Violence, crimes de sang: La faillite d’un Etat..

Le Sénégal, connu pour sa stabilité sociale, traverse ces deux dernières décennies un tourbillon socioculturel dans lequel la société perd l’essentiel de ses repères (adoptés) avec le concours de plusieurs facteurs sociaux, économiques, culturels…etc.

Rappelons que les crimes de sang qui font aujourd’hui couler beaucoup d’encre et de salive ne sont pas l’apanage d’une époque bien définie. Le phénomène était toujours là, latent, envoyant ses signaux à un système social et politique laxiste.

Nous avons tous indexé l’insécurité (en pensant faussement que sécurité sociale = forces de sécurité) qui plane sur la société due à l’échec d’un organe de répression en oubliant que tout phénomène d’insécurité émane d’un carrefour de circonstances ; comme qui dirait qu’il n’y a jamais de fumée sans feu.

Ainsi parmi les facteurs qui ont fait déverser le vase figurent en bonne place l’oisiveté d’une catégorie sociale (non formée et non éduquée ?) dont le désespoir porte sur les périples périlleux du désert et de la mer, l’ostentation du plus riche couvert et adulé par le démiurge-média, le déficit des forces de sécurité dont le mythe est tombé à l’épreuve du temps et d’événements, une justice à horizon asymétrique, le culte de la réussite et de l’opulence sans la moindre goutte de sueur, les effets d’une macro-culture universelle sans une préparation préalable de notre part, etc. Toute cette kyrielle de causes (je ne prétend pas à l’exhaustivité) met en relief l’artéfact d’une société sous influences exogène et endogène dont le produit (l’homosenegalensis du 21e siècle) apparait sous ses nouveaux habits.

« L’Ecole instruit, la vie enseigne et la famille éduque », avait-on l’habitude de dire. L’Ecole, malgré ses nombreux efforts, est en perpétuelle recherche d’un moi socioculturel à nous propre, résultante d’une politique institutionnelle dont les fondamentaux ont déraillé depuis son instauration. En d’autres termes, l’Ecole telle qu’elle s’offre à nous ne cadre pas avec notre vouloir-être commun.

La vie, par extension, est vue ici comme la société dans laquelle nous vivons et dont nous recevons un puissant déterminisme. Malheureusement cette société est submergée de crises multiformes. Ce qui suppose que l’individu qui y vit, soit en crise d’orientation.

Dans le processus d’humanisation de l’être social, la famille occupe une place prépondérante. Cette famille censée inculquer les balbutiements sociologiques à l’homme semble s’effriter dans son rôle. Ainsi l’égarement s’impose comme voie de substitution.

La situation est comparable à celle d’un homme au cœur de la jungle sans protection, ni espoir et qui est sous l’obligation de se fier à son instinct grégaire de survie pour se tirer d’affaire. Dans de pareilles circonstances, l’être social montre un nouveau visage : il tue…

Chez nous, face à cette montée en flèche des crimes de sang, l’émotion populaire dicte la loi du Talion ou la peine de mort… Personnellement, après y avoir bien réfléchi, je trouve inopportun le retour de la peine de mort qui, par essence, est une très bonne loi sociale. Mais une loi n’est bonne ou mauvaise que dans son application.

Alors le rétablissement de la peine de mort dans un système judiciaire qui peine à s’affranchir du joug de l’Exécutif ne serait que pour estomper la liesse émotionnelle du peuple, charriée par ces séries de crimes, mais ne règle pas de manière structurelle la question.

NB : l’édiction de nos lois ne devrait pas obéir au cœur mais à la tête car la raison n’est pas Hélène mais universelle.

dakarmatin