L’offensive militaire menée depuis une semaine en Ukraine serait-elle mal ajustée à la réalité du terrain ? L’armée russe, pourtant reconstruite et modernisée depuis 2008, a montré des lacunes surprenantes dans la première phase de son opération.
Le menaçant convoi militaire russe fonçant sur Kiev le 28 février s’est transformé en un vaste embouteillage. Des véhicules, en panne ou à court d’essence, selon le renseignement américain, ont bloqué la route, stoppant la fulgurante pénétration des troupes terrestres souhaitée par Moscou jusqu’à la capitale ukrainienne.
Nul ne se hasarde à prédire sa défaite, rien ne permet d’annoncer une victoire. Mais l’armée russe serait-elle moins puissante que redouté ? L’offensive militaire menée depuis une semaine par Vladimir Poutine, ce tsar qu’on dit totalement isolé, serait-elle mal ajustée à la réalité du terrain ? De premières avancées sont acquises – la ville de Kherson, 300 000 habitants dans le sud de l’Ukraine, est tombée jeudi 3 mars, tandis que Kharkiv et Marioupol subissent des bombardements aveugles. Mais très peu d’images ont été adressées au public occidental par le Kremlin. Aucune annonce de « victoire » n’a eu lieu, à la différence notable de la communication frénétique déployée lors de l’intervention en Syrie en 2015. Et l’armée russe, pourtant reconstruite et modernisée depuis 2008 par plusieurs plans successifs, a montré des lacunes dans la première phase de son opération, au point de surprendre les observateurs.
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Selon l’agence Tass, qui a retiré ces données de son site presque aussitôt après les avoir publiées, ses pertes matérielles s’élevaient dès les trois premiers jours à 27 avions, 26 hélicoptères, 146 chars, 706 blindés légers… Le porte-parole de l’armée russe, le général Igor Konachenkov, a reconnu des victimes, mercredi : « Malheureusement il y a eu des pertes parmi nos camarades participant à l’opération militaire spéciale [nom officiel des manœuvres d’invasion] : 498 soldats russes ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions, et 1 597 de nos camarades ont été blessés. » Un officier supérieur, le colonel Viktor Isaikine, 40 ans, fait partie des tués. La veille, les images d’une réunion du ministre Sergueï Choïgou avec les commandants des forces armées, depuis la war room, étaient diffusées avec un message de réalisme : « Les questions d’accès aux soins médicaux pour le personnel militaire ont été discutées. »
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Un premier point de faiblesse semble être le moral des soldats russes, qui affrontent la galvanisation de leurs cousins d’Ukraine, membres d’une « même nation », selon M. Poutine, mais sur lesquels ils doivent tirer. Réelles ou arrangées par la propagande ukrainienne, des images de très jeunes recrues au regard vide de fatigue, celles d’équipages de chars, cernés d’une foule hostile dans les villes, circulent. En Biélorussie, où stationnaient les unités avant le début de l’offensive, « j’ai vu des troupes qui n’avaient aucune idée du fait qu’elles allaient lancer une telle opération et n’étaient pas du tout préparées, y compris chez les officiers, a relaté Michael Kofman, du Centre for Naval Analysis (CNA) de Washington. Le moral est bas, rien n’est organisé, les soldats ne veulent pas combattre. »