Yémen: pas de paix possible «tant qu’il y a l’interférence de pays étrangers»

La coalition militaire menée par l’Arabie Saoudite a menacé de répondre aux violations de la trêve à Hodeïda, menée selon Riyad par la rébellion yéménite. Elle a également annoncé avoir mené un bombardement aérien sur l’aéroport de Saana. Sur place, les civils ne croient plus en la paix une frustration partagée par le président de Médecins sans frontières Mego Terzian, de retour du Yémen.

Revenu il y a quelques jours du Yémen, Mego Terzian porte en lui la frustration communiquée par nombre de Yéménites.

« Tous étaient pessimistes. Pour eux, tant qu’il y a l’interférence de pays étrangers, la coalition par l’Arabie Saoudite mais aussi les Occidentaux qui indirectement pour eux interviennent dans ce conflit, il n’y aura pas de solution politique entre les Yéménites dans leur propre pays. »

Autre point indispensable à remettre en cause pour avancer vers la paix : l’instrumentalisation de la résolution 22-16 de l’ONU adoptée il y a bientôt trois ans.

« Cette résolution est dédiée à empêcher les armes d’entrer dans le pays, mais quelques jours après l’adoption de cette résolution, c’est devenu un moyen pour carrément créer un blocus, notamment sur la partie nord du pays, sous contrôle du groupe Ansar Allah (le mouvement Houthi – NDLR), explique le président de Médecins sans frontières (MSF). Donc, pour les Yéménites, on entend toujours les bombes. Il y a toujours des armes, par contre pour le reste – la nourriture, l’humanitaire -, beaucoup de difficulté pour les importer. »

Avant même de circuler sur le territoire yéménite, le matériel de MSF doit être inspecté à Djeddah en Arabie saoudite. L’opération prend environ quatre mois, difficile donc de répondre aux besoins d’urgence de la population.

À Hodeïda, la peur est toujours intense parmi les habitants, qui sont toujours nombreux. Une route de sortie est encore ouverte, mais certaines familles n’ont pas d’autre choix que de rester comme nous l’explique Caroline Seguin, Responsable du programme Yémen MSF de retour d’Hodeïda.

source:rfi