Des milliers de migrants et de réfugiés tentent toujours de rejoindre l’Europe occidentale en traversant les Balkans, malgré la fermeture des frontières, mais la situation humanitaire est de plus en plus désespérée, notamment en Bosnie-Herzégovine.
Depuis la Turquie et la Grèce, il y a deux voies principales de passage. L’une passe par la Macédoine du Nord et la Serbie, l’autre par l’Albanie et le Monténégro. Ensuite, les migrants et les réfugiés rejoignent la Bosnie-Herzégovine, pour tenter après de passer en Croatie. Ce pays est membre de l’Union européenne, pas de l’espace Schengen, mais interdit tout passage. Les candidats à l’exil se concentrent donc dans le nord-ouest de la Bosnie, où la situation humanitaire est effectivement catastrophique.
Depuis Bihac et la petite bourgade de Velika Kladusa, ils tentent de franchir la frontière croate, mais sont presque toujours refoulés. Les organisations humanitaires dénoncent de nombreux actes de violence de la part de la police croate. Des réfugiés sont battus, leurs téléphones portables sont brisés et beaucoup sont refoulés illégalement en Bosnie, sans que leur soit laissée la possibilité de demander l’asile en Croatie, pourtant prévue par les conventions internationales.
En Bosnie, une situation critique
Près de 10 000 réfugiés s’entassent dans la région de Bihac. Samedi dernier, la police bosniaque a transféré de force près d’un millier d’entre eux dans le camp de Vucjak, établi dans une ancienne décharge, sans eau, sans électricité, sans internet, sur un terrain infesté de serpents. Depuis, les réfugiés appellent à l’aide l’opinion internationale, mais les organisations qui leur venaient en aide, notamment les volontaires du réseau Aid Brigads ont été empêchés de travailler. Les divisions politiques de la Bosnie-Herzégovine continuent de compliquer la situation des réfugiés : les deux entités du pays, la Republika Srpska et la Fédération de Bosnie, mais aussi les différents cantons de la Fédération se renvoient la responsabilité du dossier.
La Bosnie-Herzégovine envisage depuis plusieurs semaines de fermer ses frontières ou d’y déployer l’armée, mais aucune décision n’a été prise, laissant aux autorités locales la responsabilité de gérer la situation.
Qui sont aujourd’hui ces réfugiés ?
On trouve toujours parmi eux des Syriens, des Afghans et des Pakistanais ou des Yéménites, mais aussi de plus en plus de ressortissants des pays du Maghreb, qui peuvent se rendre sans visa en Turquie, et s’engagent ensuite sur cette route des Balkans. Entre les différentes nationalités, les relations sont souvent tendues, notamment entre les Maghrébins, les Afghans et les Pakistanais.
L’Organisation internationale des migrations (OIM), gère des camps qui abritent plusieurs milliers de personnes dans la région de Bihac, et elle essaie de concentrer son aide sur les familles, mais des milliers de migrants tentent également de survivre dans les squats de Sarajevo ou d’autres grandes villes du pays, comme Tuzla. Depuis le début du printemps, on observe une augmentation des flux, alors qu’il est plus difficile que jamais de traverser la Méditerranée depuis la Libye. En raison de la fermeture des frontières croates, de plus en plus de migrants rebroussent chemin et repartent vers la Grèce, occasionnant des mouvements d’allers-retours à travers tous les pays des Balkans. Bien sûr, les frontières fermées peuvent facilement s’ouvrir pour ceux qui ont de l’argent et peuvent payer les passeurs qui savent comment corrompre les policiers et négocier le passage des frontières.
Ce sont les plus pauvres qui s’entassent dans les camps ou les squats de Bosnie-Herzégovine, du Monténégro ou d’Albanie. Les rares organisations humanitaires encore actives dans la région, comme Médecins sans frontières (MSF), craignent que la situation devienne ingérable si les flux devaient encore s’intensifier, et pointent la menace d’une véritable catastrophe humanitaire, notamment en Bosnie-Herzégovine.
Rfi