COP 27 : Pourquoi l’Afrique doit parler d’une seule voix

[Focus] COP 27 : Pourquoi l’Afrique doit parler d’une seule voix

La COP 27 s’est ouverte dimanche, à Sharm El-Sheikh en Egypte. Elle va se dérouler cette année dans un contexte de flambée des coûts énergétiques et de tensions diplomatiques. D’où la nécessité pour les pays africains de parler d’une seule voix face aux grandes puissances.

La 27ème Conférence des parties ou encore Conférence des Nations unies sur les changements climatiques se tient du 6 au 18 novembre 2022, à Sharm El-Sheikh en Egypte. A l’occasion, les dirigeants du monde entier doivent discuter des mesures à prendre pour lutter contre les changements climatiques. Elle fait suite à une année de catastrophes liées au climat et de records de température battus. En effet, le flot de désastres « inondations, occurrence des ouragans, des typhons, l’érosion côtière, températures extrêmes, sécheresse », qui a frappé plusieurs pays à travers le monde cette année, notamment en Afrique, ne fait que certifier les prévisions alarmistes des experts. Pour ces derniers, les changements climatiques et leurs effets dévastateurs font perdre à l’Afrique 5% et 15% de son PIB (Produit intérieur brut). Avec seulement 4% des émissions mondiales de Co2 provenant du continent, 300 millions d’africains vivant de l’agriculture, d’élevage, de pêche et surtout de produits forestiers, sont directement impactés par l’injustice environnementale dans le monde.

Flot de désastres, guerre en Ukraine et tensions diplomatiques

Le continent pollue trop peu, mais il souffre plus que tout le monde, faute de politique et mécanisme de résilience adéquate contre l’effet climat mais également faute de ressources financières pour y faire face. En effet, les fortes inondations au Niger et au Sénégal sont une bonne illustration des dérèglements climatiques subis par une Afrique non industrialisée et pauvre qui paie pour l’extrême pollution provoquée et émise par les économies asiatiques, européennes et nord américaines.

A ce flot de désastres, s’ajoutent les effets de la guerre en Ukraine et ses conséquences sur la relance de certaines productions d’énergies fossiles. Elle a entraîné une flambée des coûts énergétiques et de tensions diplomatiques entre les partisans des deux camps. Ce qui risque d’impacter négativement les négociations entre les pays développés qui émettent plus de gaz à effet de serre et ceux en voie de développement qui subissent en plein fouet les effets de ces carbones, parce que les nombreuses conventions et de dispositions nationales ne sont pas dissuasives en matière de préservation de leur environnement.

Sur le plan diplomatique, il faut noter que plus de 200 gouvernements sont invités. Toutefois, certains dirigeants de grandes économies, dont le dirigeant russe Vladimir Poutine, ne devraient pas être présents. Des délégués russes sont tout de même attendus. D’autres pays, dont la Chine, n’ont pas confirmé la participation de leurs dirigeants. D’où l’appelle de l’Égypte, pays hôte, à « mettre leurs différends de côté et à faire preuve de leadership ».

La conférence enregistre également la participation des organisations caritatives environnementales, des ONG, des groupes communautaires, des groupes de réflexion, des entreprises, des groupes religieux, entre autres.

Au vue de tout cela, l’Afrique doit faire bloc et parler d’une seule voie pour relever ses défis climatiques et laver l’affront de Rotterdam à Sharm El-Sheikh. Parce que le sommet de Rotterdam fut juste un monologue hors du continent avec l’absence des parties prenantes européennes, asiatique et américaines, et à l’issue duquel l’Union africaine (UA) doit revoir son due diligence. En effet, le continent noir doit s’attendre à des points de friction lors des travaux, parce que la question du financement est depuis longtemps au cœur des négociations sur le climat. A rappeler qu’en 2009, les pays développés se sont engagés à verser 100 milliards de dollars par an, d’ici à 2020, aux pays en développement pour les « aider à réduire leurs émissions et à se préparer » aux effets des changements climatiques. Mais, cet objectif n’a pas été atteint et a été reporté à 2023. Nous sommes donc à quelques mois de l’échéance.

C’est donc l’occasion pour les pays en développement, notamment ceux de l’Afrique, de s’unir comme un seul homme pour que le financement des pertes et dommages soit un point de l’ordre du jour à cette COP 27. Ils doivent également être forts afin de faire pression pour que soit fixée une date à laquelle ils pourraient commencer à recevoir ces financements.

De l’autre côté, les nations développées attendront des grands pays en développement, tels que la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Indonésie et l’Afrique du Sud, qu’ils s’engagent davantage à abandonner le charbon, le plus polluant des combustibles fossiles.

Qu’est-ce que la COP ?

La Conférence des Nations unies sur le climat se tient chaque année afin que les gouvernements conviennent des mesures à prendre pour limiter la hausse des températures mondiales. Elle est appelée « COP », qui signifie « Conférence des parties ». Les parties sont les pays participants qui ont signé l’accord initial des Nations unies sur le climat en 1992.

La COP : une nécessité pour les pays signataires

Le réchauffement de la planète est dû aux émissions produites par l’homme, principalement par la combustion de combustibles fossiles comme le pétrole, le gaz et le charbon. Selon les climatologues des Nations unies et le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les températures mondiales ont augmenté de 1,1°C et se rapprochent de 1,5°C. Pour le GIEC, si les températures augmentent de 1,7 à 1,8°C par rapport aux niveaux de 1850, la moitié de la population mondiale pourrait être exposée à une chaleur et une humidité dangereuses pour la vie. Et c’est pour éviter cela, que 194 pays ont signé l’Accord de Paris en 2015, s’engageant à »poursuivre leurs efforts » pour limiter la hausse des températures mondiales à 1,5°C. Mais, selon la dernière évaluation de l’ONU-Climat, publiée récemment, les engagements de ces pays signataires sont encore « très loin » de ce qu’il faudrait pour espérer tenir les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique car, ils sont nettement en dessous de +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle.

5 sur les 27 COP se sont tenues en Afrique

C’est la cinquième fois qu’une Conférence des parties sur le climat est organisée dans le continent africain. Et le choix de l’Egypte pour abriter cette 27ème édition s’explique par plusieurs facteurs, notamment celui d’attirer l’attention sur « les graves conséquences » des changements climatiques sur le continent noir. Car, selon le GIEC, l’Afrique est l’une des régions les plus vulnérables du monde. Et actuellement, on estime que 17 millions de personnes sont confrontées à l’insécurité alimentaire en Afrique de l’Est en raison de la sécheresse.

Plusieurs sujets y seront abordés

Avant ce rendez-vous de Sharm El-Sheikh, les pays ont été invités à soumettre des plans nationaux ambitieux en matière de climat, à savoir : la Contribution Déterminée au niveau National (CDN). Mais, seuls 25 l’ont fait avant l’ouverture de cette COP 27. En effet, cette conférence des parties se concentrera sur trois domaines principaux, à savoir : la réduction des émissions ; aider les pays à se préparer et à faire face aux changements climatiques et assurer aux pays en développement un soutien technique et un financement pour ces activités.

Elle sera l’occasion également de revenir sur certains domaines qui n’ont pas été entièrement résolus ou couverts lors de la COP 26 qui s’est tenue à Glasgow. Il s’agit, du financement des pertes et dommages (argent pour aider les pays à se remettre des effets du changement climatique, plutôt que de simplement s’y préparer) ; de la mise en place d’un marché mondial du carbone pour fixer le prix des effets des émissions dans les produits et services au niveau mondial ; de renforcer les engagements visant à réduire l’utilisation du charbon, entre autres.

La COP est également le lieu de tenir des journées thématiques pour des discussions et des annonces ciblées sur des questions telles que le genre, l’agriculture et la biodiversité.