Après la tentative de coup d’Etat du 7 janvier à Libreville, la Plateforme nationale de la société civile demande notamment l’ouverture d’une enquête independante et s’interroge sur « l’absence et le silence » du président Ali Bongo.
« Ce coup d’Etat est pour le moins intrigant », reconnaît une source proche du pouvoir gabonais. Les zones d’ombre sont en effet nombreuses, surtout si l’on s’attarde sur le profil des mutins, qui sont plutôt jeunes, et leur petit nombre, seulement une dizaine hommes, ou le fait que le leader du groupe ait pu s’échapper même s’il a été rattrapé par la suite. Leur message était par ailleurs assez long et durait six minutes. Il était structuré et a tourné en boucle à la radio nationale pendant plus de trois heures.
Etait-ce vraiment une sorte d’opération suicidaire menée en toute inconscience ? Ces militaires ont-ils été manipulés ? Etaient-ils en service commandé ? « Tout est possible », confie cette source qui s’interroge aussi sur d’éventuelles corrélations avec les rivalités qui se sont exacerbées au sein du pouvoir ces deux derniers mois.
« Cela met en tout cas en lumière l’instabilité que traverse notre pays, car le grand perdant, c’est Ali Bongo. Ce nouvel épisode montre à quel point le pouvoir est fragilisé », explique un opposant. « C’est faux, répond-on du côté de la présidence. Cette tentative de putsch a été rapidement maîtrisée. Les institutions fonctionnent. Il ne faut pas faire d’un ruisseau un océan ».
Marcel Libama, un des reponsables de la Dynamique unitaire, un des mouvements de la Plateforme, fait partie des personnalités citées dans la déclaration des militaires le 7 janvier. Ces personnalités étaient censées prendre part au « Conseil national de restauration » que voulaient instaurer le groupe de militaires. Lors d’une conférence de presse, il s’est dit « mêlé ni de près ni de loin à cette tentative de putsch » et a affirmé qu’il était menacé.