Ce lundi 29 avril s’ouvrait à Paris, sous l’égide de l’ONU et pour une semaine, une grande réunion sur la biodiversité (IPBES), avec des experts de 132 pays et des représentants des États. Pour les scientifiques, il s’agit de faire un état des lieux des espèces qui vivent sur notre planète.
Il s’agit surtout de lancer une alerte rouge: le nombre d’espèces vivant sur notre planète – ce que l’on appelle la biodiversité – est en chute libre. Les scientifiques sont venus à cette réunion avec un rapport de 1 800 pages extrêmement détaillé, rapport non divulgué pour l’instant, mais qui montre tous les aspects de cette perte.
Des effets en cascade
Tous les facteurs de cette perte de la biodiversité ont en commun la présence et le développement de l’homme : en premier lieu, l’étalement urbain, qui forcément réduit le territoire des autres espèces. Viennent ensuite l’exploitation des ressources, la pêche, la chasse, la déforestation, puis les pollutions de toutes sortes, l’utilisation des pesticides. Il y a aussi le développement des espèces envahissantes et le réchauffement climatique.
Les causes sont nombreuses et interagissent en cascade sur les écosystèmes, la faune, mais aussi la flore.
La 6e grande extinction
Un chiffre a fuité de ce rapport, qui va être disséqué toute cette semaine : jusqu’à un million d’espèces pourraient disparaître de notre planète dans les prochaines décennies, sur les 8 millions d’espèces présentes sur Terre.
On pense à ces espèces emblématiques comme le tigre, l’éléphant d’Asie ou le gorille, mais il y en a bien d’autres. Les insectes, de nombreux organismes, poissons, mammifères et autres vivant dans les océans, dans les récifs coralliens sont eux aussi en danger, ainsi que de nombreuses espèces d’oiseaux vivant dans les forêts.
De nombreux scientifiques parlent donc de la 6e grande extinction. Car dans le passé agité de la Terre, il y a déjà eu cinq épisodes où la vie a été fortement menacée. La dernière en date s’est produite il y a 65 millions d’année : huit espèces sur dix ont alors disparu.
Comment lutter contre ces extinctions ?
Les représentants des 132 pays vont disséquer ce rapport pour produire un résumé qui doit mettre tout le monde d’accord pour la fin de la semaine. Un négociateur français expliquait ce lundi à RFI que ce travail n’est « ni fun ni sexy », car chaque virgule est discutée…
Mais il est nécessaire, car c’est sur la base de ce résumé que les États devront prendre des initiatives pour protéger les espèces, lors de la réunion en Chine en 2020, avec des engagements contraignants. C’est le même processus que pour le climat. Seule différence : la question de la biodiversité étant moins connue, il faut rattraper le retard et convaincre en urgence les décideurs politiques.
Rien n’empêche les pays de prendre d’ores et déjà des initiatives pour protéger les espèces vivant sur leur sol. C’est notamment le cas de la France, avec le plan biodiversité.
Mais pour avoir de vastes accords internationaux efficaces, il faut discuter, convaincre. On peut ainsi se demander quelle sera l’attitude des États-Unis ou du Brésil, connaissant les réticences de ces pays pour les actions pour le climat. Qu’en sera-t-il pour la biodiversité ? Il faudra voir, à l’issue de cette semaine, si les États parviennent à se mettre d’accord pour valider un résumé convaincant, sur lequel ils pourront alors s’appuyer pour agir de concert.
RFI