Bientôt la fin du conflit entre Macky Sall et le clan des Wade ? Tout semble l’indiquer après l’appel au dialogue lancé par le président nouvellement réélu. Et c’est sans doute l’une des très rares fois que l’actuel locataire du palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor, cite nommément Abdoulaye Wade dans un de ses discours. Mais pour beaucoup, ce n’est que la confirmation d’un «deal international», qui avait notamment permis la libération de Karim Wade et son «exil» au Qatar.
Quand Karim Wade sort de prison dans la nuit du 23 au 24 juin 2016, Idrissa Seck est le premier à dénoncer «un deal international ignoble» entre les Wade et Macky Sall. Le tout sur le dos des Sénégalais.
A Touba, le 24 juin 2016, pour une présentation de condoléances, le leader du parti Rewmi est poursuivi jusqu’à la sortie de la ville par les journalistes. A ces derniers qui l’interrogent sur la libération de Wade-fils, l’ancien Premier ministre déclare : «Le président de la République (Macky Sall, ndlr), a reçu des ordres de l’extérieur. Comment explique-t-on le fait qu’il (Karim Wade, ndlr) soit libéré en pleine nuit, qu’il ne soit pas passé par Touba et qu’il ait voyagé par jet privé. Un avion l’attendait, de surcroit, à l’aéroport.» Idrissa Seck subit alors un tir groupé des éléments du pouvoir, mais aussi du Parti démocratique sénégalais (Pds).
Pourtant, tout semblait lui donner raison. En effet, moins d’un mois plutôt, le 28 mai 2016, Macky Sall avait prétexté une journée du dialogue national pour prendre langue avec le clan des Wade. C’est d’ailleurs Oumar Sarr, coordonnateur national du Parti démocratique sénégalais (Pds) que le pape du Sopi a dépêché à la présidence de la République pour parler au nom des libéraux. Mais pour beaucoup, ce n’était qu’un alibi pour gracier Karim Wade après qu’un accord a été trouvé avec Abdoulaye Wade par l’intermédiaire de l’Emir du Qatar. La suite, on la connaît. Karim Wade sort de prison dans la nuit du 23 au 24 juin 2016. Avant de quitter le Sénégal dans la même nuit pour ne plus revenir.
Aujourd’hui, l’histoire semble se répéter. Dans le discours inaugural de son nouveau mandat prononcé ce mardi, Macky Sall a appelé tous les Sénégalais autour d’un «dialogue républicain». Non sans indiquer que ses prédécesseurs, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, pourraient contribuer à ce dialogue. Le patron de l’Alliance pour la république (Apr) qui sera dans cinq ans ancien président de la République, se souvient enfin de… Me Abdoulaye Wade.
Et nombre d’observateurs estiment que le nom d’Abdou Diouf a juste été cité par Macky Sall afin de mieux vendre la main tendue à Wade. D’ailleurs, durant son premier mandat, le chef de l’Etat a souvent cité Diouf en «oubliant» Wade. Est-ce alors le dernier épisode du conflit Macky-Wade ? Karim Wade va-t-il enfin pouvoir rentrer ? Tout semble l’indiquer. D’autant que Macky Sall, lui-même, avait déjà évoqué la possibilité d’une amnistie pour Wade-fils et pour Khalifa Ababacar Sall.
Mieux, l’appel lancé par Macky Sall semble confirmer la thèse d’un deal lui permettant d’assurer sa réélection et d’empêcher un candidat comme Idrissa Seck, d’accéder au pouvoir. Ce qui donne à Karim Wade, le temps de se réarmer pour la bataille de 2024. Mais pour beaucoup, c’est ce deal qui a fait que le bouillant opposant qui menaçait de brûler le pays, est devenu tout doux après un voyage éclair chez Alpha Condé en Guinée.
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