande pour un projet officiel de la coopération technique a été déposée et cela a commencé en 2005 (…). Il y a 5 ou 6 ans, on a vraiment commencé avec la phase opérationnelle, c’est-à-dire la suppression des mouches’’.

Promotion à des fins pacifiques, de l’énergie nucléaire

Co-animatrice de cette rencontre, Shannon Petry, conseiller politique à la Mission américaine auprès des organisations internationales à Vienne, dit être ‘’très fière de voir un tel projet aboutir avec autant de succès. On travaille beaucoup pour promouvoir, à des fins pacifiques, l’énergie nucléaire. Les Usa ont beaucoup investi dans ce projet. On est très content. Et maintenant, on est en train de voir avec nos partenaires Sénégalais et avec l’Aiea, comment financer la deuxième et troisième phase’’.

La partie Sénégalaise a été représentée par le Dr Momar Talla Seck, Directeur du Laboratoire national de l’Élevage et des recherches vétérinaires, qui s’est félicité des résultats obtenus. ‘’Nous sommes aujourd’hui, à notre 3e campagne. Il fallait initier ‘’la lutte intégrée’’. Cela consistait, selon lui, à coupler la méthode chimique et celle dite biologique. Et c’est là qu’un appel a été lancé aux Partenaires financiers et techniques dont l’Aiea’’, a-t-il indiqué.

Concernant l’impact dudit projet, le Dr Momar Talla Seck a révélé que des enquêtes ont été menées auprès des éleveurs de la zone des Niayes. Les résultats sortis, ont montré que ‘’le projet était vraiment rentable. Pour preuve, dit-il, ‘’au niveau des éleveurs, on peut avoir un gain additionnel annuel qui tourne autour de 885. 541.950 francs. Et pour ce qui est des partenaires, on a eu un retour à l’investissement dès la 8e année. Avec une valeur actualisée nette qui tourne autour de 819.946.249 francs/an et un taux de rentabilité de 16%’’.

Son collègue, le Dr Baba Sall, Directeur des Services vétérinaires du Sénégal, a indiqué que la lutte biologique était nécessaire pour éliminer définitivement les mouches. Ce, ‘’après l’utilisation des moyens conventionnels de lutte anti-vectorielle et la réduction des populations à plus de 95%. Et à ce stade, c’est la technique de l’insecte stérile qui a été utilisée. C’est donc là le lien avec les technologies nucléaires utilisées pour la stérilisation des mâles’’, précise-t-il.

Près d’un milliard de francs de gain additionnel pour les éleveurs

Cette technique s’expliquait, selon lui. ‘’La situation était assez alarmante. Quand nous avons caractérisé la zone, nous avons fait des prospections. Nous avions trouvé et des mouches et la maladie. Il y avait beaucoup de zones où les animaux étaient malades. Il y avait beaucoup de travail à faire. C’est pour cela que nous avions demandé l’appui de partenaires.

Dr Sall, se réjouit aujourd’hui de voir lespopulations de mouches Tsé-Tsé réduites à plus de 99%. ‘’Nous sommes en train de finaliser avec les toutes dernières mouches. Ça c’est les vecteurs, en parlant de la maladie, nous avons coupé la transmission de la maladie. Et la suppression de cette maladie a permis d’exploiter des races trypano-sensibles. Et, maintenant que cette maladie est éliminée, on peut réintroduire cette race’’, lance-t-il. En signalant que les résultats obtenus peuvent ‘’booster la production laitière. Maintenant, cette production va prendre un peu de temps avant que les consommateurs ne voient l’impact. Plus tard, la facture laitière pourra baisser. Mais au moins ce projet-là pourra contribuer à l’atteinte de cet objectif du gouvernement.

Concernant les perspectives, le Dr Sall a indiqué que la prochaine étape serait le Sine Saloum, vers Toubacouta. Là, nous sommes à 1000 km2 dans les Niayes, là bas, nous serons à 5000 km2. Et là-bas aussi, il y a une pression forte. Il y a deux espèces là-bas. L’une d’elle est très agressive et abondante. C’est là-bas la prochaine étape avant d’aller maintenant vers la Casamance’’.