Si la pratique du sport chez l’enfant ou l’adolescent est conseillée, une activité trop intensive chez des sportives de haut niveau peut engendrer des effets nocifs, notamment sur la croissance ou le développement osseux. C’est ce qu’exprime l’Académie de médecine française dans un rapport adopté en décembre dernier par 85 voix pour, 3 voix contre et 2 abstentions.
En France, dans un rapport, l’Académie nationale de médecine met en garde sur la pratique intensive du sport de haut niveau chez les jeunes filles. Le document pointe principalement les sports dits « d’apparences », comme la gymnastique rythmique et artistique, la danse ou encore le patinage artistique. Des sports qui nécessitent des petites tailles et des poids légers.
« Il fallait faire le point sur cette question »
Si le sport pour les adolescents est conseillé, notamment à cause de la sédentarité de plus en plus élevée, l’étude explique qu’une pratique supérieure à 20 heures d’entraînement par semaine entraîne par exemple « un retard de croissance et de développement des os ».
L’Organisation mondiale de la santé considère que l’adolescence est la période de croissance et de développement humain se situant entre 10 et 19 ans. Une pratique intensive du sport peut engendrer des effets délétères concernant notamment le « développement pubertaire ». « Dans les sports à silhouettes, les médecins chargés de la surveillance médicale de ces athlètes constatent un ralentissement de la vitesse de croissance dès 15 heures d’entraînement par semaine », peut-on lire. Or certaines peuvent aller jusqu’à 35 heures de pratique hebdomadaire.
« Il fallait faire le point sur cette question. On espère que [le rapport] servira à tous les organismes qui l’ont reçu, dont le ministère des Sports. Il y a aussi un besoin d’information pour les gens qui encadrent ces athlètes et leur famille », avance pour RFI le professeur Yves Le Bouc, un des signataires de l’étude.
Les problèmes de nutrition pointé du doigt
L’Académie nationale de médecine demande d’ailleurs aux fédérations de se pencher sur la question des entraînements intensifs en déterminant un « âge optimal et un rythme de compétition » en fonction de la discipline.
« On ne connaît pas très bien les conséquences à long terme sur l’athlète après l’arrêt de sa carrière, même s’il y a eu pas mal d’études. Certains personnes pensent que les sportifs de haut niveau sont bien équilibrés quand ils ont réussi. Mais il ne faut pas oublier que les contraintes du sport de haut niveau apporte beaucoup de stress, encore plus chez les jeunes », explique le professeur Yves Le Bouc. Toutes les structures n’ont pas la possibilité de faire appel à des psychologues du sport. La baisse du budget du ministère des Sports ne devrait pas arranger les choses.
En ce qui concerne d’autres méfaits liés à la pratique intensive, le rapport insiste sur les problèmes de nutrition qui peuvent engendrer des pathologies telles que l’anorexie. Le texte préconise une surveillance avec des « conseils nutritionnels réguliers, précis et personnalisés pour permettre l’adaptation des apports caloriques et protidiques à la dépense énergétique ». Le sujet de la nutrition après la carrière est tout aussi important. « C’est primordial, insiste le professeur Yves Le Bouc. Il faut tout faire pour que l’arrêt du sport n’engendre ni obésité ni anorexie mentale ».
Le rapport préconise de former davantage les médecins et les entraîneurs des centres de formation à la pratique intensive du sport au moment de l’adolescence.
Rfi