La justice spéciale pour la paix a officiellement commencé ses travaux, jeudi 15 mars 2018 en Colombie. Cette juridiction d’exception a été créée par l’accord de paix négocié avec la guérilla des FARC, qui a déposé les armes en 2017. Ses magistrats devront juger des violations aux droits de l’homme et des crimes les plus graves commis pendant un demi-siècle de conflit armé.
Avec notre correspondante à Bogota, Marie-Eve Detoeuf
Un beau bâtiment de 12 étages à Bogota, et des milliers de dossiers. C’est le patrimoine de cette Juridiction spéciale pour la paix qui a ouvert ses portes jeudi en Colombie. Un jour historique selon Patricia Linares, présidente de la « JEP ».
« A partir d’aujourd’hui, explique-t-elle, cette juridiction spéciale pour la paix commence à travailler pour de bon. Elle va administrer avec rigueur notre modèle de justice restaurative, pour qu’il n’y ait pas impunité, et aussi pour que la réconciliation soit possible. »
A différence de la justice pénale, qui punit, la justice restaurative met l’accent sur le dialogue entre bourreaux et victimes pour rétablir le lien social. Plus de 7 000 Colombiens ont d’ores et déjà fait acte de candidature pour être jugés par la JEP. Il s’agit d’ex-guérilleros, de militaires coupables de crimes atroces ou de civils accusés d’avoir financé les acteurs de la guerre.
Tous pourront obtenir de très importantes réductions de peine s’ils acceptent de dire la vérité et de réparer leurs victimes.
« Notre tâche, en tant que magistrats de la juridiction spéciale pour la paix, nous devons l’accomplir avec tous les citoyens et toutes les institutions du pays pour tourner la page de la violence et laisser un meilleur pays aux générations futures », explique Giovanni Alvarez, nommé en octobre dernier directeur de l’unité d’enquête et d’accusation de la JEP.
Un objectif ambitieux.
rfi