Venezuela: les maladies rénales face à la pénurie de traitements

Le manque de médicaments est toujours très fort au Venezuela. Fin janvier, la Fédération pharmaceutique vénézuélienne a estimé que la pénurie de médicaments dans le pays était en effet de 85%, la chute de l’attribution des devises par l’Etat vénézuélien étant l’un des facteurs qui affectent le plus la production et l’importation de médicaments. Une situation qui touche tout particulièrement les maladies graves et les maladies chroniques. Depuis plusieurs semaines, les patients souffrant d’insuffisances rénales, opérés de greffes de reins ou nécessitant une dialyse, rencontrent d’énormes difficultés pour obtenir leur traitement. Une situation qui alarme notamment des experts des Nations unies qui ont assuré vendredi qu’« environ 15 000 personnes atteintes de maladies rénales courent le risque de perdre la vie ». A Caracas, un rassemblement d’ONG et de patients pour dénoncer la pénurie de médicaments dans le pays était organisé jeudi 8 février.

Avec notre correspondant à Caracas,Julien Gonzalez

« Nous voulons vivre », c’est le message lancé jeudi par plusieurs patients qui protestent contre la pénurie de médicaments. Parmi eux, Jesus : il a subi une greffe de rein il y a 3 ans, mais impossible depuis de nombreuses semaines de trouver son traitement immunosuppresseur.

« Cela fait 3 mois que le traitement est introuvable : mes réserves se sont épuisées la semaine dernière donc depuis plusieurs jours je ne prends plus de médicaments, confie-t-il. Mon médecin m’a dit que je ne peux que m’en remettre à Dieu, elle ne peut rien faire si l’Etat ne fait rien. En ce moment, je cours le risque d’un rejet de ma greffe et de retourner en dialyse. Et ensuite, comme il n’y a pas non plus de traitement pour la dialyse, c’est la mort qui m’attend ! »

Des patients rassemblés à l’appel de Codevida, une ONG de défense du droit à la santé. Francisco Valencia en est le président : il dénonce une situation insoutenable pour tous ceux qui souffrent de maladies chroniques comme l’insuffisance rénale : « Les difficultés des traitements de dialyse, nous en parlons depuis l’année dernière, mais maintenant nous sommes dans une situation d’absence totale de matériel et de médicaments. Ce qui a provoqué, en 2 semaines, la mort de 7 personnes qui n’ont pas été dialysées. Nous demandons que le gouvernement active les mécanismes de coopération internationale pour éviter plus de morts face à cette situation que nous vivons. »

L’ONG Codevida estime que 35 centres de dialyse ont été fermés dans tout le pays.

rfi