Yémen: un fragile, mais indispensable cessez-le-feu à Hodeïda

Malgré l’accord de cessez-le-feu au Yémen, des affrontements sporadiques se sont produits cette nuit dans la ville d’Hodeïda, ville portuaire, principal point d’entrée de l’aide humanitaire dans le pays. Selon les forces pro-gouvermentales, au moins 29 combattants dont 22 rebelles houthis auraient été tués. Les rebelles ont affirmé de leur côté que les forces gouvernementales continuaient les raids aériens dans la région.

Pour Sylvia Ghaly, directrice de communication de Save the children au Yémen, l’accord de cessez-le-feu était, à la base, une « très bonne surprise pour nous et la population. Est-ce que la population pense que ça va durer ou pas, ça c’est une autre histoire. Ce n’est pas la première fois qu’un cessez-le-feu est annoncé, qu’il n’est pas respecté et rompu en 24h ou moins. »

« Et l’incident du tir d’artillerie, il y a deux jours, a sûrement confirmé l’inquiétude de la population que la trêve ne durerait pas, indique encore cette membre de Save the Children. Mais nous faisons tout pour que cela fonctionne et nous espérons  que cela perdure. Nous souhaitons que toutes les parties respectent le cessez-le-feu et travaillent de près avec l’envoyé spécial de l’ONU et que nous atteindrons un accord qui durera et apportera la paix au yéménites. »

La fragilité de l’accord connue de tous

Ce cessez-le-feu était pourtant censé entrer dès sa signature en vigueur à Hodeïda, qui constitue à l’heure actuelle le principal point de fixation du conflit. Le retrait des combattants était, lui, prévu dans les « prochains jours ». Et même si la fragilité du processus était connue de tous, les rebelles avaient qualifié samedi l’accord de « réussite ». Outre une trêve à Hodeïda, cet accord prévoit un échange de quelque 15 000 combattants faits prisonniers ainsi que des mesures pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire à Taëz (sud-ouest), ville aux mains des loyalistes et assiégée par la rébellion.

« Pour nous, le cessez-le feu n’a pas échoué, veut croire Sylvia Ghaly, en tout cas nous espérons qu’il n’a pas échoué pour le moment. Même avec l’annonce de la trêve à Hodeïda, nous ne nous attendons pas à un cessez-le feu à travers tout le pays et nous imaginons que les conflits vont se poursuivre. Sachant que le cessez-le-feu a été établi pour faciliter l’apport d’aide humanitaire. Donc tout le monde ne va pas s’y conformer mais pour le moment nous pensons toujours que le cessez-le-feu à Hodeïda a une chance de réussir. »

 

rfi