Faillite de Thomas Cook: le casse-tête du rapatriement des touristes

La plus vieille agence de voyage de la planète a annoncé lundi 23 septembre sa mise en liquidation judiciaire, forçant les autorités à rapatrier près de 600 000 voyageurs à travers le monde. Le groupe emploie par ailleurs 22 000 salariés.

Après 178 ans de voyages organisés à travers le monde, Thomas Cook c’est fini. La dette était évaluée à 1,7 milliard de livres sterling (1,9 milliard d’euros), un gouffre trop profond pour espérer un aboutissement plus heureux des négociations que le tour-opérateur britannique, fondé en 1841, avait entamées.

22 000 employés sur le carreau

Son destin s’est joué en quelques jours : des créanciers lui ont demandé la semaine dernière de trouver 200 millions de livres (227 millions d’euros) de financements supplémentaires pour qu’un plan de sauvetage déjà accepté de 900 millions de livres et mené par le chinois Fosun, premier actionnaire, soit validé. Des discussions marathon ont eu lieu tout le week-end, mais en vain. Le spécialiste du voyage a été touché de plein fouet par la concurrence des sites en ligne et les incertitudes géopolitiques comme le Brexit.

« Je voudrais m’excuser auprès de nos millions de clients, et milliers d’employés, de fournisseurs et de partenaires qui nous soutiennent depuis de nombreuses années. », dit le PDG Peter Fankhauser dans un communiqué publié lundi matin à l’aube. « Nous regrettons profondément, ainsi que les autres membres du conseil d’administration, de ne pas avoir réussi. » De son côté, le groupe Fosun s’est dit « déçu que Thomas Cook Group n’ait pas été en mesure de trouver une solution viable pour sa proposition de recapitalisation », a indiqué le groupe chinois dans un communiqué transmis à l’AFP.

L’agence Thomas Cook gère des hôtels et des complexes touristiques, des liaisons aériennes et des croisières. Avec 22 000 employés dont 9 000 outre-Manche, elle opère dans 16 pays et fait affaire avec 19 millions de clients par an.

600 000 clients en voyage, dont 150 000 Britanniques

Le chantier immédiat est titanesque : s’occuper des quelque 600 000 clients du voyagiste à travers le monde. À commencer par les 150 000 clients britanniques.

Un plan d’urgence baptisé « Opération Matterhorn », du nom d’une campagne de bombardement lors de la Seconde Guerre mondiale, vient d’être activé avec des avions mis à disposition par l’Autorité britannique de l’aviation civile (CAA). « En raison de l’ampleur de la situation, certaines perturbations sont inévitables (…) Thomas Cook a cessé ses activités et tous les vols Thomas Cook sont maintenant annulés », a prévenu la CAA. Coût estimé, selon le gouvernement britannique : quelque 113 millions d’euros.

Des passagers en attente au «check-in» de Thomas Cook à Majorque (Espagne), le 23 septembre.REUTERS/Enrique Calvo

Numéros d’urgence

Pour les autres, la filiale allemande a indiqué que 140 000 de ses clients se trouvaient actuellement en vacances. La filiale française, qui compterait près de 10 000 touristes éparpillés dans le monde en ce moment, s’est voulu rassurante. Elle a expliqué que la situation du groupe n’entraînait pas l’« insolvabilité immédiate » de Thomas Cook France.

D’après la loi en vigueur dans tous les pays de l’Union européenne, les voyagistes ont l’obligation d’assurer le retour des clients en cas de faillite, mais aussi le remboursement des acomptes versés par ceux qui ne sont pas encore partis. En France, une caisse de garantie de l’Association professionnelle de solidarité du tourisme, abondée par les cotisations de ses membres, dont fait partie Thomas Cook, finance ces obligations.

Le ministère du Tourisme en Turquie, où plus de 21 000 clients du voyagiste se trouvent actuellement, a annoncé de son côté qu’il mettrait en place un programme de crédits « au plus vite » pour venir en aide aux entreprises locales affectées par la faillite brutale du voyagiste.

« Les clients qui sont à l’étranger doivent consulter le site www.thomascook.caa.co.uk et ne se rendre à l’aéroport que lorsqu’ils ont un vol alternatif confirmé », conseille la CAA, qui précise les numéros des lignes téléphoniques spéciales ouvertes pour aider les voyageurs : 0300 303 2800 en Grande-Bretagne et Irlande, +44 1753 330 330 depuis l’étranger. Pour les voyageurs français, le numéro à contacter est le 01 45 05 40 81.

Rfi