kocc Barma Fall disait…

Birima Maxuréja Demba Xolé Fall, plus connu par le nom Kocc Barma Fall, fut certainement le plus grand penseur et philosophe sénégalais et l’un des plus grands en Afrique. Ses maximes et sentences font partie de l’univers de la culture wolof.

Fils du village de Ndiongué Fall, dans l’arrondissement de Ndande (Louga), Kocc Barma Fall est né vers 1584 et mort en 1654. Passé maître dans l’art de la parole dans la langue wolof, il a fasciné aussi bien ses contemporains que la postérité. Penseur, moraliste et poète, Kocc est un sage qui a vécu au temps du Damel Daaw Demba Fall dans le royaume du Cayor.

L’homme qui maîtrisait ainsi parfaitement sa culture et sa langue, maniait avec aisance les concepts et les formules les mieux élaborés. Il incarne l’encyclopédie « orale » de milliers de proverbes, maximes et passes pour ce philosophe du bon sens populaire, porte-parole des sans-voix et régulateur de sa société. Il organisait aussi des agoras avec d’éminents autres sages du royaume et le fruit de ces échanges et les idées qui en émanaient servaient au roi pour une meilleure gouvernance de la cité.

On lui attribue plus de cinq milles adages ou maximes, comme : « Il ne manque pas d’hommes qui désirent le bien-être, mais ceux qui le procuraient ne sont plus….  » ou encore « so bëgg e ray as goor deeko jox bess bu nekk lumu dundee bu yagg e nga def ko mala ». (si tu veux enlever à une personne sa dignité, son humanité, donne-lui chaque jour de quoi se nourrir. À la longue tu feras de lui un animal). Kocc avait ainsi compris que la dépendance était une poison.

QUATRE CÉLÈBRES TOUFFES DE CHEVEUX

À cette époque où le crâne rasé était la norme, les quatre touffes de cheveux de Kooc Barma symbolisaient autant de vérités morales seulement connues de lui et de son épouse. Cette dernière, qui avait déjà un enfant d’un premier lit, pressée par le Damel, finit par les lui révéler :

  • « Un roi n’est pas un parent ni un protecteur » ;
  • « Un enfant du premier lit n’est pas un fils mais une guerre intestine » ;
  • « Il faut aimer sa femme, mais ne pas lui donner toute confiance » ;
  • « Un vieillard est nécessaire dans un pays ».

Furieux de la première maxime, le roi condamna le philosophe à mort, mais un vieillard réussit à convaincre le roi de l’épargner. Ceci démontra bien la réalité des vérités de Kocc Barma.

LE MAUSOLÉE DE KOCC BARMA FALL

Construit par le ministère de la Culture et inauguré le 30 juin 2007, le mausolée de Kocc Barma Fall a été érigé en l’honneur de ce dépositaire de la langue wolof. Sur ce bâtiment peint en jaune, figure deux croquis représentant le sage et des quatre touffes de cheveux légendaires. Cette coiffure est également représentée sous la forme de quatre petits minarets.

On y conserve également le reste de son tam tam « ndeund », seul vestige matériel de son époque, qui lui servait de moyen de communication et d’information. Avec cet instrument, chaque nouvelle avait une tonalité particulière que les populations pouvaient décoder.

Tradition toujours respectée de nos jour dans le village de Diongué Fall où il est cité chaque fois qu’on énonce un de ses milliers d’adages et maximes, par un « Kocc barma néna », (Kocc Barma disait).

C’est aussi dans cette dynamique de respect et de conservation de ce patrimoine culturel immatériel que le programme de promotion de la diversité culturelle du ministère de la culture du Sénégal vient de le retenir parmi les produits et expressions culturelles de la région de Louga. Histoire de continuer à dire que Kocc Barma Fall disait…

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