Une réunion de deux jours s’ouvre à Moscou ce mardi 5 février 2019. Elle doit réunir des membres de l’opposition afghane et des représentants des talibans. Objectif : établir un contact en vue d’une éventuelle paix dans le pays. La table ronde est organisée en parallèle des discussions directes que les Etats-Unis mènent, au Qatar notamment, avec les talibans pour un retrait des troupes étrangères en contrepartie de garanties sécuritaires. Mais au Qatar comme en Russie, le gouvernement afghan est absent. Il n’a tout simplement pas été convié.
Avec notre correspondante à Kaboul, Sonia Ghezali
Hamid Karzai, l’ancien président ; Hanif Atmar, l’ancien chef de la sécurité nationale, en lice pour la présidentielle de juillet prochain ; mais aussi des membres de partis politiques. Une dizaine de personnes composent la délégation afghane censée rencontrer à Moscou celle des talibans.
De telles réunions ne peuvent que rendre encore plus obtus les talibans, a réagi le chef de l’exécutif Abdullah Abdullah. Ils exploitent les désaccords, a-t-il ajouté. Pour certains, cette réunion est en effet un mauvais présage pour le gouvernement afghan, qui est écarté de toutes les discussions avec les talibans. Ces derniers refusent toujours de rencontrer ses représentants.
Climat de méfiance
La réunion de Moscou montre que la classe politique est désunie derrière un Etat bien fragilisé. Selon un observateur, elle est même en opposition aux discussions avec les talibans menées par l’émissaire américain pour la paix en Afghanistan. Si Zalmay Khalilzad en rapporte le contenu au président afghan, il n’est pas prévu que la délégation afghane à Moscou agisse de même. Sans compter qu’elle est constituée d’opposants au président Ashraf Ghani.
Un climat de méfiance règne plus que jamais à Kaboul, exacerbé par les récents propos tenus dans une vidéo par le chef de la délégation des talibans chargé des négociations avec les Américains. Sitôt les troupes américaines parties, l’armée afghane se dissoudra d’elle-même, a-t-il affirmé, réitérant ne pas reconnaître la légitimité du gouvernement afghan.
Rfi