Vente de la nationalité sénégalaise: révélations sur une grosse mafia

Une information judiciaire a été ouverte par le Parquet de Dakar pour association de malfaiteurs, contrefaçon des sceaux de l’État, faux et usage de faux en écritures publiques authentiques, usage de faux commis dans des documents administratifs, corruption, obtention indue de documents administratifs, tentative d’obtention indue de document administratifs et blanchiment de capitaux. Ce, rapporte “Libération”, après l’enquête de la Section de Recherches sur un réseau spécialisé dans le trafic de la nationalité sénégalaise, drivé par un fonctionnaire en service à la direction des Affaires civiles et du Sceau en fuite à l’étranger et qui est sous le coup d’un mandat d’arrêt international.
Trois Syriens, un Sénégalais et un Libanais sous mandat de dépôt

En attendant, les nommés Amer Alahmar (Syrien), Mohi Alboni (Syrien), Nabil Wizani (Sénégalais), Ahmed Bakkour (Syrien) et Ali Fawaz (Libanais) ont été placés sous mandat de dépôt par le Doyen des juges de Dakar, en charge de l’instruction. Comme l’écrivait “Libération”, Ali Fawaz était chargé de déposer les dossiers de naturalisation au centre principal de l’état-civil. C’est d’ailleurs la fréquence des dépôts qui a alerté l’officier principal de l’état-civil, Mamadou Diop, avant que les vérifications au niveau de la direction des Affaires civiles et du Sceau n’établissent que les décrets annexés au dossier étaient des faux.

22 faux certificats de nationalité “livrés”

Selon “Libération”, Ali Fawaz s’est livré à des confidences qui renseignent sur l’ampleur de ce scandale. Il a minimisé son rôle en précisant n’être qu’un intermédiaire entre l’agent de l’État véreux et les clients. À chaque opération, il recevait une commission comprise entre 100 et 125 000 FCfa, tandis que le fonctionnaire en cause percevait entre 750 000 et un million de FCfa pour chaque dossier. Toujours selon M. Fawaz, le réseau a livré à 22 clients, des certificats de nationalité sénégalaise.

700 000 FCfa pour les ‘’frais de décret”

Amer Alahmar, un Syrien arrivé au Sénégal en 2006, fait partie des bénéficiaires. Il a déclaré qu’il a rencontré l’agent véreux de l’État dans son bureau après avoir été présenté à lui au restaurant Sea Plaza. En plus de son cas, il a remis au fonctionnaire indélicat cinq autres dossiers de Syriens à la recherche de papiers sénégalais. Après échanges, il a payé 700 000 FCfa en guise de… “frais de décret”, selon l’expression du mis en cause principal, pour chaque dossier. Au final, il n’a reçu “que” deux certificats de nationalité. À noter qu’un policier, qui était en service au parquet de Dakar, a été interrogé pendant l’enquête. Selon les sources de “Libération”, il est dans le viseur du Procureur.

Source Libération