Vitry : Oumar, 15 ans, battu à mort pour un retard de 10 minutes en cours de français par son beau-père Sénégalais

L’adolescent est décédé en janvier 2017 après avoir été roué de coups. Son beau-père, 41 ans, voulait le punir pour des absences en cours.

Il a expliqué avoir voulu le punir « pour son bien », « pour son avenir », mais Oumar est finalement mort après avoir été battu et sans avoir atteint sa 16e année.

Assane A., 41 ans, comparaît à compter de ce lundi devant la cour d’assises du Val-de-Marne deux ans et demi après la mort de cet adolescent dans l’appartement familial à Vitry.

Il encourt jusqu’à 15 ans de prison pour ces « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». L’association l’Enfant bleu – enfance maltraitée est partie civile dans ce dossier.

Ceinture et fils électriques
Le 27 janvier 2017, c’est Assane A. qui appelle les pompiers peu avant 22 heures pour leur dire qu’Oumar ne respire plus, expliquant spontanément qu’il l’a tapé à coups de « fils ».

Oumar est en arrêt cardio-respiratoire, une tentative de réanimation a lieu, mais le décès de l’adolescent est rapidement déclaré dans l’appartement de l’avenue de la Commune-de-Paris.

La mère d’Oumar et ses quatre autres enfants (les deux petites sœurs d’Oumar et des jumeaux nés de la nouvelle union) qui se trouvaient au domicile à ce moment-là sont hospitalisés, en état de choc.

Placé en garde à vue, il raconte alors qu’il a donné une correction à son beau-fils après avoir appris par la mère d’Oumar que celui-ci aurait été absent en cours, en tout cas d’après un message « automatique » transmis par son lycée.

La punition a eu lieu en deux temps, en fin d’après-midi avec une ceinture, puis dans la soirée. Avec une ceinture encore, puis des lanières en cuir, puis des fils électriques. Terrassant ce grand gaillard qui mesurait deux mètres et pesait 85 kg.

Lésions sur le corps et le visage et taches de sang au plafond
Combien de coups, pendant combien de temps ? Assane A. n’a pas été en mesure de le dire, l’autopsie n’a pas permis de le déterminer. Elle n’a en revanche émis aucun doute sur le fait que le décès d’Oumar était la conséquence directe de ces « multiples coups ».

En attestent ses lésions sur son corps et son visage, les résidus de fils électriques retrouvés sous sa peau et les tâches de sang découvertes dans sa chambre au niveau du plafond notamment.

D’après les dires des sœurs d’Oumar, leur beau-père n’était pas violent avec elles et l’avait été une seule fois avec lui par le passé, le giflant parce qu’il aurait dérobé une carte bancaire.

En garde à vue, au cours de l’instruction, Assane A. a toujours nié avoir voulu tuer Oumar mais l’avoir « corrigé », « avec intention », « comme un papa », pour obtenir des « explications ».

Sans percevoir d’après lui l’état dans lequel il avait en fait laissé l’adolescent. Sollicitée, son avocate ne nous a pas répondu.

Onde de choc au lycée Chérioux
« Le papa d’Oumar que je représente est dans une optique d’apaisement, explique à quelques jours du procès Me Arnaud Adélis Il n’est pas vindicatif, il veut simplement comprendre ».

Et l’avocat de rappeler que « le pire dans cette histoire, c’est que les absences d’Oumar n’étaient en fait que des retards ».

La mort de l’adolescent avait provoqué une onde de choc au lycée Chérioux où il était scolarisé en seconde. Le 3 février 2017, une marche blanche avait eu lieu à Vitry. Quelque 600 personnes avaient défilé en silence avenue de la Commune-de-Paris.

Il a eu beau dire à son beau-père qu’il se trompait, rien n’a arrêté la pluie de coups ce vendredi-là. Oumar est mort le 27 janvier 2017 parce qu’il était arrivé dix minutes en retard à son cours de français. Et non pas parce qu’il avait été absent, comme l’avait indiqué un message automatique transmis par son lycée.

C’est ce qui a été relaté lundi au premier jour du procès d’Assane A., qui encourt 15 ans de prison pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».

« La seule chose qui posait problème, c’est Oumar qui n’allait pas à l’école », a expliqué dans le box cet homme de 41 ans devenu fin 2014 le beau-père d’Oumar et de ses deux petites sœurs après s’être installé au domicile familial à Vitry. Il pleure à plusieurs reprises en évoquant cette fratrie avec laquelle il s’est « comporté » comme avec ses « propres enfants ».

« Ce jour-là, ça faisait des mois que je lui donnais des conseils. Oumar n’arrivait pas à m’écouter », relate l’accusé d’un ton particulièrement calme. Et de préciser que ce qui l’a « poussé à taper Oumar », c’était « qu’il se comporte bien en société ». Lui-même raconte avoir été frappé par son père lorsqu’il était enfant au Sénégal avec des « branches d’arbre », des « chaînes de scooter ». Des « lanières », comme celles qu’il explique avoir « utilisées » le 27 janvier.

Plus de 80 coups portés
Des sévices évoqués auprès de sa compagne mais qu’elle ne l’avait, assure-t-elle, jamais vu reproduire sur ses enfants. « Le jour où j’ai reçu le message du lycée j’étais abasourdie, relate la mère d’Oumar à la barre d’une voix haletante. On était assis côte à côte avec Assane. Il m’a dit Ne t’inquiète pas, je vais parler avec lui. S’il faut lui faire peur je le ferai ».

Quelques heures plus tard alors qu’Assane A. se trouve dans la chambre d’Oumar pour « discuter », elle entend des « bruits de cravache et de fouet ». « Pour moi il lui faisait peur, explique-t-elle au tribunal. Je pensais que ça claquait par terre, pas sur mon fils. Pour moi il ne frappait pas Oumar, puisqu’il ne l’avait jamais fait ».

Le jeune homme succombe à ses blessures quelques heures plus tard. Lanières et ceinture en cuir, câbles électriques, « plus d’une trentaine » de coups lui sont donnés, d’après un policier venu témoigner à la barre. En fait plus de 80, d’après le médecin légiste qui l’a examiné. Le verdict est attendu mercredi.

leparisien.fr