Le fondateur de WikiLeaks est poursuivi aux États-Unis pour une fuite massive de documents confidentiels. Il risque 175 ans de prison.
Le gouvernement britannique a confirmé, vendredi 17 juin, avoir signé le décret d’extradition du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, vers les États-Unis. « En vertu de la loi de 2003 sur l’extradition, la ministre d’État doit signer une ordonnance d’extradition s’il n’y a aucun motif d’interdire l’ordonnance », a déclaré un porte-parole du ministère de l’Intérieur.
« Dans cette affaire, les tribunaux britanniques n’ont pas conclu qu’il serait oppressif, injuste ou un abus de procédure d’extrader M. Assange. Ils n’ont pas non plus conclu que l’extradition serait incompatible avec ses droits humains, y compris son droit à un procès équitable et à la liberté d’expression, et que pendant son séjour aux États-Unis, il sera traité de manière appropriée, y compris en ce qui concerne sa santé », a souligné le porte-parole.
Arrêté en 2019 après avoir passé plus de sept ans réfugié dans l’ambassade d’Équateur à Londres, Julian Assange risque 175 ans de prison aux États-Unis. La justice américaine réclame de longue date le fondateur de WikiLeaks, accusé d’avoir diffusé, à partir de 2010, plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan.
« Un jour sombre pour la liberté de la presse et pour la démocratie britannique »
Il est détenu depuis trois ans à la prison de haute sécurité de Belmarsh, près de Londres, où il a épousé en mars sa fiancée Stella Moris. « Quiconque dans ce pays se soucie de la liberté d’expression devrait avoir profondément honte que la ministre de l’Intérieur ait approuvé l’extradition de Julian Assange vers les États-Unis, le pays qui a comploté son assassinat », a d’ailleurs réagi Mme Moris dans un communiqué. Et d’ajouter : « Ce n’est que le début d’une nouvelle bataille juridique ». Selon son épouse, il a déjà subi un accident cérébral et souffre d’idées suicidaires, rapporte notre correspondante à Londres, Emeline Vin.
De son côté, WikiLeaks dénonce « un jour sombre pour la liberté de la presse et pour la démocratie britannique » dans un communiqué. « La ministre britannique de l’Intérieur [Priti Patel] approuve l’extradition de l’éditeur de WikiLeaks Julian Assange vers les États-Unis où il risquerait une peine de 175 ans. La décision sera portée en appel », a indiqué WikiLeaks sur Twitter. Le délai pour faire appel est de quatorze jours. L’avocate Jennifer Robinson, qui défend Julian Assange, a confirmé qu’il ferait appel devant la justice britannique dans les 14 jours impartis « et si nécessaire devant la Cour européenne des droits de l’Homme ».
Agnes Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, a déclaré dans un communiqué que « permettre à Julian Assange d’être extradé vers les États-Unis le mettrait en grand danger et enverrait un message effrayant aux journalistes du monde entier ». L’ONG craint que Julian Assange soit « exposé à un risque élevé d’isolement cellulaire prolongé, ce qui violerait l’interdiction de la torture ou d’autres mauvais traitements ». Elle demande donc au Royaume-Uni de « s’abstenir d’extrader Julian Assange » et aux États-Unis « d’abandonner les charges » contre le fondateur de WikiLeaks.
En France, le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, affirmé vendredi qu’il naturaliserait Français Julian Assange, s’il était nommé Premier ministre. « Si je suis Premier ministre lundi, monsieur Julian Assange, je crois qu’il en a présenté la demande, sera naturalisé Français et nous demanderons qu’on l’évacue chez nous », a déclaré le leader de l’alliance de gauche Nupes lors d’une conférence de presse à Paris, au dernier jour de la campagne des élections législatives. avec rfi