Yeumbeul Nord : Le film de la mort d’El Hadji Mbaye exécuté par une bande de quatre malfaiteurs

Yeumbeul Nord : Le film de la mort d'El Hadji Mbaye exécuté par une bande de quatre malfaiteurs
Yeumbeul Nord : Le film de la mort d'El Hadji Mbaye exécuté par une bande de quatre malfaiteurs

Face à quatre malfaiteurs qui lui avaient chipé son portable, El Hadji Mbaye qui a voulu récupérer son bien, n’avait aucune chance de s’en tirer indemne, malgré son gabarit impressionnant. Il a reçu trois coups de couteau qui lui ont perforé le thorax. Une mort atroce pour ce marchand ambulant âgé de 33 ans.

Pour un gadget, ils sont prêts à prendre des vies. Après l’étudiant Celestin Ahyi sauvagement tué à l’Ucad pour un portable, voilà qu’un marchand ambulant subit la loi des malfaiteurs qui n’ont pas hésité à le massacrer à coups de couteau, après lui avoir volé son portable. A Yeumbeul-Nord, au quartier Aïnoumady 1, les habitants encore sous le choc déroulent le film de la mort de El Hadji Mbaye, un marchand ambulant qui, malgré son physique de joueur de rugby, n’a pu hélas survivre aux coups de couteau de ses bourreaux.

C’était dans la nuit du vendredi 1er au Samedi 2 octobre. Il était 21 heures trente minutes. A Aïnoumady 1, un quartier populaire de la commune de Yeumbeul-Nord, les discussions tournent pour l’essentiel autour des préparatifs du Magal de Touba. Alors qu’on s’enfonce peu à peu dans la nuit, El Hadji Mbaye, marchand ambulant, sort précipitamment de son domicile familial, son téléphone portable à la main. Un portable qu’il avait promis de vendre à son jeune frère afin de trouver le billet pour se rendre à Touba. Dans la rue qui mène à la grande artère de Yeumbeul-Nord, il ne se fait aucun souci lorsqu’il croise quatre jeunes réputés violents. Hélas, à la vue du portable, l’un d’eux taquine le marchand ambulant et lui demande s’il veut l’écouler. Sur un ton sec, El Hadji Mbaye, taillé comme un joueur de rugby, fait signe que non. Il avait déjà promis de le vendre à son jeune frère. Froissés par la réponse du marchand ambulant, les quatre malfaiteurs l’encerclent, puis d’un geste vif, l’un d’eux s’empare du téléphone. «Nous avons tous vu, rien ne nous a échappé», souffle un témoin qui s’est confié hier, à L’Obs, non loin de la scène du crime. Lorsqu’il tente de récupérer son téléphone, El Hadji Mbaye se heurte au refus des malfaiteurs présentés à Yeumbeul comme des marginaux, dont la vie consiste à fumer des joints et à commettre de mauvais coups.

Décrit par ses parents et amis comme un individu qui n’est pas du genre à se laisser faire, El Hadji Mbaye pique alors une vive colère et engage la bagarre avec les quatre malfaiteurs. Dans la rue, lorsque des passants et des riverains interviennent pour les séparer, les malfaiteurs se retirent dans une maison inoccupée sise dans la même rue. Une maison qui leur sert de repaire et de fumoirs, souffle un témoin. Hélas, décidé à récupérer son portable et conscient qu’aucun des malfaiteurs ne pourra lui résister, El Hadji Mbaye, malgré les mises en garde des passants, s’introduit dans la maison et se retrouve face à la bande. La suite est épouvantable. Trois coups de couteau lui transpercent le cou et s’enfoncent directement dans ses poumons (voir rapport d’autopsie). Il hurle alors de toutes ses forces, titubant la main accrochée au cou pour sans doute tenter d’arrêter l’hémorragie. Hélas, il finit par s’effondrer. Les malfaiteurs en profitent pour vider les lieux. Alertés par les cris de douleur et la fuite précipitée des malfaiteurs, des riverains arrivés sur les lieux, trouvent le marchand ambulant inconscient couché dans une mare de sang. «Il était déjà mort à notre arrivée», témoigne un riverain, l’index pointé sur le lieu où était couché El Hadji Mbaye.

Dans la maison mortuaire située non loin de la scène du crime, les regards sont plus tournés vers Madior Diouf. Âgée de 45 ans, la mère du défunt marchand ambulant, dévastée par la perte cruelle de son fils aîné, a dû quitter précipitamment la ville sainte de Touba où elle célébrait le Magal et écoulait son stock de parures. Elle raconte les derniers instants vécus avec son fils aîné peu avant son départ pour Touba. «Vendredi, il m’a aidée à faire mes bagages et promis de me retrouver à Touba pour célébrer le Magal. J’avais un stock de parures pris à crédit et que j’espérais écouler au cours du Magal. Nous sommes une famille de marchands ambulants. Tout le monde participe à faire bouillir la marmite. C’est la tradition dans la famille. A mon arrivée à Touba, c’est alors que je défaisais mes bagages que j’ai reçu un coup de fil de mon époux m’annonçant la mort cruelle de notre fils aîné. J’ai alors tout abandonné pour revenir à Yeumbeul et me pencher une dernière fois sur le corps de mon fils. Mbayaa, tel que je l’appelais, n’était pas belliqueux.»

Cheikh Mbaye, père du défunt : « Quand je suis arrivé …. »

Tiré du lit par la mauvaise nouvelle, Cheikh Mbaye, père de la victime, la voix nouée par l’émotion, confie : «J’étais au lit lorsqu’on a frappé à ma fenêtre pour me dire que mon fils a été poignardé à mort. Quand je suis arrivé sur les lieux, j’ai trouvé qu’il était recouvert d’un pagne que je n’ai pas osé soulever pour regarder dans quel état il se trouvait. C’est mon aîné et je ne pouvais pas admettre qu’il soit mort aussi rapidement. Lorsqu’on m’a confirmé sa mort, j’ai regretté de n’avoir trouvé sur place ceux qui l’ont tué, je leur aurais fait subir le même sort.»

Ce que dit le rapport d’autopsie établi par le laboratoire Bichat de l’hôpital A. Le Dantec

El Hadji Mbaye est mort à la suite de « plaies thoraciques pénétrantes avec lésions vasculaires et pulmonaires gauches et hémorragie de grande abondance à la suite de coups et blessures par arme blanche.»

Deux des présumés meurtriers arrêtés

DERNIERE MINUTE : On apprend que deux parmi les présumés auteurs de la mort d’El Hadji Mbaye ont été interpellés par la police de Yeumbeul au cours d’une vaste opération de sécurisation qui a mobilisé des éléments des différents commissariats de la banlieue. Sur l’arme qui a été utilisée pour commettre le crime, on souffle également que les présumés auteurs parlent «plutôt de tessons de bouteille que de couteau». Sauf changement de dernière minute, ils pourraient être déférés au parquet aujourd’hui mercredi 07 octobre 2020

IGFM