Le Mexique épinglé pour violations des droits de l’homme par l’ONU

En 2014, 43 étudiants ont disparu à Ayotzinapa, au Mexique. Jeudi 15 mars, le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a accusé les autorités mexicaines d’être responsables d’actes de torture. Des actes commis par la police, selon le rapport intitulé «Double injustice», présenté à Genève.

Selon la version officielle, en septembre 2014, des étudiants de l’école normale rurale d’Ayotzinapa, dans le sud du pays, qui s’étaient emparés de cinq autobus pour aller manifester à Mexico, avaient été attaqués par des officiers de la police municipale d’Iguala, sur ordre du maire. Toujours selon la version officielle, la police aurait livré les étudiants au cartel de drogue des Guerreros Unidos, qui les aurait tués puis incinérés dans une décharge avant de jeter leurs cendres dans une rivière. Un membre du cartel, el Rana, a d’ailleurs récemment été arrêté.

Une version des faits contestée par de nombreuses organisations de défense des droits de l’homme et remis en cause par la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) qui a publié en 2015 sa propre enquête sur la disparition des étudiants.

La police et la justice épinglées

L’enquête et les interrogatoires des témoins ont été émaillés de violations des droits de l’homme, pointe le rapport des Nations unies. « Un exemple que l’une des personnes détenues nous a raconté : pendant son transfert, la porte s’est ouverte et l’un des policiers lui a donné un violent coup dans l’estomac et a commencé à lui tenir des propos obscènes, explique à RFI Liz Throssel, porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. De ce genre de comportement physique, de coups portés, de pressions exercées nous avons beaucoup de témoignages. Ce que nous amène à conclure qu’il y avait un système qui laissait faire, qui tolérait et même couvrait ces actes de tortures dans les premières phases de l’enquête sur les 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa».

Les autorités judiciaires mexicaines sont particulièrement visées par le rapport des Nations unies. « Pour nous, il est très important de souligner que les preuves obtenues sous la torture ne sont jamais fiables. C’est pour cela que le rapport recommande les preuves rapporté dans le cadre de l’enquête ne soient pas retenues ou déclaré nul et sans effet », poursuit Liz Throssel.

Dans ses recommandations, le Haut-Commissariat demande au pouvoir judiciaire de rejeter les preuves obtenues de la sorte. Il réclame également d’enquêter sur ces violations des droits de l’homme et d’identifier les responsables – et leurs supérieurs hiérarchiques – pour les traduire en justice.

rfi