Virus: le monde confronté à sa pire crise depuis 1945, 30.000 morts en Europe

Le nouveau coronavirus a tué plus de 30.000 personnes en Europe et la pandémie, qualifiée par l’ONU de pire crise à laquelle l’humanité ait été confrontée depuis 1945, menace désormais de submerger les Etats-Unis.

Plus des deux tiers des victimes européennes sont en Italie et en Espagne, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles mercredi à 7H00 GMT.

Au niveau mondial, la crise sanitaire continue aussi de s’aggraver, avec plus de 41.000 morts, selon un comptage de l’AFP.

Depuis le début de la pandémie en décembre en Chine, plus de 830.000 cas ont été officiellement déclarés dans le monde, dont plus de la moitié en Europe, 186.000 aux Etats-Unis et plus de 108.000 en Asie.

Pour freiner la propagation de la pandémie, plus de 3,6 milliards de personnes, soit 46,5% de la population mondiale, sont appelées ou contraintes par leurs autorités à rester chez elles.

En Chine, alors que confinement est progressivement levé à Wuhan, berceau de la pandémie, les premiers pas en plein air des habitants sont consacrés à déposer sur les tombes de pierre les urnes contenant les cendres de leurs proches.

Ailleurs, on guette fébrilement le pic du taux de mortalité, annonciateur d’un reflux et d’un désengorgement des services de réanimation.

– « Une caresse » –

En Italie, pays qui enregistre le plus grand nombre de décès (plus de 12.400 en un peu plus d’un mois), le confinement commence à produire des résultats « encourageants », après trois semaines.

Mais la péninsule a encore compté 837 nouveaux morts en 24 heures et a observé une minute de silence devant toutes ses mairies en « souvenir des victimes du coronavirus » et en hommage aux professionnels de santé.

Là comme ailleurs, les soignants repoussent les limites de la fatigue et de l’abnégation.

Ester Piccinini, 27 ans, infirmière dans un hôpital de Bergame, en Italie, témoigne: « Le matin, quand j’arrive dans le service, je fais le signe de croix en espérant que tout ira bien. Pas vraiment pour moi (…) vu que je suis protégée. Mais j’espère que tout ira bien pour les patients ».

« Nous essayons de les rassurer. Une caresse a plus de valeur que les mots », dit-elle.

Deuxième pays le plus endeuillé au monde avec 8.189 décès, l’Espagne redoute toujours de voir submergées les unités de soins intensifs qui travaillent déjà à la limite de leurs capacités.

– 240.000 morts envisagés aux Etats-Unis –

Près de 500 patients sont aussi morts du coronavirus dans les hôpitaux français ces 24 dernières heures, soit une nouvelle hausse record depuis le début de l’épidémie, qui porte le bilan total à 3.523 morts.

Mais ce sont les Etats-Unis, où près des trois-quarts des Américains vivent désormais confinés, qui risquent de devenir le nouvel épicentre de la pandémie. Le président Donald Trump a demandé à ses concitoyens de se préparer, à l’instar de l’Europe, à des semaines « très, très douloureuses ».

Un total de 4.076 décès ont été recensés mercredi, soit un chiffre multiplié par deux en trois jours, a annoncé l’Université américaine Johns Hopkins, dont les bilans font autorité. Plus de 40% de ces décès ont été enregistrés dans l’Etat de New York.

La Maison Blanche a présenté ses projections: selon elle, la maladie devrait faire entre 100.000 et 240.000 morts aux Etats-Unis avec les restrictions actuelles, contre 1,5 à 2,2 millions sans aucune mesure.

A New York, une douzaine de tentes dressées dans Central Park se préparent à accueillir des malades. « On voit des films comme +Contagion+ et on pense que ça ne se produira jamais, alors voir ça pour de vrai, c’est vraiment surréaliste », dit Joanne Dunbar, 57 ans, venue assister à la transformation de ce lieu emblématique de Manhattan en véritable hôpital de guerre.

Une preuve parmi d’autres de la gravité de la situation: le commandant d’un porte-avions américain infesté par le coronavirus s’est heurté au refus du Pentagone lorsqu’il a demandé l’autorisation d’évacuer son équipage, coincé dans l’île de Guam, dans le Pacifique.

– « Récession sans précédent » –

Dans une lettre adressée au commandement de l’US Navy, le capitaine de vaisseau Brett Crozier, commandant de l’USS Theodore Roosevelt, a reconnu que « retirer la majorité de l’équipage d’un porte-avions nucléaire américain en cours de déploiement et l’isoler pendant deux semaines peut paraître une mesure extraordinaire ». Mais « c’est un risque nécessaire », a-t-il ajouté. En vain pour l’instant.

La Russie a annoncé mercredi avoir envoyé un avion chargé d’aide humanitaire aux Etats-Unis.
Pour le chef des Nations unies, Antonio Guterres, de noter que la Terre vivait sa « pire crise mondiale depuis que l’ONU a été fondée » il y a 75 ans.

C’est, a-t-il dit, « la combinaison d’une maladie menaçante pour tout le monde et d’un impact économique conduisant à une récession sans précédent dans un passé récent ».

– Menace sur le hajj –

En Asie, la Bourse de Tokyo a encore creusé nettement ses pertes mercredi, sa troisième consécutive dans le rouge, sur fond de craintes d’un confinement prochain de la capitale du Japon, jusque-là relativement épargné par l’épidémie. L’indice Nikkei a terminé sur une chute de 4,5%.

Les marchés européens chutaient aussi mercredi à l’ouverture. La Bourse de Londres a ouvert en forte baisse (-4,16%), mais Paris (-3,10%) et Francfort (3,10%) n’ont guère fait mieux.

La pandémie bouleverse aussi la vie religieuse: Ryad a appelé mardi les musulmans de tous les pays à suspendre leurs préparatifs pour le hajj. Déjà en mars, l’Arabie saoudite a suspendu la Omra, le petit pèlerinage, craignant que le virus ne se répande dans les villes saintes de La Mecque et Médine.

Ce pèlerinage avait accueilli 2,5 millions de personnes en 2019. Les autorités saoudiennes n’ont pour le moment pas indiqué si elles maintenaient ou non le hajj, prévu à partir de fin juillet cette année.