C’est un cri à l’unisson pour des revendications très diverses de la part de la plus grosse plateforme syndicale malgache.
Madagascar: la plateforme syndicale SSM hausse le ton dans un contexte social dégradé
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Le 5 décembre dernier, la Solidarité syndicale de Madagascar, la plus grosse plateforme syndicale du pays regroupant 86 entités différentes du secteur public, privé et même de l’informel, envoyait un courrier recensant treize revendications, certaines formulées de longue date, à tous les chefs d’institution du pays. Aucune réponse. Hier, de guerre lasse, la plateforme a donc donné rendez-vous à la presse, avec un objectif : attirer l’attention du gouvernement et relancer le dialogue, fortement distendu.
La salle fourmille de sympathisants et de représentants d’organisations syndicales. Tous arborent la fameuse lettre restée sans réponse, dans laquelle sont listées treize revendications qui ont fait consensus.
Tatamo Rakotovao, coiffeur professionnel et représentant du S3MA, le syndicat des artisans, dénonce des aberrations fiscales auxquels ses confrères sont confrontés.
« Nous, artisans, nous nous plaignons d’être traités de la même manière que les grandes sociétés alors que nos revenus ne sont pas du tout les mêmes. Actuellement, nous payons des impôts de plusieurs centaines de milliers d’ariary alors que nous devrions, selon la loi, payer 65 000 ariary par an. Pourquoi ? Parce que le décret d’application de la loi votée en 2018 n’a jamais été pris. »
La SSM revendique une unification des statuts des fonctionnaires
Tsilavintsoa Ernaivo, responsable déploiement national et conseil juridique au sein de la SSM, déplore, elle, des formes d’intimidation répétées auprès des leaders syndicaux, contraires aux textes en vigueur.
« La grève est autorisée, oui. Mais il y a toujours des entraves qu’on subit pour pouvoir faire la grève librement. Concernant la liberté d’expression, nous subissons des représailles lorsqu’on s’exprime. On n’a pas accès aux médias publics nationaux. Tout cela est anormal. Et ce n’est pas conforme aux textes et convention que Madagascar a ratifiés (en 2019, NDLR). »
Autre point noir, pour les syndicats : l’existence de deux statuts distincts qui encadrent les fonctionnaires titulaires et les « agents non encadrés », autrement dit les fonctionnaires non titulaires. La SSM revendique une unification des statuts, afin « que tous bénéficient des mêmes traitements. À savoir la notation, l’avancement, l’affectation et l’âge de retraite aussi », explique Herizo Andrianavalona, le président national de la Solidarité syndicale de Madagascar. « Aujourd’hui, les non titulaires sont clairement désavantagés. »
Pour le numéro 1 de la plateforme, il est urgent d’alerter les dirigeants du pays. « Les employés sont malades, les travailleurs sont pauvres ! » s’agace-t-il, las d’une situation qui ne semble qu’empirer.
« On attend impatiemment la réponse du gouvernement » insiste-t-il, avant de rappeler à ceux qui l’auraient oublié, son poids numérique, sans doute son meilleur argument. Le président estime que sa plateforme représente un million de travailleurs sur l’île : « Vu notre effectif, on peut faire beaucoup de dégâts si tous les employés font la grève. Mais la grève, c’est l’ultime étape, nous n’en sommes pas encore là. On espère que les discussions vont faire avancer les choses. »
D’un point de vue légal, le gouvernement a trois mois pour répondre aux interpellations des syndicats.