Virus: le Brésil dépasse l’Italie en nombre de morts, appel à un vaccin pour tous

Pas de répit vendredi en Amérique latine où le Brésil est devenu le troisième pays qui déplore le plus de morts du coronavirus, contre lequel l’ONU a appelé à un vaccin accessible à tous, devant être considéré comme un « bien public mondial ».

Côté traitement, l’étude retentissante et très critiquée du Lancet, qui doutait de l’intérêt de l’hydroxychloroquine contre le Covid-19, a finalement sombré avec la rétractation de trois de ses quatre auteurs.

Le Brésil, qui compte 212 millions d’habitants, est devenu derrière les Etats-Unis et le Royaume-Uni, mais devant l’Italie, le troisième pays le plus endeuillé. Plus de 34.000 y sont mortes du coronavirus, avec un nouveau record journalier de décès (1.473), selon le ministère de la Santé. Pour les spécialistes, les chiffres officiels sont largement sous-évalués.

Le président d’extrême droite Jair Bolsonaro reste partisan d’un retour à une activité économique normale, au mépris des mesures de confinement prises par les gouverneurs des Etats.

La maladie continue sa progression galopante dans le reste de l’Amérique latine, mettant sous pression les systèmes de santé.

Face aux graves pénuries d’oxygène nécessaire pour maintenir en vie les patients, le gouvernement du Pérou, pays où la barre des 5.000 morts a été franchie, a déclaré jeudi qu’il était considéré comme une « ressource stratégique ».

« Les patients n’ont plus d’oxygène à l’intérieur (de l’hôpital), j’ai dû acheter deux ballons pour que mon père puisse y être transféré », raconte Olga Bravo, 44 ans, à Lima.

Au Nicaragua, seul pays d’Amérique centrale n’ayant pas adopté de mesures de restrictions, la Fédération internationale des droits de l’homme a accusé le gouvernement de cacher la gravité de l’épidémie, qui a fait 46 morts selon le ministère de la Santé. L’ONG Observatorio Ciudadano (Observatoire citoyen) a pour sa part répertorié « 980 décès par pneumonie ou cas suspects de Covid-19 ».

– Mea culpa –

La propagation du virus s’accélère aussi au Mexique, qui a franchi mercredi la barre des 1.000 morts en 24 heures pour la première fois. Le bilan total y dépasse les 11.000 décès.

A l’échelle mondiale, la pandémie a fait plus de 387.000 morts depuis que le virus est apparu fin décembre en Chine. Les Etats-Unis restent de loin le pays le plus touché (plus de 108.000 décès), suivis par le Royaume-Uni (39.904), le Brésil (34.021) et l’Italie (33.689).

La course aux vaccins et traitements mobilise toujours de grandes sociétés pharmaceutiques.

« Un vaccin contre le Covid-19 doit être vu comme un bien public mondial, un vaccin pour les peuples », a de son côté estimé jeudi le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres lors d’un sommet virtuel de l’Alliance pour le vaccin sous les auspices du Royaume-Uni. Il a réuni plus de 35 chefs d’Etat et de gouvernement et permis de recueillir 8,8 milliards de dollars pour la vaccination en général.

Submergée de critiques de scientifiques, l’étude de la revue médicale Lancet, à l’origine de la suspension éphémère des essais cliniques de l’OMS sur l’hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19, a finalement perdu toute crédibilité jeudi. Trois de ses quatre auteurs ont demandé son retrait.

« Nous ne pouvons plus nous porter garants de la véracité des sources des données primaires », écrivent ces scientifiques, mettant en cause le refus de la société les ayant collectées, dirigée par le quatrième auteur, de donner accès à la base de données.

A la suite d’un mea culpa du Lancet, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait annoncé mercredi la reprise des essais cliniques sur ce médicament, dérivé d’un antipaludique.

L’incertitude sur ce traitement demeure cependant. Le même jour, une autre étude menée aux Etats-Unis et au Canada publié dans le New England Journal of Medicine avait conclu que la molécule est inefficace dans la prévention du Covid-19.

Alors que les frontières européennes continuent à rouvrir à l’approche de la saison touristique estivale, comme en Autriche jeudi, la Banque centrale européenne a sorti les grands moyens pour lutter contre la récession, en doublant presque son fonds de soutien à l’économie.