Carrie Lam, la cheffe de l’exécutif hongkongais, qui focalise la colère du mouvement pro-démocratie, a affirmé mardi 3 septembre n’avoir aucune intention de démissionner, après la fuite d’un enregistrement audio dans lequel elle dit pourtant vouloir quitter son poste.
Avec notre envoyé spécial à Hong Kong, Stéphane Lagarde
L’enregistrement que s’est procuré l’agence Reuters ne fait que confirmer tout bas – puisqu’il ne devait pas sortir d’un huis clos – ce que les sinologues disent tout haut depuis plusieurs semaines. Le fait que le régime chinois ait considéré depuis ses début en juin dernier, le mouvement contre la loi d’extradition comme un risque pour la sécurité nationale a bloqué toute possibilité de négociations avec les opposants.
Des excuses
La cheffe de l’exécutif s’excuse pour l’impasse politique dans laquelle se trouve la région administrative spéciale. « Avoir provoqué cet immense ravage à Hongkong, pour un chef de l’exécutif c’est impardonnable… C’est juste impardonnable. Si j’avais le choix, la première chose que je ferai c’est de démissionner. »
Lors de cette réunion privée, la responsable du gouvernement hongkongais a encore confié ne plus pouvoir sortir de chez elle pour se rendre au centre commercial ou au salon de coiffure. « Mes déplacements se propageraient immédiatement sur les réseaux sociaux, dit-elle. Et une foule de tee shirt et de masques noirs seraient là à m’attendre. » Une vie personnelle contrariée, une image politique dégradée, mais aujourd’hui Carrie Lam affirme que ses propos ont sans doute été déformés.
Elle n’a jamais proposé de démissionner. « Depuis le début jusqu’à maintenant, je n’ai jamais, jamais donné ma démission au gouvernement central populaire. Je n’ai même pas envisagé de discuter d’une démission avec le gouvernement central populaire. Le choix de ne pas démissionner est mon propre choix. »
Un sabotage ?
Cette version est évidemment beaucoup plus conforme au modèle « un pays, deux systèmes » qui accorde une autonomie de décision au gouvernement hongkongais. Elle convient davantage également à la version officielle. L’éditorialiste du journal d’État chinois Global Times a pris le soin de désamorcer dès lundi la bombe de Reuters, en condamnant « des histoires qui viennent saboter les relations entre le gouvernement de la région administrative spéciale et Pékin ».
De son côté, le gouvernement chinois ne semble pas vouloir laisser tomber Carrie Lam : « Nous soutenons fermement la cheffe de l’exécutif de Hong Kong à la tête du gouvernement de la région administrative spéciale », a assuré devant la presse le porte-parole du Bureau des affaires de Hong Kong et Macao du gouvernement chinois, Yang Guang.
Rfi