Vacances: trois manières de voyager autrement

Anti-écologique et destructeur de sites remarquables, le tourisme de masse n’est plus dans l’air du temps. Aujourd’hui, on veut voyager solidaire et responsable en respectant mieux les lieux visités. On peut même contourner les habituelles agences de voyages en s’adressant directement à des locaux, utiliser des modes de transport doux, loger chez l’habitant, le tout en quelques clics depuis son smartphone.

1. S’initier au tourisme durable

Selon l’Organisation mondiale du tourisme, le tourisme durable est « un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil. » Le respect des modes de vie locaux et des environnements naturels constitue l’ADN de ce tourisme décliné selon une multitude de spécialités : éco-tourisme, tourisme alternatif, responsable, etc. « Les nouvelles générations sont de plus en plus sensibles à l’état de la planète et avec le réchauffement climatique qui est de plus en plus évident les individus s’y intéressent. Le tourisme qui protège mieux l’environnement c’est une préoccupation pertinente qui va se développer, car tout le monde va vouloir avoir accès à des milieux de qualité », juge Louis Job, professeur émérite de sciences économiques à Sciences Po Grenoble.

Paradoxe, l’offre de séjours de tourisme solidaire connaît un développement formidable alors que les Français sont encore très peu nombreux à prendre en compte leur impact écologique pendant les vacances. Selon une récente étude du cabinet Protourisme, publiée en juillet 2019, 72,9% des personnes interrogées affirment que les questions environnementales ne les ont pas poussées à changer leurs habitudes en matière de voyage. Mais toujours selon cette étude, la mesure la plus plébiscitée pour rendre ses vacances plus vertes est selon 84% des sondés le choix d’activités à faible impact environnemental.

« Il y a une forte prise de conscience, assez nouvelle en France, mais les compagnies aériennes ne jouent pas le jeu et n’essayent pas de compenser d’une façon ou d’une autre », regrette Didier Arino. Découvrir le Burkina Faso à mobylette ou s’immerger au cœur de la vie locale au Laos n’exclut pas une forte empreinte carbone, avion oblige. Mais certains voyagistes s’engagent dans la compensation, c’est le cas de l’agence Bynativ, filiale du mastodonte Voyageurs du monde. « Pour chaque vol, on regarde si c’est un court, moyen ou long-courrier, ce qui permet d’évaluer le coût carbone du vol. En fonction de ce coût, on va compenser en finançant la reforestation, par exemple la plantation de mangroves en Indonésie pour un billet Paris-Jakarta », explique Lauren Veyries, directrice du développement chez Bynativ. Seule condition, acheter son billet d’avion via le moteur proposé par l’agence.

Préférer les agences de voyages soucieuses de l’environnement et affichant leur solidarité envers les populations locales, c’est le premier pas vers un séjour responsable. Le voyageur peut également développer par lui-même sa culture de touriste solidaire, par exemple en consultant les ouvrages publiés par Viatao, première maison d’édition française spécialisée dans le tourisme durable, qui proposent de multiples solutions concrètes et originales pour voyager autrement et avoir un impact positif en voyageant.

2. Essayer le tourisme collaboratif

L’éclosion ces dernières années des plates-formes de tourisme collaboratif, en tête desquelles Airbnb pour l’hébergement, a profondément modifié le marché du tourisme. De plus en plus de voyageurs, dont les plus jeunes, se détournent des offres « all inclusive » pour adopter les nombreuses possibilités du tourisme collaboratif. Un Français sur trois organise ses vacances par le biais de plates-formes collaboratives, selon une étude réalisée en 2018 par l’institut Yougov pour Sailsquare. D’après cette même étude, la première raison d’un recours à ce type de service est économique pour 61% des personnes interrogées. Accessible à tous depuis une appli dans son téléphone, le tourisme collaboratif propulse de nouvelles valeurs fondées sur l’échange, la solidarité, la découverte et l’entraide.

Aujourd’hui, pour sortir des sentiers battus, grâce à Worldelse.com on peut loger chez l’habitant en contrepartie de services rendus, ou planter sa tente dans le jardin d’un particulier avec Gamping, visiter une ville avec un guide local bénévole ou non via Greeters.fr, et bien sûr préférer des modes de transport doux. Le co-voiturage, mais pas seulement : co-baturage (en bateau avec Vogavecmoi.com) ou co-avionnage (avec Coavmi.com et Wingly.io).

Le tourisme collaboratif ne sert pas seulement à mettre en relation des particuliers. Evaneos propose ainsi de créer un voyage sur mesure en personnalisant l’hébergement, l’itinéraire et les activités auprès d’une agence locale. Idem sur Tripconnexion, où l’on peut préparer son séjour avec l’appui d’un « expert local ». « Les meilleurs contacts pour voyager en direct », promet le site qui revendique plus de 350 experts locaux, 181 destinations et plus de 60 000 rencontres effectives.

Avec Triip.me, les voyageurs peuvent aussi faire appel à des habitants du pays qu’ils visitent pour profiter des meilleurs plans. Enfin, à rebrousse-poil du voyage dont on sait tout à l’avance, il reste la solution du séjour mystère, avec Arcania Travel ou bien WowTrip. Le principe est simple : moyennant une étude attentive des desiderata du voyageur, l’agence lui concocte des vacances sur mesure. Une fois le devis accepté, il ne reste plus qu’à boucler ses valises, la destination mystère est révélée le jour du départ.

3. Voyager entre filles

Quel que soit l’âge, entre amies, collègues ou inconnues, elles sont de plus en plus nombreuses à voyager entre elles. Vacances toniques ou cocooning, festives ou gastronomiques, le voyage entre filles est une tendance lourde qui s’impose progressivement depuis les dix dernières années avec une offre en développement constant. Selon Marybeth Bond, auteur du blog Gutsy Traveler et spécialiste des voyages des femmes, cette façon de voyager a provoqué une augmentation de 230 % du nombre d’entreprises spécialisées dans les voyages pour femmes seulement, entre 2008 et 2014 aux États-Unis.

La première raison d’un voyage entre filles est de ne pas voyager seule. Pour certaines destinations, c’est une forme de sécurité. « Vous partez avec des inconnues et vous revenez avec de vraies copines ! », promet l’agence Copines de voyage sur son site. Ce prestataire français très observé par la concurrence propose à ses clientes de « découvrir le monde entre filles, dans une ambiance fun et décontractée ». Il suffit de choisir parmi les destinations proposées, par exemple un week-end à Londres, un séjour au Vietnam « en mode baroudeuse », ou un tour complet du Nicaragua et le voyage est confirmé dès que le minimum de participantes est atteint. Histoire de bien savoir avec qui l’on part, le site permet de discuter en amont avec les autres inscrites.

L’agence Another Trip, qui est une émanation du tour operator Point voyages spécialisé dans les séjours d’aventure, distingue trois types de voyageuses : la « yes you can ! » pour « celles qui désirent aborder une destination de manière active », la « cocooning addict » qui comme son nom l’indique « rime avec détente et farniente », et enfin la « globe trippeuse » pour « comprendre le monde qui nous entoure et en découvrir un peu plus sur soi-même », assure le voyagiste.

« Il y a des voyages entre filles, mais aussi des voyages de femmes qui partent seules, qui ont envie de ne s’occuper que d’elles-mêmes, sans enfants ni mari, c’est un phénomène qui va devenir de plus en plus important », analyse Didier Arino, directeur général du cabinet d’études Protourisme. Une offre qui cible précisément la voyageuse solo plutôt que des groupes, c’est la raison d’être de la plateforme La Voyageuse qui se propose de mettre en relation « voyageuses » et « hébergeuses ». Un service exclusif envers la gent féminine, car « il y a déjà beaucoup de choix en ce qui concerne les plateformes d’hébergement chez l’habitant, mais aucune d’entre elles n’est dédiée aux femmes », explique-t-on sur le site. Les nuitées sont gratuites moyennant une inscription payante pour les voyageuses.