Vietnam: les luttes intestines du régime planent sur la campagne anti-corruption

Un ancien ministre en charge de l’Information a été condamné à la prison à vie et un haut dirigeant du parti a été arrêté ce week-end dans le cadre d’une affaire anti-corruption. Mais pour certains observateurs, derrière la lutte anti-corruption se cache aussi une lutte de pouvoir interne.

Alors que l’ex-ministre en charge de l’Information a été condamné à la prison à vie pour corruption ce samedi, la police a procédé à l’arrestation d’un haut dirigeant du parti de Hanoi, ex-directeur du bureau d’investissement de la ville, dans le cadre d’une enquête anti-corruption déclenchée il y a quelques mois et liée à l’entreprise de télécommunications Nhât Cuong.

D’après Vo Van Tao, journaliste au Vietnam, cette arrestation n’est pas seulement liée à la campagne anti-corruption en cours, elle est aussi l’illustration de la lutte interne entre certaines fractions du parti.

« Si cette affaire a éclaté, c’est que nous sommes au courant qu’il y a plusieurs concurrents pour le poste du vice-ministre du ministère de la Police, dont l’actuel maire de Hanoi. Et comme ils se battent pour le pouvoir, ils passent certainement en cachette des documents à la presse pour nuire à leurs adversaires. Car, on dit souvent qu’il y a une guerre interne entre les factions du régime. »

Le journaliste vietnamien estime « que le président du Vietnam, qui est aussi secrétaire général du parti pense vraiment que la corruption mène le parti à la chute ». Mais « le problème, c’est que s’il y a des factions, il n’est pas forcément mis au courant, analyse-t-il. Pour lui, s’il y a de la corruption, il faut sanctionner les coupables, comme le cas du procès de l’ex-ministre condamné à prison à vie. »

Un procès pourtant « mi-figue mi-raisin » analyse Vo Van Tao. « Plusieurs responsables, parmi les principaux, notamment l’ex-Premier ministre Nguyen Tan Dung, n’étaient pas du tout concernés. Or, outre ces procès contre la corruption au Vietnam, une majorité des gens espère que la justice puisse aller jusqu’au bout, même si ceux qui ont commis ces crimes sont les quatre piliers du parti et de l’État ».

rfi