Culture sénégalaise : quand la pitrerie prend le dessus sur la création

La culture sénégalaise (au sens métissé du terme) riche de la diversité de ses ethnies, s’était exportée vers la sous-région grâce à un travail digne de ce nom. En effet sous l’impulsion d’un dynamisme panafricain, nos artistes avaient su créer un art nègre authentique. La recherche était le soubassement de toute action, ce qui faisait qu’il était risqué de produire des œuvres cantonnées à la recherche du gain. Ousmane Sembene en fut un éloquent exemple car il a su produire des classiques du cinéma africain qui sont toujours d’actualité, et ce n’est pas un hasard si on dit de lui qu’il est le père du cinéma africain. L’art était engagé, non pas par un  comportement nihiliste, mais par engagement qui exhortait la population à faire sienne des valeurs constructrices d’une forte personnalité nègre.

La culture sénégalaise comme dit plus haut n’est pas homogène mais hétérogène avec une sensible différenciation de ses pratiques, ce qui n’empêche que ses artistes avait su créer un art qui panachait  à  dose homéopathique les différences culturelles afin d’en ressortir une culture qu’on pourrait appeler sénégalaise ainsi on peut citer la musique Mbalakh dont la technique provient en partie de la tradition de la musique religieuse et conservatrice sérère, a fait appel à toutes les sonorités (mandingue, peul, ouolof, diola etc.) afin de toucher la majorité de la population sénégalaise.

Dès le début des indépendances, la vision des artistes reposait sur l’intemporalité de leurs œuvres, ce qui est tout le contraire aujourd’hui avec des créations artistiques cosmétiques. A qui la faute ? En effet l’art sénégalais a du mal à s’exporter actuellement (littérature, musique, œuvre cinématographique). Attention on ne dit pas qu’il y’a plus de véritables artistes au Sénégal, mais on a un public sénégalais pas du tout exigeant, qui raffole de programmes crétinisants ainsi les véritables artistes n’acceptant pas de se dévaloriser, sont mis aux oubliettes pour être remplacé par des guignols qui, ignoble blasphème, se proclament artistes.

La culture sénégalaise est malade de son public qui ne s’intéresse qu’au sexe, argent et gloire, reléguant derrière la sensibilité artistique qui faisait la fierté de tout un peuple sénégalais. La solution ? Valoriser nos talents et les soutenir, et c’est en ce moment que le génie sénégalais dans son ensemble (économique, politique, social, culturel etc.) se réveillera afin de rendre à ce pays sa grandeur.

Toumany Etienne Camara Actuvision.com