Royaume-Uni: après le report du vote, colère générale des pro et anti-Brexit

Au Royaume-Uni, la Première ministre Theresa May a reculé devant l’obstacle au sujet du Brexit et annoncé le report du vote au Parlement sur l’accord négocié avec l’Union européenne (UE). Du côté des « Brexiters » comme des « Remainers », ceux qui ont voté pour le maintien dans l’UE et aimeraient bien rejouer le match, la colère prévaut après cette décision.

Avec notre envoyée spécial à Londres,Anissa El-Jabri

Dans ce pub du sud-ouest de Londres, au Royaume-Uni, des équipes de trois personnes sont attablées face à une bière et des chips au milieu des guirlandes et des bonnets de Noël. Il s’agit d’un classique de la culture britannique : la soirée quiz de Noël au pub. Moins habituel, ce soir-là, on trouve des drapeaux des 28 pays-membres de l’Union européenne aux fenêtres et une meneuse de jeu coiffée d’un chapeau aux couleurs bleu et jaune de l’Europe.

« Quel est le pays qui va prendre la présidence tournante de l’Union européenne en janvier prochain, le pays qui va gérer le Brexit dans les six prochains mois ? », demande-t-elle.

Sourire et amertume sur le visage de ces militants pro-européens, en colère contre la décision de la Première ministre Theresa May de reporter le vote au Parlement sur l’accord sur le Brexit.

« Ce n’est qu’une lâche, assène l’un d’entre eux. Elle ne cherche qu’à gagner du temps pour trouver du soutien mais tout ce qu’elle fait, c’est abîmer ses chances de trouver du soutien parce qu’elle frustre les députés ».

Nouveau référendum ?

« Je suis déçue et énervée, se plaint une autre. Ce n’est pas comme si elle avait un plan. Qu’on en finisse. Pour moi, elle n’a plus aucune crédibilité ».

« Un nouveau référendum pourrait créer de la rancœur, de la colère entre deux blocs, analyse une troisième participante. Mais en fait, il n’y a pas de bonne option. C’est juste la moins mauvaise des solutions ».

Les pro-européens caressent l’espoir en dernier recours d’un nouveau référendum pour potentiellement revenir sur le Brexit. En tout cas, l’idée commence à rencontrer un écho dans l’opinion.

Pro-Brexit radicaux

Drapeaux britanniques et pancartes à bout de bras, les « Brexiters », partisans de la séparation d’avec l’UE, venus de toutes les régions du pays, se relaient quant à eux tous les jours devant les grilles du palais de Westminster, le siège du Parlement.

En colère contre cette sortie de l’Europe qui traîne, ils étaient particulièrement furieux contre leurs dirigeants après l’annonce de Theresa May. Plus le temps passe et plus les électeurs pro-Brexit se radicalisent.

« La Premiere Guerre mondiale, c’était de braves soldats aux ordres de généraux stupides, déclare l’un d’entre eux. Aujourd’hui, on a de braves citoyens qui demandent le Brexit et qui sont sous le contrôle d’une classe politique complètement idiote ».

Le plus souvent, Theresa May est directement visée. « Mais comment peut-elle être Première ministre de ce pays et avoir à ce point perdu le contact avec ses propres troupes et l’opposition ? se demande un autre. Personne ne peut être pire que Theresa May ».

« Moi, je crois en la démocratie, affirme un troisième. Et cela n’en est pas : on a voté pour quitter l’Europe ». Un dernier déclare encore : « Quand on a voté pour partir, on a voté pour un « no-deal »Tout simplement ».

 

rfi